Prisons : fin de la mutinerie à Fleury-Mérogis

Prisons : Dans un contexte de désorganisation due à la mobilisation des surveillants de prison, 123 détenus de Fleury-Mérogis ont refusé de regagner leur cellule.

La mobilisation des surveillants de prison a repris jeudi dans toute la France avec de nombreux établissements bloqués dans l'attente d'« arbitrages » gouvernementaux sur leurs revendications pour de meilleures conditions de sécurité.

Dans ce contexte de désorganisation, 123 détenus de Fleury-Mérogis (Essonne), le plus grand centre pénitentiaire d'Europe, ont refusé pendant quelques heures de regagner leur cellule après la promenade de la mi-journée. Vers 14 h 30, encadré par des équipes d'intervention appelées en renfort, ils avaient tous quitté la cour et étaient « en train de réintégrer leurs cellules, dans le calme », a-t-on indiqué à la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP), précisant qu'il n'y avait eu « ni ni dégât matériel ». Ce mouvement des détenus est intervenu dans un climat tendu à Fleury où les temps de promenade avaient été raccourcis, selon une source syndicale. À 15 heures, selon une source syndicale, tous les détenus étaient « remontés en cellule » et six d'entre eux, « considérés comme les meneurs » ont été envoyés en quartier disciplinaire.

Pour la troisième fois depuis le début de la semaine, les accès aux prisons ont été totalement ou partiellement bloqués partout en France jeudi matin par des piquets de grève, parfois avec des barricades de palettes en bois et de pneus enflammés. Selon la DAP, 87 établissements, soit 46 % du parc pénitentiaire, ont été affectés « à des degrés divers » par cette mobilisation, lancée après l'agression il y a une semaine de trois gardiens par un détenu djihadiste dans la prison de Vendin-le-Viel (Pas-de-Calais). Le syndicat Ufap-Unsa (majoritaire) revendiquait, lui, « 140 à 150 établissements bloqués et 6 000 à 7 000 [membres du] personnel mobilisés », a déclaré à l'AFP le secrétaire national Wilfried Fonck.

L'Ufap-Unsa et la CGT-Pénitentiaire avaient appelé dès mercredi soir à reprendre le « blocage général » des prisons entamé lundi, mais qui avait été suspendu mercredi durant des discussions avec l'administration pénitentiaire. FO-Pénitentiaire, qui voudrait voir les discussions sur les questions de sécurité élargies aux questions statutaires, n'a pas pris part aux négociations mais participe à la mobilisation.

Un document a été envoyé « à l'arbitrage » du gouvernement et, « une fois les arbitrages rendus, les discussions reprendront afin de faire un point et finaliser ou pas un document que nous soumettrons aux personnels », avaient expliqué l'Ufap et la CGT dans un communiqué commun mercredi. « Ce document regroupe plusieurs axes et propositions, portant sur la sécurité des agents, la prise en charge de la radicalisation, une meilleure reconnaissance du métier de surveillant et les effectifs », a-t-on précisé à la DAP.

Le procès de la « Veuve noire » retardé

Ce texte était entre les mains de la ministre de la et sera soumis à l'arbitrage de Matignon, a-t-on indiqué dans son entourage, sans préciser quand d'éventuelles décisions pourraient être prises. La ministre a annulé un déplacement prévu jeudi après-midi dans les Bouches-du-Rhône, sans en préciser les motifs.

Face à la colère du personnel, Emmanuel Macron avait annoncé lundi un « plan pénitentiaire global » d'ici fin février et, en visite à Vendin-le-Vieil le lendemain, la garde des Sceaux avait annoncé avoir fait « dix propositions » au personnel de la prison, portant notamment sur les effectifs et la prise en charge des détenus radicalisés. La mobilisation était assez largement suivie dans toutes les régions, les surveillants clamant leur « détermination ».

À Nice, le blocage de la prison a notamment empêché durant quelques heures le transfert vers le tribunal de la « veuve noire » de la Côte d'Azur, Patricia Dagorn, qui est actuellement jugée aux assises pour l'assassinat de deux retraités. « Sauvez-nous avant qu'il ne soit trop tard », « de belles promesses c'est bien, des promesses tenues c'est mieux », clamaient des pancartes devant la maison d'arrêt d'Elsau à Strasbourg, où 80 surveillants étaient rassemblés jeudi. « Ce qu'il faut, c'est que le mouvement se durcisse. Il faut que les choses changent. On sait que cela va engendrer des incidents pour les coursives, que cela va être dur pour les familles, mais il faut que chacun comprenne […]. On risque notre vie tous les jours », a lancé à l'AFP un surveillant sous le couvert de l'anonymat.

Source : lepoint.fr  18 janvier 2018

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