Le dépistage organisé du cancer du sein, largement généralisé dans de nombreux pays développés, ne serait pas forcément bénéfique pour les femmes, assure une étude canadienne. Il y aurait même près de 20 % de cas surdiagnostiqués, et donc surtraités, selon eux.
La mammographie peut certes sauver des vies en dépistant à temps certains cancers du sein, mais elle peut aussi faire du tort aux patientes. Cette polémique sur le surdiagnostic est relancée par une équipe de chercheurs canadiens du Canadian National Breast Cancer Screening Study, qui publie leur étude dans le British Medical Journal. Selon eux, la pratique de mammographies annuelles ne permet pas de réduire la mortalité par cancer du sein. Le dépistage organisé, qui, en France, invite depuis 2004 toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans à subir une mammographie tous les deux ans, est donc à nouveau pointé du doigt.
Réalisée sur près de 90 000 femmes âgées de 40 à 59 ans, suivies pendant 25 ans, l'étude a montré que les femmes qui avaient subi des mammographies annuelles pendant cinq ans n'avaient pas moins de risque de mourir d'un cancer du sein que celles ayant seulement bénéficié d'un examen physique. Au bout de 25 ans, 500 décès par cancer du sein étaient survenus chez les 44 925 femmes suivies par mammographies contre 505 décès chez les 44 910 femmes du groupe témoin.
"Les politiques de dépistages à revoir"
D'après les résultats de cette vaste étude, "22 % des cancers diagnostiqués dans le premier groupe ont été surdiagnostiqués". Le surdiagnostic fait référence à la détection de très petites tumeurs qui n'auraient pas eu d'impact du vivant de la personne concernée. Dans ces cas, un traitement n'est donc pas recommandé. Cette étude fait écho à une autre étude britannique publiée en 2012, qui avait également estimé que le dépistage organisé mènerait à des surdiagnostics dans 20 % des cas.
Pour le Dr Jérôme Viguier, directeur du Pôle santé publique et soins de l'Institut national du cancer (INCa-France), cette polémique n'a pourtant pas lieu d'être : ce dernier avait estimé en septembre dernier que les programmes de dépistage organisé avaient permis de réduire la mortalité par cancer du sein de 15 à 21 % et d'éviter 150 à 300 décès pour 100 000 femmes participant de manière régulière au dépistage pendant 10 ans.
Sans pour autant mettre fin au dépistage organisé, qui sans aucun doute à contribuer à sauver des vies, les auteurs de l'étude canadienne appelle néanmoins de leurs vœux à revoir la politique de santé en la matière : "Nos résultats rejoignent les vues de certains commentateurs qui estiment que les politiques de dépistage par mammographies devraient être revues" dans les pays développés, écrivent-ils. En juillet dernier, une autre étude de l'Inserm alertait sur le surdiagnostic pour le cancer de la prostate, qui concernerait, pour une certaine forme de cancer, entre 10 et 22 % des patients surtraités.
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Source(s) : Metro News, le 14.02.2014 / Relayé par Meta TV
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