Venezuela : Juan Guaido compare sa lutte à la libération d’Auschwitz

Le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Juan Guaido, s’adresse à la foule lors d’un rassemblement d’opposition de masse contre le leader Nicolas Maduro, au cours duquel il s’est déclaré “président par intérim” du pays, à l’occasion de l’anniversaire du soulèvement de 1958 qui a renversée une dictature militaire, à Caracas le 23 janvier 2019. (Federico Parra/AFP)

Le nouveau président auto-proclamé a exprimé sa gratitude au Premier ministre pour l’avoir soutenu “tout comme notre pays lutte aussi pour sa liberté”

Le leader de l’opposition vénézuélienne Juan Guaido a remercié le Premier ministre Benjamin Netanyahu dimanche soir d’avoir reconnu son gouvernement plus tôt dans la journée, tout en semblant comparer sa lutte politique avec la fin de la Shoah.

« Il y a soixante-quatorze ans, le camp de concentration d’Auschwitz a été libéré, et aujourd’hui, tout comme notre pays se bat pour sa liberté, nous remercions le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour sa reconnaissance et son soutien », a déclaré Guaido sur Twitter.

Quelques heures plus tôt, Netanyahu avait publié un communiqué dans lequel il déclarait qu’Israël reconnaissait Guaido comme président intérimaire du pays d’Amérique latine.

« Israël a rejoint les États-Unis, le Canada, la plupart des pays d’Amérique latine et les pays d’Europe dans la reconnaissance du nouveau leadership au Venezuela », lit-on dans son communiqué.

Dimanche était la Journée internationale de commémoration de la Shoah, qui commémore chaque année la libération d’Auschwitz, le 27 janvier 1945, par l’armée soviétique.

La semaine dernière, l’administration du président américain Donald Trump aurait demandé à Israël de soutenir publiquement la tentative de Washington de forcer la démission du président vénézuélien Nicolas Maduro et de soutenir Guaido, qui s’est déclaré président intérimaire du pays sud-américain.

Jérusalem aurait tardé à faire une annonce en raison des craintes que le régime de Maduro puisse réagir par des mesures qui pourraient mettre en danger les membres de la communauté juive vénézuélienne.

Au cours du week-end, des responsables israéliens ont déclaré à la Treizième chaîne d’information que des responsables du Département d’État avaient fait cette demande jeudi à l’ambassade à Washington DC et que d’autres alliés américains qui ne s’étaient pas encore prononcés pour l’un des deux camps ont également été invités à soutenir Guaido.

L’annonce faite dimanche par Netanyahu a été immédiatement saluée par l’ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman, qui a félicité l’État juif pour « son soutien au peuple du Venezuela et aux forces démocratiques et de liberté ».

L’envoyé spécial de Trump pour les négociations internationales, Jason Greenblatt, a applaudi Jérusalem pour sa « courageuse position de solidarité avec le peuple vénézuélien ».

Alors que le Venezuela comptait autrefois l’une des plus grandes communautés juives de la région, avec quelque 25 000 membres en 1999, on estime qu’il ne reste plus que 6 000 Juifs environ dans le pays, dont beaucoup ont fui vers Israël, le Canada, les États-Unis et ailleurs.

Maduro et son prédécesseur Hugo Chavez, qui a rompu ses liens avec Israël en 2009, ont tous deux été des critiques virulents d’Israël, et certains dirigeants de la communauté juive ont exprimé leur crainte que le gouvernement n’alimente l’antisémitisme.

Les Etats-Unis ont fait pression sur la communauté internationale pour qu’elle soutienne l’éviction de Maduro.

Jewish kids outside a Caracas school in 2005 (Photo credit: Serge Attal/Flash90)

Des enfants juifs devant une école de Caracas en 2005 (Crédit photo : Serge Attal/Flash90)

Samedi, à l’ONU, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a exhorté toutes les nations à mettre fin au « cauchemar » du Venezuela et à soutenir Guaido.

« Il est temps que tous les autres pays choisissent leur camp », a déclaré M. Pompeo au Conseil de sécurité. « Plus de tergiversations, plus de tractations. Soit vous êtes aux côtés des forces de la liberté, soit vous êtes de mèche avec Maduro et son chaos. »

La France et la Grande-Bretagne se sont jointes samedi à l’Espagne et à l’Allemagne pour accroître la pression sur Maduro, affirmant qu’elles suivraient les États-Unis et d’autres pays dans la reconnaissance de Guaido, en attendant les nouvelles élections présidentielles organisées dans huit jours par le Venezuela.

Jeudi, Ahmad Majdalani, haut responsable de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), s’en est pris à l’administration Trump pour son soutien à Guaido, affirmant qu’il s’agissait « d’une extension de la politique de l’administration Trump qui nie la volonté des peuples ».

Des étudiants palestiniens assistent à une cérémonie d’accueil à l’aéroport Simon Bolivar à Maiquetia, au Venezuela. Les étudiants palestiniens ont été accueillis comme des célébrités à leur arrivée à Caracas. Le Président Nicolas Maduro a mis en avant leur importance symbolique lors d’un discours diffusé dans tout le pays, le 6 novembre 2014. (AP Photo/Ariana Cubillos, File)

Les Etats-Unis ont déclaré la semaine dernière qu’ils utiliseraient tout le poids du pouvoir économique et diplomatique américain pour faire pression en faveur de la restauration de la démocratie au Venezuela et ont soutenu Guaido lorsqu’il s’est déclaré président par intérim mercredi dernier dans un discours provocateur devant des masses de manifestants anti-gouvernement qui sont descendus dans la rue pour exiger la démission de Maduro.

La réunion du conseil a eu lieu un jour après que Guaido s’est engagé à ne pas quitter la rue jusqu’à ce que son pays ait un gouvernement de transition, tandis que Maduro s’est retranché et a accusé ses opposants d’avoir orchestré un coup d’Etat.

« Ils peuvent couper une fleur, mais ils n’empêcheront jamais le printemps d’arriver », a déclaré Guaido vendredi à ses supporters, faisant allusion à une phrase du poète chilien Pablo Neruda.

Lors d’une conférence de presse, Guaido a exhorté ses partisans à organiser une autre manifestation de masse la semaine prochaine, tandis que Maduro lançait son appel pour le dialogue.

Chaque homme semblait prêt à défendre sa prétention à la présidence à n’importe quel prix, Guaido disant à ses partisans que s’il est arrêté, ils devraient « garder le cap » et protester pacifiquement.

Des manifestants de l’opposition affrontent les forces de sécurité lors de manifestations contre le gouvernement du président Nicolas Maduro, le jour de l’anniversaire du soulèvement de 1958 qui avait renversé la dictature militaire, à Caracas, Venezuela, le 23 janvier, 2019. (Crédit : Yuri Cortez/AFP)

Mais l’impasse pourrait ouvrir la voie à d’autres violences et a plongé le Venezuela dans un nouveau chapitre de troubles politiques qui, selon les ONG qui militent pour les droits de l’homme, a déjà fait plus de deux dizaines de morts, alors que des milliers de personnes descendent dans la rue pour exiger la démission de Maduro.

Guaido a prêté un serment symbolique mercredi en se proclamant leader constitutionnel de la nation au motif que la réélection de Maduro l’année dernière était frauduleuse – une allégation soutenue par les États-Unis, l’Union européenne et de nombreux autres pays.

La décision de Guaido est le défi le plus direct à la domination de Maduro malgré des années de protestations dans le pays et les efforts internationaux pour isoler le régime dans un contexte de crise humanitaire croissante alimentée par la chute des prix du pétrole et la mauvaise gestion du gouvernement.

Source : Time of Israel

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