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Royaume-Uni : une enquête indépendante lancée après un scandale de pédophilie

Plusieurs centaines d'enfants pourraient être concernés et ce depuis les années 1980, selon une enquête du Sunday Mirror, qui dénonce un échec des autorités.

C'est un de pédophilie qui horrifie l'opinion publique britannique. Une enquête indépendante a été lancée au Royaume-Uni après la révélation par le Sunday Mirror d'abus qui pourraient concerner des centaines d'enfants à Telford, une ville du centre du pays.  

Selon le tabloid, jusqu'à un millier d'enfants, dont les plus jeunes âgés de 11 ans, auraient été victimes d'agressions et de viols, parfois collectifs, depuis les années 1980, dans cette ville de 170 000 habitants du centre de l'Angleterre, et la police aurait échoué à démanteler le réseau de pédophiles.  

Un réseau qui aurait agi pendant près de 40 ans ?

Ce réseau serait bien plus vaste et aurait duré bien plus longtemps que celui démantelé en 2013 par l'Opération Chalice, qui avait abouti à l'arrestation et l'inculpation de sept hommes pour viols, trafic d'êtres humains et proxénétisme. A l'époque, les autorités estimaient que le “gang” avait fait une centaine de victimes dans cette ville anglaise entre 2007 et 2009. Loin, donc, des presque quatre décennies durant lesquelles un réseau aurait ciblé plusieurs centaines de fillettes, selon le Mirror

“Nous avons tous été choqués par cette affaire horrible”, s'est émue mercredi la Première ministre devant les députés, soulignant la nécessité de lancer une enquête le plus rapidement possible. Celle-ci est menée par un organe indépendant chargé d'examiner si les institutions ont suffisamment agi pour protéger les enfants.  

Cette enquête a pour but d'”obtenir la vérité, montrer ce qui n'a pas fonctionné et en tirer les leçons pour l'avenir, a déclaré un porte-parole du ministère de l'Intérieur, interrogé vendredi. C'est une affaire vraiment terrible, certains des membres les plus vulnérables de notre société étant la proie de criminels sans pitié”.  

“Des jeunes filles issues de la classe ouvrière blanche”

“Ces jeunes filles étaient très souvent issues de la classe ouvrière blanche, souffrant de fragilités multiples et c'est pour cela que leurs agresseurs les ciblaient”, a déclaré la députée conservatrice de Telford, Lucy Allan, qui avait plaidé pour une enquête urgente.  

Une adolescente de 14 ans a notamment déclaré au Mirror “avoir été forcée d'avoir des relations sexuelles avec plusieurs hommes dans des restaurants de vente à emporter ou des maisons dégoûtantes”, expliquant qu'elle se rendait dans une clinique locale pour prendre la pilule du lendemain “au moins deux fois par semaine”, mais que “personne n'a jamais posé de questions”. Ses agresseurs la menaçaient de représailles si elle parlait.  

Le Mirror pointe les échecs et négligences de la police

Après 18 mois d'investigations, le journal affirme que “la police aurait mis plus de dix ans à lancer une enquête”, alors que les travailleurs sociaux de la ville “étaient au courant depuis les années 90”. Le Mirror révèle que l'enquête menée à l'époque avait souffert de nombreux biais. Le quotidien, qui dit avoir consulté des documents inédits, assure que les autorités locales n'auraient pas tenu de dossiers sur certains agresseurs, issus de la communauté pakistanaise, “par crainte de racisme”.  

La police a également été accusée de “victim-blaming”, après la révélation par le Mirror d'un mémo interne dans lequel il est écrit que “dans la plupart des cas, les relations sexuelles sont consenties”, rappelle le Huffington post. Par ailleurs, une victime présumée qui voulait comprendre pourquoi celui qu'elle désigne comme son agresseur n'avait pas été poursuivi, en aurait été dissuadée par les policiers.  

Mais selon le Sunday Mirror, les autorités étaient averties des abus une dizaine d'années avant cette opération. Autre problème soulevé par ces révélations, le manque d'effectifs des équipes de l'organisme chargé de prendre en charge les enfants victimes, le CATE project (Children at Risk through Exploitation). Depuis 2016, l'organisme dit avoir reçu 2000 demandes d'assistance pour des cas d'exploitation.  

“Nous avons tous été choqués” selon

Un rapport de 2016, révélé par la BBC décrit par ailleurs une situation dans laquelle les équipes du CATE passent “un temps disproportionné” à emmener les enfants chez les médecins ou dans les cliniques. Le rapport évoque également un organisme “surmené et en sous-effectifs”. 

De son côté, la police locale a indiqué travailler actuellement avec 46 personnes, victimes ou personnes à risque. Et les chiffres pourraient continuer de grandir. Interrogée par la BBC, la député Lucy Allan explique avoir été “inondée d'emails disant ‘cela m'est arrivé aussi'” depuis sa prise de parole au Parlement. 

 

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Sources : L'Express / francetvinfo

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