De violents incidents ont éclaté lundi soir à Rio de Janeiro à l’issue d’une manifestation ayant réuni plus de 10 000 personnes pour soutenir les enseignants en grève et qui a dégénéré lorsqu’un noyau d’anarchistes masqués s’en est pris à des banques et à des édifices publics du centre-ville.
La situation sociale reste tendue au Brésil depuis la fronde qui a secoué en juin le pays contre la hausse des coûts des transports, les dépenses excessives engagées pour l’organisation de la Coupe du monde de football de 2014 et la corruption en politique.
Aux cris de «Ce gouvernement va tomber! Dehors Cabral et Paes!» (NDLR : respectivement Sergio Cabral, gouverneur de Rio et Eduardo Paes, le maire de la ville), des milliers de manifestants, professeurs et sympathisants, ont marché calmement lundi dans l’avenue Rio Branco jusqu’à la place Cinelandia où se trouve le Conseil municipal.
C’est là qu’à la tombée de la nuit les premiers incidents ont commencé à l’initiative d’environ 200 «Black blocs» (anarchistes masqués). Un autobus a été incendié, les vitres de plusieurs kiosques et agences bancaires ont été brisées et des sièges et du mobilier ont été empilés pour ériger des barricades.
Un groupe a brisé les portes de la mairie, d’autres ont lancé des bombes artisanales contre la façade et brûlé des poubelles dans la rue.
Devant le bâtiment du Conseil municipal, des manifestants ont allumé un feu de joie et ont inscrit en lettres rouges sur la façade du bâtiment : «de livres et de bombes» lacrymogènes, en allusion aux dispersions violentes d’autres manifestations par la police.
Les manifestants ont été dispersés par un commando anti-émeute de la police à l’aide de gaz lacrymogène.
«Quand il n’y a pas de policiers, il n’y a pas de violence, mais je suis venu préparé, on ne sait jamais», a déclaré à l’AFP un Black bloc de 23 ans, Hugo Cryois, visage couvert en noir et portant un bouclier avec la lettre A, d’anarchiste.
Onze personnes, dont un mineur, ont été arrêtées avant d’être rapidement remises en liberté faute de preuve pour retenir des charges contre eux, selon le site du journal O Globo. Avant d’y mettre le feu, les agresseurs du bus incendié avaient fait descendre le chauffeur seul à bord.
À Sao Paolo, une manifestation de soutien aux enseignants a, comme à Rio, dégénéré en attaques de banques et affrontements violents avec la police. Sept personnes dont quatre policiers ont été blessées, selon le quotidien local O Diario.
Selon les syndicats des enseignants, en grève depuis deux mois, quelque 50 000 personnes avaient répondu aux appels à manifester diffusés par les réseaux sociaux, la police estimant à 10 000 le nombre des manifestants.
Mardi dernier, des heurts violents avaient déjà éclaté entre quelques centaines d’enseignants et des policiers, devant le Conseil municipal où a été voté un plan de carrière rejeté par les professeurs. Plusieurs vitrines d’agences bancaires avaient été saccagées.
«Ce plan est inconstitutionnel, il faut le retirer et adopter le plan du syndicat» des professeurs, a déclaré lundi à l’AFP Dione Brito, une institutrice de 45 ans.
En grève depuis 53 jours, les professeurs des écoles publiques gérées par la municipalité, exigent le retrait de ce plan de carrière et une augmentation de salaires pour reprendre les négociations avec la mairie. La grève touche 600 000 élèves.
Selon le syndicat des enseignants, ce plan de carrière ne concerne que ceux qui travaillent 40 heures par semaine dans la même école, soit 7 % d’entre eux. Actuellement, ils gagnent à peine 25 réais (environ 11 $) de l’heure.
Les écoles publiques sont fréquentées par les couches pauvres de la population. Les enfants des classes plus aisées vont à l’école privée.
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Source(s): lapresse.ca le 08.10.2013