Ukraine : Obama hausse le ton contre la Russie

Le président des États-Unis a appelé à retirer ses troupes de la frontière. Pendant ce temps, à Kiev, la course à la présidence s'organise.
 

Le président russe a appelé vendredi son homologue pour parler de la proposition américaine de sortie de crise en , a annoncé la Maison Blanche. Cette proposition déjà formulée par les États-Unis va faire l'objet de discussions directes entre les chefs de la diplomatie des deux pays, John Kerry et Sergueï Lavrov, a précisé la présidence américaine depuis Ryad où est en visite.

Le dirigeant américain a «suggéré que la mette par écrit une réponse» à cette proposition, selon la même source. Cet appel à l'initiative de Vladimir Poutine était a priori le premier depuis que Washington a imposé de nouvelles sanctions contre de hauts responsables russes ou proches de Vladimir Poutine, ainsi qu'une banque.

La tension est remontée d'un cran ce vendredi entre les États-Unis et la au sujet de l'«Pour parvenir à une désescalade et résoudre cette situation, la Russie doit retirer ses troupes et commencer à négocier directement avec le gouvernement ukrainien et la communauté internationale», a déclaré le président américain dans un entretien à la chaîne CBS. Barack Obama a tenu des propos très durs sur son homologue russe Vladimir Poutine, l'accusant de «rancune au sujet de ce qu'il considère comme la perte de l'Union soviétique».


 

Que se passe-t-il exactement à la frontière russo-ukrainienne ? Selon le nouveau gouvernement de Kiev, 100 000 soldats russes stationnent près de sa frontière orientale, «prêts à frapper». Selon le , ce sont plus de 20 000 militaires russes avec le type d'équipements et d'unités nécessaires pour une opération militaire qui se trouvent actuellement le long de la frontière russo-ukrainienne.

Dmitry Tymchouk, qui dirige à Kiev le Centre de recherche et militaire,évoque 700 tanks russes, 240 avions de guerre et hélicoptères, 150 systèmes d'artillerie de différents calibres.

Moscou dément. La diplomatie russe a accusé les dirigeants occidentaux d'être soit mal informés soit de mauvaise foi, soulignant que plusieurs inspections internationales menées en mars près de la frontière n'avaient décelé aucun «préparatif agressif». Et Vladimir Poutine a déclaré que la participation des forces russes dans la prise de contrôle de la péninsule de mer Noire avait «démontré les nouvelles capacités» de l'armée russe – confirmant au passage la présence de soldats russes en Crimée, qu'il niait depuis le départ.

Les Occidentaux soupçonnent la Russie de vouloir, sinon directement envahir, déstabiliser la partie est de l'Ukraine pour que celle-ci tombe à terme dans l'escarcelle russe. Viktor Ianoukovitch, le président destitué le 22 février, a alimenté les craintes de séparatisme en appelant, depuis la Russie où il est en fuite, à un référendum dans chaque région de l'ex-république soviétique.

IOULIA TIMOCHENKO SUR LES RANGS

Pendant ce temps, dans la capitale ukrainienne, la succession s'organise et la course s'accélère en vue du scrutin du 25 mai. Les candidats ont jusqu'à dimanche pour se faire connaître et dès samedi, les grandes formations politiques doivent introniser leur représentant.

Avec la candidature de Ioulia Timochenko, qui à 53 ans se montre plus déterminée que jamais, la campagne s'annonce dure entre les chefs de file du mouvement pro-européen, en tête dans les enquêtes d'opinion. Après avoir officialisé sa candidature hier jeudi, l'ancienne Première ministre a présenté ce vendredi un projet de loi intensifiant la lutte contre la , endémique en Ukraine, et a de nouveau eu des mots très durs contre Moscou. «Tant que la Crimée sera occupée par le Kremlin, Vladimir Poutine restera pour moi l'ennemi numéro un de l'Ukraine. Je consacrerai toutes mes forces à la défense de l'Ukraine et n'accepterai jamais l'idée que la Crimée est perdue pour l'Ukraine», a-t-elle martelé.

Ukrainian politician and former Prime Minister Yulia Tymoshenko attends a news conference in Kiev, March 27, 2014. Tymoshenko, released from jail last month after her arch-foe Viktor Yanukovich fled from power, said on Thursday she would run again for president in an election on May 25. REUTERS/Valentyn Ogirenko (UKRAINE - Tags: POLITICS ELECTIONS) - RTR3IU80

Ioulia Timochenko jeudi à Kiev. (Photo Valentyn Ogirenko. Reuters)

L'ex-champion de boxe Vitali Klitschko est sur les rangs mais il pourrait céder sa place à l'ex-ministre et homme d'affaires Petro Porochenko, dont l'empire financier va du chocolat aux médias et qui est le favori actuel des sondages. On compte aussi le nationaliste Oleg Tiagnibok et le leader du mouvement paramilitaire ultra-nationaliste Pravy Sektor, Dmytro Iaroch.

Plusieurs représentants du Parti des régions de Viktor Ianoukovitch sont déjà sortis du bois, notamment l'ex-vice Premier ministre en charge des questions gazières, Iouri Boïko, l'homme d'affaires Serguiï Tiguipko et l'ancien gouverneur de la ville russophone Kharkiv, Mikhaïlo Dobkine. Le parti doit se réunir en congrès ce week-end. 

MESURES D'AUSTÉRITÉ 

Sur le front économique, le gouvernement ukrainien pro-européen peut se féliciter d'avoir reçu jeudi l'assurance d'une aide massive des Occidentaux: 27 milliards de dollars sur deux ans, dont une ligne de crédit de 14 à 18 milliards de dollars du Fonds monétaire internationale.

Selon le ministre des Finances, le premier versement, attendu fin avril, pourrait s'élever à trois milliards de dollars, évitant au pays la banqueroute redoutée. Pour cela, les autorités ukrainiennes doivent mettre en place, en pleine campagne électorale, des mesures d'austérité très strictes, notamment une hausse de 50% du prix du gaz pour les ménages et le gel des retraites et traitements des fonctionnaires.

Elles craignent aussi devoir gérer une nouvelle «guerre du gaz» avec Moscou, qui pourrait augmenter de manière spectaculaire le prix du gaz exporté à l'Ukraine dès le 1er avril, voire fermer les tuyaux si Kiev ne règle pas ses arriérés de paiement envers Gazprom. Ces derniers s'élèvent à 1,7 milliard de dollars, selon le ministre ukrainien de l'Énergie.

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Source(s) : Libération avec AFP, le 28.03.2014

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