Le marathon de négociations sur le dossier nucléaire iranien a repris mercredi à Vienne et doit se poursuivre jeudi, à six semaines d’une date-butoir qui risque, comme la précédente, de ne pas être respectée.
Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif ont tous deux reconnu que des écarts de position significatifs empêchaient encore d’aboutir, même si Washington refuse «pour le moment» d’évoquer une prolongation du délai-limite fixé au 24 novembre.
L’accord auquel les grandes puissances du «5+1» (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) et l’Iran aspirent à parvenir serait historique. Il garantirait que le programme nucléaire iranien poursuit des objectifs exclusivement civils, en échange d’une levée des sanctions internationales qui pèsent sur la République islamique. Ce faisant, il mettrait fin à un différend qui empoisonne les relations internationales depuis douze ans.
Les négociations intensives entamées en janvier ont permis des avancées. Plusieurs points importants restent toutefois en suspens, en particulier la capacité que l’Iran conserverait, après un accord, de produire de l’uranium enrichi, le matériau utilisé pour le nucléaire civil mais aussi, à un taux plus élevé d’enrichissement, pour fabriquer des bombes nucléaires.
Il n’y a pas non plus d’accord sur le rythme auquel seraient levées les sanctions contre l’Iran, malgré de nouvelles propositions américaines dans ce domaine.
Téhéran et Moscou ont suggéré ces derniers jours qu’une extension du délai pour trouver un accord pourrait être décidée, afin de donner plus de temps aux parties pour rapprocher leurs positions.
Les États-Unis, eux, ont insisté mercredi sur la possibilité de tenir le délai du 24 novembre, un cap qui est déjà le résultat d’une prolongation – la précédente date-butoir était le 20 juillet.
«Nous parlons d’aboutir d’ici au 24 novembre, c’est ce que veut tout le monde autour de la table, y compris les Iraniens», a assuré un haut responsable du département d’État américain en amont de la réunion des responsables politiques.
– L’ombre des élections américaines –
Pour le président Barack Obama, arriver rapidement à un accord est d’autant plus souhaitable qu’il pourrait avoir à composer, après les élections parlementaires américaines du 4 novembre, avec un Sénat passé dans l’opposition, et plus sceptique sur l’intérêt de traiter avec l’Iran.
Quoi qu’il en soit, un nombre croissant d’analystes, comme Ali Vaez, doutent désormais qu’un accord global puisse être conclu dans le délai imparti.
«Un accord général d’ici au 24 novembre ne semble plus probable», explique à l’AFP ce spécialiste du centre de réflexion International Crisis Group (ICG). «En revanche, il est possible d’arriver à une avancée qui justifierait de se donner plus de temps».
Un tel accord intérimaire – qui prendrait la suite d’un premier signé fin 2013 – pourrait notamment prendre acte d’un compromis déjà trouvé sur le réacteur à eau lourde d’Arak. L’Iran dit avoir commencé à modifier le coeur de cet équipement pour y limiter la production de plutonium, un élément pouvant se substituer à l’uranium hautement enrichi dans la composition d’une bombe.
Téhéran et les grandes puissances pourraient également tomber d’accord pour renforcer le rythme et la teneur des inspections menées en Iran par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), une agence de l’ONU.
Les négociations doivent reprendre jeudi à Vienne, sans M. Kerry qui doit quitter la capitale autrichienne en début de journée, mais en présence de M. Zarif et de négociateurs des 5+1 dirigés par la chef de la diplomatie de l’UE Catherine Ashton.
«Je pense qu’après la réunion à trois et celle de jeudi, nous verrons bien plus clairement la voie à suivre d’ici au 24 novembre», a expliqué mercredi un haut responsable américain.
Car, selon cette source, un accord à cette date reste «techniquement» possible, à condition que «des décisions politiques soient prises».
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Source(s) : Libération / AFP, le 16.10.2014