Manuel Valls affirme de nouveau son « engagement absolu pour Israël »

INFO PANAMZA. Ministre de l’Intérieur et futur candidat probable à l’élection présidentielle, Manuel Valls a tenu des propos singuliers pour un homme censé représenter les intérêts de la France. Décryptage et révélations.

La déclaration stupéfiante n’avait pas été rapportée par les nombreux journalistes pourtant présents dans la salle.

Nous sommes le 28 novembre 2012 : plusieurs personnalités de la vie politique, économique et médiatique participent au « gala annuel de soutien à Radio J ». La première antenne radiophonique de la communauté juive, créée en 1981 par Serge Hajdenberg  (ex-candidat à la présidence du CRIF) et réputée à droite, a organisé sa soirée dans un pavillon situé aux abords des Champs-Elysées. A l’instar de son prédécesseur Claude Guéant, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur en charge des cultes et « invité d’honneur », a accepté de se joindre aux festivités de la radio communautaire. Panamza s’est procuré une vidéo -capturée depuis un téléphone portable- de son discours prononcé devant 400 convives. Dans l’extrait suivant, le membre éminent du gouvernement exprime, en des termes particuliers, son dévouement envers une nation étrangère.

Le discours intégral (d’une durée de 13 minutes) permet de découvrir l’ampleur de l’affection démontrée par Manuel Valls à l’attention des membres et sympathisants de Radio J. Le ministre n’oublie pas également de rendre hommage aux imams présents dans la salle. Ces derniers, parmi lesquels figure Hassen Chalghoumi, sont félicités pour leur voyage antérieur en Israël. Lapsus savoureux (à 7’35) : Manuel Valls les qualifie de « rabbins » -et non d’« imams » avant d’être rectifié par plusieurs spectateurs hilares.

Le contexte de cette déclaration de Manuel Valls, « absolument engagé pour Israël », n’est pas anodin. Deux semaines auparavant, la communauté internationale retenait son souffle face à l’escalade de la violence meurtrière perpétrée par le gouvernement Netanyahu : entre le 14 et le 21 novembre, l’armée israélienne déployait l’opération « Pilier de défense » à l’encontre de la bande de Gaza. Bilan des pertes humaines : 162 morts (et 1235 blessés) côté palestinien, 6 morts (et 50 blessés) côté israélien.

Au service de Radio J et de la LDJ ?

Par ailleurs, une récente déclaration tonitruante de Manuel Valls s’explique en raison de son soutien démonstratif à Radio J. Le 23 août, l’homme a tenu un discours (youtu.be/0Asf0ve8UWc) vindicatif « contre l’extrême droite » lors de l’université d’été du Parti socialiste. Dans sa ligne de mire étaient visés (bvoltaire.fr/janyleroy/travaux-dete-manuel-valls-veut-la-peau-de-soral-et-dieudonne,34350), entre autres, le polémiste Alain Soral et l’humoriste Dieudonné. Aucun journaliste politique présent alors n’a souligné la curieuse similarité de ses déclarations avec celles prononcées par un membre de la Ligue de défense juive en février dernier, boulevard Voltaire à Paris. Lors d’un rassemblement dédié à la mémoire d’Ilan Halimi, ce responsable anonyme d’un groupuscule ultra-violent avait également tenu des propos (youtu.be/psPGUn78op4) virulents, en des termes presque identiques, à l’encontre des mêmes personnages.

Lors de son discours à La Rochelle, Manuel Valls aurait fustigé le tandem Soral-Dieudonné afin de défendre la « liberté de la presse », incarnée, selon lui, par Frédéric Haziza, journaliste partisan de La Chaîne Parlementaire et de Radio J. Présent au gala de 2012 auquel s’était joint Manuel Valls, ce communautariste (qui -en 2008– demanda aux « juifs de France de faire bloc derrière » le Premier ministre israélien) avait porté plainte contre Alain Soral pour « diffamation » et « provocation à la discrimination raciale » à la suite d’un différend qui les oppose depuis plusieurs mois. En défendant avec vigueur le journaliste de Radio J, le ministre de l’Intérieur s’est immiscé, comme il le fit à propos de l’affaire Baby Loup, dans une procédure judiciaire en cours.

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L’homme qui aspire aux plus hautes fonctions du pouvoir politique se révèle cohérent en matière d’engagement sioniste radical et de préférence communautaire. Florilège -non exhaustif- de ses prestations depuis trois ans :

  • 01/11/10 : co-signature d’une tribune publiée dans Le Monde et intitulée « Le boycott d’Israël est une arme indigne ».

  • 17/06/11: déclaration tenue par le député-maire d’Evry dans un centre communautaire strasbourgeois et révélée trois mois plus tard par l’auteur de ces lignes. « Par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël ! Quand même !» : ces derniers mots figurent désormais parmi les premières occurrences à apparaître lorsqu’une recherche Google sur Manuel Valls est effectuée.

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         Un an après la divulgation de ces propos, le cabinet de l’homme devenu ministre tentera, en vain, de faire disparaître la vidéo du Net.

  • 25/09/11 : sur Europe 1, Manuel Valls s’oppose à la reconnaissance de la Palestine par l’ONU, ajoutant qu’il n’est pas judicieux de « braquer Israël ».

  • 18/03/12 : participation au premier congrès des communautés juives de France en compagnie de Jean-François Copé et Claude Guéant. Après avoir évoqué la famille de son épouse qui a fui la Moldavie, Manuel Valls qualifie de « légitime » cet « attachement à la terre » d’Israël car l’Etat hébreu « est un foyer spirituel pour les juifs du monde entier ».

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  • 22/05/12 : lors du dîner du CRIF-PACA, le nouveau ministre de l’Intérieur salue la « symbiose entre la République et le judaïsme français » avant de fustiger « l’antisionisme de façade ».

  • 22/07/12 : lors de l’inauguration de l’Allée des Justes, à Strasbourg, Manuel Valls promet de « combattre l’antisionisme, cet antisémitisme qui vise à nier Israël » et se déclare « fier de faire partie d’un gouvernement qui veut bâtir une amitié forte avec Israël ».

  • 23/09/12 : à l’occasion du nouvel an juif, le ministre en charge des cultes affirme que « les juifs de France peuvent porter avec fierté leur kippa » avant d’ajouter (à 52′) que « l’attachement charnel des juifs de France pour leur pays ne saurait évidemment empêcher que des liens les unissent à la terre d’Israël ».

Quatre jours plus tard, c’est le même homme qui prendra un ton nettement moins affecteux à l’attention des musulmans strasbourgeois afin de leur indiquer l’importance, cette fois-ci, de l’attachement à un seul pays (à 1’21) : « Il n’est qu’une seule communauté qui vaille, qui s’impose: la communauté nationale ».

  • 27/09/12 : après leur rencontre avec le ministre, les dirigeants du Centre Simon-Wisenthal, basé en Californie et très engagé dans le soutien inconditionnel d’Israël, saluent la « défense de la communauté juive française » par Manuel Valls.

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  • 07/10/12 : au lendemain des tirs à blanc qui ont atteint une synagogue d’Argenteuil, le ministre de l’Intérieur accompagne à pied des représentants de la communauté juive depuis la place Beauvau (siège de son ministère) jusqu’à l’Elysée afin d’organiser une entrevue avec le président de la République.

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Ces dirigeants communautaires s’adresseront ensuite aux médias, l’air empreint de gravité, depuis le perron de l’Elysée.

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  • 31/01/13 : « La France est un ami de l’État d’Israël. Elle entretient avec lui des relations intenses. Elle est profondément attachée à son existence, à sa sécurité et à ce que ses frontières soient reconnues ». Ces propos ont été tenus par Manuel Valls lors du dîner du CRIF Rhône-Alpes. L’homme y a également proféré un avertissement : « Je mets en garde tous ceux (….) qui, à l’extrême gauche comme à l’extrême droite, utilisent la critique d’Israël pour nourrir cette vieille pensée rance qu’est l’antisémitisme ».

  • 06/02/13 : le ministre de l’Intérieur et François Hollande accueillent chaleureusement les répresentants de la communauté juive américaine.

Le milliardaire Ronald Lauder, président du Congrès juif mondial (élu en 2007, réélu en 2013) et membre influent (depuis une trentaine d’années) de l’axe Washington-Tel-Aviv, reçoit à cette occasion la Légion d’Honneur.

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Manuel Valls entre Marek Halter et Yossi Gal

  • 10/09/13 : hier soir, au sein d’une tente dressée à l’emplacement du futur centre européen du judaïsme, le ministre en charge des cultes participait à la cérémonie (google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jWNrHic_IeCnYzWiTUD85Vb0z4SQ?docId=d94685ae-545f-4878-a9e6-a87e5147f41e) du nouvel an juif aux côtés de l’ambassadeur d’Israël, d’Anne Hidalgo, du Grand rabbin de France et de Joël Mergui (youtu.be/AgAFVJncmII), président du Consistoire. « L’antisémitisme et l’antisionisme (…) C’est la même chose », affirma-t-il (à 8’10). Par ailleurs, Manuel Valls a précisé qu’il aurait le « privilège» de se rendre, début novembre, en Israël afin de renforcer la coopération policière entre les deux pays.

Outre son lien conjugal, un élément plus significatif mais méconnu des citoyens permet d’expliquer, en partie, l’attachement singulier de Manuel Valls envers un régime qualifié -par ses propres citoyens- d’apartheid.

Un « élève » en « formation » ?

Depuis le printemps 2011, Manuel Valls participe à un programme intitulé Project Interchange  et élaboré par l’une des composantes majeures du lobby pro-israélien des Etats-Unis.

I Am AJC from AJC on Vimeo.

Dénommé le « Comité juif américain » (American Jewish Committee), ce groupe -fondé en 1906 et fort aujourd’hui de 175 000 membres– organise depuis une trentaine d’années des séjours en Israël à destination des futurs leaders politiques, financiers, médiatiques et culturels. Le but ? Donner à voir une image positive de l’Etat hébreu et faire nouer localement des contacts avec des personnalités du monde entier considérées comme de potentiels décideurs influents dans l’avenir. Chaque participant coûte 5000 dollars à l’AJC. La vidéo suivante, réalisée par Project Interchange, illustre l’audace de la propagande déployée (hasbara, en hébreu) pour enjoliver la réputation du régime colonialiste de Tel-Aviv.

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En mai 2011, plusieurs Français -classés à gauche- furent ainsi annoncés par l’AJC dans leur sélection de personnalités invitées à visiter l’Etat hébreu. Olivier Ferrand (fondateur de Terra Nova), Pierre Aïdenbaum (maire du III ème arr. de Paris), le député Vert François de Rugy et deux députés socialistes (Arnaud Montebourg et Manuel Valls) furent ainsi conviés, en compagnie d’une représentante du CRIF, à découvrir les merveilles politiques et technologiques de la société israélienne. On notera également la participation d’Harold Hauzy, éternel chargé de communication de Manuel Valls.  Ironie du sort, le voyage débuta le 14 mai, jour fatidique pour le Parti socialiste français. Tard dans la soirée fut annoncée la nouvelle de l’arrestation à New York de Dominique Strauss-Kahn, l’homme  qui déclara jadis cette phrase stupéfiante pour un élu de la République : « Dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, au travers de l’ensemble de mes actions, j’essaie de faire en sorte que ma modeste pierre soit apportée à la construction de la terre d’Israël ».

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Le nom de Manuel Valls ne figure plus sur la page internet de la liste des invités de mai 2011 mais le responsable du programme (et ancien membre du lobby ultra-droitier AIPAC (youtu.be/VK_F0MSrWT8?t=1h17m19s)), dénommé Sam Witkin, confirma incidemment la participation initialement prévue du député-maire d’Evry dans une newsletter datée de juin 2012. Qu’est-ce qui peut alors expliquer l’absence, constatable sur ces photos du séjour, de Manuel Valls lors de l’envol du 14 mai ? Mystère. Toujours est-il que sa présence à Paris lui aura permis de se rendre -dès le surlendemain de l’arrestation de DSK- dans les studios de RTL afin de faire connaître sa tristesse face à ces « images d’une cruauté insoutenable ».

Malgré ce désistement inopiné, Manuel Valls continue d’entretenir des rapports étroits avec ce groupe -y compris son antenne parisienne– et d’être considéré par l’AJC comme un « alumnus », c’est-à-dire une sorte d’étudiant en formation dans le cadre de ce  programme visant à rapprocher Israël des futurs décideurs étrangers. Par ailleurs, l’AJC  a déjà rendu hommage à son élève, « remarquablement » engagé dans la lutte contre l’antisémitisme.

Le 28 juin 2013, l’homme devenu ministre n’a pas ainsi manqué, lors de son passage à New-York, de venir saluer, à titre « privé », ses nouveaux camarades.

valls ajc                                 Manuel Valls et, à sa droite, David Harris, directeur exécutif de l’AJC.

Quatre mois plus tôt, il avait déjà accueilli personnellement une délégation de l’AJC en provenance du New Jersey. David Harris, directeur exécutif de l’AJC, était encore présent. Tout comme il l’était, un an plus tôt, lors d’une autre rencontre privée avec François Hollande et son directeur de communication, Manuel Valls, à la veille de l’élection présidentielle.

Question : imagine-t-on un ministre d’Etat français participer à un programme « éducatif » sur la Palestine qui serait financé par un quelconque « comité musulman anglais » et rendre hommage à ses membres à l’occasion du moindre déplacement entre Paris et Londres? Certainement pas. Pourtant, le sujet ne provoque aucunement l’intérêt des éditorialistes ou de l’opposition. Pour cause : l’AJC invite aussi des députés UMP (comme ce fut le cas en mars 2012) et des journalistes de l’Hexagone. Plus singulierèment, ce lobby ultra-sioniste (mais plus délicat dans la forme que l’AIPAC) s’intéresse régulièrement aux musulmans, de France ou d’ailleurs. Fin juin, comme l’avait rapporté Panamza, une délégation de l’AJC s’est ainsi rendue au Maroc et en Tunisie. Au même moment, l’AJC envoyait en Israël un groupe de « leaders d’opinion français ». Parmi les touristes figuraient notamment le rappeur Rost et l’acteur Nader Boussandel.

Quatre ans auparavant, c’est un groupe surnommé « Les leaders musulmans de la société civile » qui fut invité à découvrir les charmes du régime israélien. Du 14 au 19 décembre 2008, la juriste Jeannette Bougrab, le conseiller municipal Karim Zéribi et le commandant de police Mohamed Douhane -entre autres- ont ainsi été guidés dans les méandres de la géopolitique israélienne. Ils ont pu rencontrer –images à l’appui- Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne ainsi que Shimon Peres, président israélien et architecte principal du programme nucléaire illégal de l’Etat hébreu.

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D’origine kabyle, Nacer Kettane, PDG de Beur FM, a d’ailleurs tenu des propos stupéfiants pour le dirigeant d’une radio suivie par bon nombre d’auditeurs pro-palestiniens. Son revirement idéologique témoignerait de « l’efficacité » du programme conçu par l’AJC et suivi actuellement par Manuel Valls. Voici les déclarations édifiantes du dirigeant de Beur FM (à prendre néanmoins avec précaution) telles qu’elles ont été rapportées par les responsables du séjour (et non par un organe de presse indépendant):

« Je ne pouvais pas prononcer le nom du pays, je disais seulement  ‘l’entité sioniste’ et je ne croyais pas que le Hamas était une organisation terroriste. Maintenant, je comprends entièrement que les Israéliens soient vigoureusement engagés en faveur de la paix. (…)

C’est probablement le seul pays dans la région où, dans la même ville, les gens peuvent assister librement à un office, que ce soit dans une synagogue, une mosquée ou une église. Cela n’aurait pas été le cas dans Jérusalem si la ville était encore sous domination arabe ».

Huit jours après leur retour en France, l’agression militaire israélienne contre Gaza démarrait. Le contexte tendu qui s’en est suivi, y compris dans l’Hexagone, entraîna la mise en place par l’AJC de plate-formes de débats entre juifs et musulmans français dans le but implicite d’estomper la critique croissante du bellicisme israélien. Un document PDF de l’AJC en donna les grandes lignes.

Les manœuvres du lobby sioniste new-yorkais en France, dignes des opérations de charme organisées par l’ambassade américaine de Paris, illustrent une volonté d’endoctrinement qui s’avère fructueuse si l’on en juge par leur dernière recrue : Manuel Valls. Une chose doit cependant demeurer à l’esprit : de même que leurs homologues français, ces dirigeants de la communauté juive d’Outre-Atlantique, radicalement engagés en faveur d’Israël, ne représentent qu’eux-mêmes et non le peuple juif américain. Comme vient de le rappeler dans une tribune MJ Rosenberg, ex-assistant parlementaire du Parti démocrate et ancien membre (repentant) de l’AIPAC, leur puissance ne provient pas de leur représentativité mais de leur pouvoir financier et oligarchique.

Cette force de frappe leur permet ainsi d’amadouer de futurs leaders désireux de bénéficier, de leur côté, d’éventuels parrains politiques ou mécènes économiques. Et cette imposture se fait au détriment du citoyen juif américain lambda, certainement pas « lié éternellement » ou « engagé absolument » envers Israël comme a pu le déclarer Manuel Valls, Français naturalisé le 20 janvier 1982 et issu d’une famille espagnole et catholique.

Contrairement au ministre de l’Intérieur censé être -de par ses fonctions- laïque et attaché uniquement à la République française, nombre de citoyens, juifs d’ici ou d’ailleurs, pourraient rire de la grossière propagande de Project Interchange comme l’illustre cette autre vidéo, toujours réalisée par la même équipe.

Ceci n’est pas une « bande »

Le sionisme radical affiché par Manuel Valls s’explique également par son entourage masculin le plus proche. En avril, le ministre était l’invité politique de l’émission de Laurent Ruquier sur France 2. Interrogé par Aymeric Caron à propos de l’affaire Cahuzac, Manuel Valls a nié sa pré-connaissance de la détention d’un compte suisse par l’ex-ministre du Budget. Le chroniqueur lui fit alors remarquer que deux de ses amis intimes, Stéphane Fouks et Alain Bauer, auraient pu disposer -en raison de leurs connexions– d’informations à ce sujet. L’homme responsable (bakchich.info/societe/2013/06/20/valls-promeut-sa-dcri-62537) de la nouvelle DCRI (ces policiers-limiers-espions de l’intérieur dont certains n’hésitent pas à enfreindre la loi –en toute impunité– pour obtenir des infos) dément avoir connu antérieurement la situation fiscale exacte de Jérôme Cahuzac.

Manuel-Valls

Quand Aymeric Caron s’étonna du paradoxe, ajoutant que les trois hommes formaient une « bande » d’amis, Manuel Valls s’indigna : le mot « bande » ou « clan » n’était pas approprié pour qualifier son amitié de longue date, présentée comme vertueuse, avec Stéphane Fouks et Alain Bauer. Vraiment ?

  • Le publicitaire : ils se fréquentent depuis 1980. Manuel Valls et Stéphane Fouks se sont connus à l’Université de Tolbiac à la faveur d’engagements politiques communs au sein des « rocardiens tendance prussiens ». Un long reportage (youtu.be/2lF1iTI6ASs) de France 2, diffusé cette semaine, aborde superficiellement la nature de cette amitié en compagnie de Fouks lui-même, face caméra. Celui qui est souvent présenté comme un « gourou de la communication politique » cultive également un lien particulier et méconnu avec Israël.

Grand meeting de François Hollande a vincennes

      Dans un récent ouvrage hagiographique consacré à Manuel Valls, on apprend incidemment que le jeune Stéphane Fouks, qui se qualifie aujourd’hui d’ex-« sabra du rocardisme », faisait également partie d’un obscur « comité sioniste » présent à l’intérieur du Mouvement des Jeunes Socialistes. Trente ans plus tard, en juillet 2013, l’homme d’Euro RSCG s’engagera davantage dans le communautarisme politico-religieux en rejoignant le comité directeur du CRIF.

  • Le franc-maçon : Alain Bauer s’est également lié d’amitié avec le tandem Valls-Fouks durant leurs années communes à Tolbiac. Parrain du second fils de Valls et ex-employeur de sa première femme, Bauer est généralement présenté comme un expert sécuritaire sans que les ramifications de ce statut social ne soient jamais réellement explorées. Ancien grand maître du Grand Orient, l’homme n’a jamais caché son appartenance à la franc-maçonnerie ou son étroite proximité –corollaire– avec le monde de la police. Pour sa part, Valls a été franc-maçon de 1989 à 2002 au sein d’une loge du Grand Orient dénommée « Ni Dieu ni maître ».

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Un élément biographique d’Alain Bauer n’est pourtant jamais évoqué par les médias : sa collaboration avec le Mossad. En effet, Bauer, longtemps connu des sites d’information alternatifs comme un ami des services secrets américains (en raison de son passage à la SAIC), est également un intervenant régulier à l’Institut international du contre-terrorisme d’Herzliya en Israël. Cette école de formation entretient des liens professionnels et culturels avec les services secrets israéliens (Mossad mais aussi Aman- le renseignement militaire). En septembre 2009, il était ainsi le seul Français à participer au « 9ème sommet mondial sur l’antiterrorisme » organisé par l’Institut.

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Egalement proche du CRIF, le criminologue n’a pas la maladresse, comme tant d’autres, d’afficher un sionisme radical et outrancier. Mais celui-ci peut parfois lui échapper : dans un entretien accordé en 2010 au journal de « l’association des médecins israélites de France », Alain Bauer a ainsi fait savoir qu’il déplorait la situation actuelle du conflit israélo-palestinien avant d’ajouter qu’il manquait des hommes de la trempe de l’ancien Premier ministre Menahem Begin.

L’ironie est savoureuse : l’homme qui intervient fréquemment sur l’antiterrorisme cite comme modèle un illustre précurseur du terrorisme sioniste. Entre autres crimes, Menahem Begin s’est fait connaître en 1946 pour avoir participé à l’attentat contre l’hôtel King David. Et seuls des ultra-sionistes (comme ce fut le cas de Netanyahu en 2006, lors d’une sinistre commémoration élogieuse de cette opération) peuvent ainsi célébrer sa mémoire.

L’étendue des réseaux tissés par les trois hommes depuis une trentaine d’années explique l’affluence de personnes présentes à leur « anniversaire » commun. Le 5 mai 2012, Valls, Fouks et Bauer devaient se réunir dans un restaurant chic de Paris afin de fêter leurs « 150 ans ».A la veille du second tour de l’élection présidentielle, le premier a jugé préférable d’annuler sa venue. Un homme faisait partie des convives : Claude Askolovitch. Ce journaliste, fils d’une figure (licra.org/d%C3%A9c%C3%A8s-roger-ascot-et-henri-bulawko-disparition-deux-grandes-figures-juda%C3%AFsme-fran%C3%A7ais) éminente du sionisme dit de gauche et réputé pour ses critiques de la dérive idéologique du CRIF, fait également partie du cercle proche du ministre. En 2008, les deux  hommes avaient publié un livre d’entretiens. Récemment encore, le 31 janvier, Askolovitch (ancien élève de l’école) organisa personnellement la conférence de Manuel Valls au Centre de formation des journalistes. Le détracteur saisonnier de Tariq Ramadan est également celui qui n’a pas hésité, dans l’hebdomadaire Marianne, à relayer la tirade de son ami à propos de son « lien éternel avec la communauté juive et Israël ». Relayer, en réalité, pour mieux déformer le propos. Claude Askolovitch a ainsi laissé entendre que les citoyens stupéfaits ou indignés par une telle déclaration seraient, au fond, des crypto-antisémites « coléreux » et préoccupés par le fantasme d’un « Valls enjuivé ». Dans cette tribune rédigée en février dernier, il reprocha à l’auteur de ces lignes, responsable de la divulgation, et, de manière générale, à « l’internet musulman » (parlerait-on d’un « internet juif » ?) d’attiser la haine anti-juive. Dans son dernier livre, consacré à l’islam de France, le journaliste dénonce l’islamophobie d’un côté pour mieux, de l’autre, diaboliser à nouveau les citoyens, musulmans ou non, qui seraient scandalisés par le sionisme exacerbé de Manuel Valls ainsi que sa préférence communautaire -contraire à l’esprit républicain. Le passage suivant résume ainsi sa désinformation caricaturale sur le sujet :

« Chalghoumi participe à la paranoïa communautaire. Après la cérémonie drancéenne et quand il vendait son livre aux médias esbaudis, a fleuri un peu partout dans la France musulmane l’idée d’un imam marionnette du pouvoir et des sionistes ; « pute du Crif » ai-je lu sur Internet.

Valls, au passage, se voyait rappeler que sa femme était juive et qu’il l’avait dit un jour, et que c’était une preuve. La preuve du complot. L’humiliation réveillait la haine, et c’était malin comme opération d’apaisement… ».

Comme Manuel Valls, Claude Askolovitch fait partie des rescapés de l’Atlantide strauss-kahnienne. Si le premier attendait patiemment que l’ex-dirigeant du FMI se déclare dans la course à l’Elysée (avant d’oser le faire lui-même et de récolter, in fine, un échec cuisant), le second a longtemps été le chantre-éditorialiste des prouesses internationales de DSK. Un autre strauss-kahnien repenti, désormais membre du gouvernement, a survécu au cataclysme du Sofitel : Pierre Moscovici. Devenu ministre des Finances, il est sans doute le membre du gouvernement qui partage le plus, avec Valls, cet étrange amour inconditionnel du régime israélien. Celui qui, jadis, se qualifiait, au cœur du cercle Léon Blum, de « juif, sioniste et socialiste » est également l’homme qui prononça, lors du dernier dîner annuel de la chambre de commerce France-Israël, ces paroles audacieuses :

« J’ai une pensée pour Goldnadel qui avait déclaré avoir reproché à Moïse d’avoir conduit les hébreux dans le désert pendant 40 ans pour les mener au seul endroit du Moyen-Orient ou il n’y a pas de pétrole.

Grâce aux entreprises françaises, je l’espère, finalement Moïse sera vengé ».

Ce propos, comme ceux de Manuel Valls, ne devrait pas déplaire au premier personnage concerné : Shimon Peres. Le président israélien lui-même avait récemment fait une confidence teintée d’ironie : invité le 14 juillet à l’ambassade française de Tel-Aviv, il afficha une certaine décontraction à propos de son entrisme d’un demi-siècle dans la vie politique française.

« Je tiens à dire à Mr Fabius, qui est un ami personnel, qu’il fasse bien attention à ne pas gaspiller ce talent extraordinaire qu’il y a chez Mr Bigot, il va falloir qu’il utilise ce talent comme il se doit.

D’autre part, je tiens à féliciter Meyer Habib pour son élection, quelle chance avons nous eue qu’il n’ait pas été élu à la Knesset, car je n’aurais pas pu le féliciter, on m’aurait reproché de m’immiscer dans la vie politique israélienne.

Dans la politique française, je m’immisce autant que je veux et de toute façon tout le monde s’en moque ».

Nul doute, dès lors, que la rencontre entre Manuel Valls et les dirigeants israéliens, prévue début novembre afin de « renforcer la coopération policière », sera chaleureuse.

« Clasheur » des civilisations

Comme le fut, d’ailleurs, la série de contacts noués par le ministre de l’Intérieur aux Etats-Unis, fin juin. A cette occasion, Manuel Valls a tenu des propos particulièrement significatifs au sujet des évènements survenus le 11 septembre 2001.

Au dernier jour de sa visite, le ministre a rencontré les pompiers de New York afin de connaître leur gestion des attentats.

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En compagnie du chef des pompiers, il est allé ensuite déposer une gerbe sur le site du World Trade Center et apposer sa signature sur le mur en construction du 24ème étage de la Tour de la Liberté, nouveau gratte-ciel en cours de parachèvement.

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Le webmagazine francophone French Morning a rapporté cette déclaration prononcée alors par Manuel Valls :

« Il y a de l’émotion. Le 11-Septembre a frappé nos civilisations de plein fouet ».

Les mots ont un sens et renvoient au thème du « choc des civilisations » développé par l’intellectuel Samuel Huntington et repris en chœur par la mouvance idéologique des néoconservateurs. Le 11-Septembre a été une surprise et un choc pour toutes les « civilisations » ou sphères culturelles de la planète. Affirmer que certaines seulement ont été « frappées » par l’évènement suggère, en filigrane, que les autres ont été indifférentes, voire complices ou responsables de l’opération terroriste. Parler de « civilisation » à propos du 11-Septembre n’a aucun sens si ce n’est celui d’insinuer que s’est joué là une « bataille entre Islam et Occident » comme le clament encore les sympathisants du néonconservatisme, qui font mine d’être préoccupés –à l’instar de Manuel Valls– par la prétendue « menace islamofasciste ».

Les évènements qui se sont produits aux Etats-Unis le 11 septembre 2001 ont l’étrange faculté de faire perdre facilement pied à l’homme qui aspire à devenir président de la République. Le 4 octobre 2011, le candidat aux primaires socialistes dédicaçait son dernier ouvrage à la Fnac parisienne des Ternes. Munis d’une caméra, des militants altermondialistes de l’association « We are change Paris » ont saisi l’occasion pour lui demander de clarifier son rapport avec le groupe euro-atlantiste Bilderberg.  Abordant incidemment le 11-Septembre, le député-maire socialiste a réfuté la nécessité de « se poser des questions » et comparé (à 7’) les détracteurs de la version officielle -présentés comme des adeptes de la théorie du « complot judéo-maçonnique »– à ceux « qui nient la Shoah ».

Manuel Valls face à We Are Change Paris par wearechangeparis

Curieusement, ce parallèle historique inepte est exactement celui fourni par un fin connaisseur -de l’intérieur- des évènements du 11-Septembre. En 2009, sur la chaîne d’information politique C-SPAN, l’ex-secrétaire à la Sécurité Intérieure (Homeland Security), dénommé Michael Chertoff, avait été interpellé, en direct et à plusieurs reprises, par des téléspectateurs rejetant le narratif politico-médiatique des attentats de 2001. Ce membre de l’Administration Bush, en poste depuis 2005, a -lui aussi- assimilé leurs arguments au « déni de l’Holocauste ».

Le 10 septembre 2001, l’Israélo-Américain Michael Chertoff occupait depuis quelques jours un poste stratégique vis-à-vis de la gestion des évènements à venir : la direction de la division criminelle du Département de la justice. C’est sous son autorité que les premières conséquences opérationnelles de la « guerre contre le terrorisme » déclarée par le Président Bush allaient prendre forme. On lui doit les centaines d’arrestations d’immigrants arabes -en raison de leurs liens supposés avec la mouvance islamiste- et les mesures discriminatoires spécifiques à l’encontre des musulmans désireux de s’établir aux Etats-Unis. L’homme est aussi le coresponsable intellectuel du Patriot Act, loi ultra-répressive préparée sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme. C’est aussi en raison de sa place de superviseur que des dizaines de détenus israéliens -arrêtés avant ou après le 11-Septembre par la police et travaillant pour le renseignement militaire– ont été discrètement relâchés puis renvoyés dans leur pays. Parmi eux figurait un trio qui devrait intéresser Manuel Valls, ministre français « absolument engagé pour Israël », et relativiser l’authenticité de son « émotion » exprimée lors de son récent passage à Ground Zero.

Comme le rapporte, documents officiels à l’appui, l’auteur de ces lignes dans son ouvrage Israël et le 11-Septembre : le grand tabou, plusieurs citoyens américains ont aperçu, cinq minutes après le crash du premier avion dans le World Trade Center, trois jeunes hommes en train de filmer et photographier l’évènement, l’air hilare. A la vue de la Tour nord embrasée, ces individus ont littéralement « sauté de joie » d’après l’enquête du FBI reproduite dans mon livre. Par la suite, des journalistes locaux apprendront qu’il s’agissait, pour au moins deux d’entre eux, d’agents des services secrets israéliens. Cet incident sera, pour de nombreux chercheurs à travers le monde, le déclencheur d’une investigation qui a permis, pour la plupart d’entre eux, d’identifier une connexion israélienne aux « attentats » du 11 septembre 2001. Et ce lien, a priori impossible, s’inscrit en réalité dans l’histoire spécifique du terrorisme d’obédience sioniste -et parfois « sous fausse bannière »– commis depuis les années 40.

Cheval de Troie

En incarnant la figure incongrue et brutale (youtu.be/b9HohNI44lY) d’un néoconservateur –tendance Likudnik– à la française, le nouvel israélomane Manuel Valls ne suscite pas seulement des railleries sur les réseaux sociaux ou des interrogations sur la force motrice d’une telle dérive politique. Il inquiète également ceux qui se souviennent que le prétendant à l’Elysée, si proche de Tel-Aviv, dispose également des policiers du renseignement. Comme le rappelait Roland Dumas dans son autobiographie, « les Israéliens en font à leur guise en France, et manipulent les services de renseignements français comme bon leur semble ». Quiconque deviendrait un obstacle pour l’ambition présidentielle de Manuel Valls -ou le renforcement corollaire de l’influence sioniste sur l’appareil d’Etat- n’est pas à l’abri, comme l’enseigne l’histoire (youtu.be/V-Ekt-OI7pE) de la Vème République, de barbouzeries et autres manœuvres plus ou moins illicites. C’est ici que réside le danger pour les libertés publiques : le fanatisme croissant du ministre de l’Intérieur à propos de son « lien éternel » et de son « engagement absolu » est propice à l’accomplissement de toutes les dérives, pourvu que celles-ci soient discrètement perpétrées ou rapidement étouffées.

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A cet égard, son ami féru d’ésotérisme et admirateur du terroriste Menahem Begin, Alain Bauer, pourrait trouver là matière à son activité occasionnelle de scénariste. Sur le thème de la manipulation politico-policière, l’homme avait imaginé le canevas ingénieux d’un téléfilm intitulé « Rituels Meurtriers ». Ce proche de Nicolas Sarkozy et Manuel Valls prend également plaisir à la provocation en affichant, dans son bureau, un tapis de prière afghan aux motifs significatifs : « des tours en feu et des avions kamikazes ».

Comme les agents présents autour de New York au petit matin du 11 septembre 2001, les proches du Mossad savent jubiler des choses macabres.

Hicham HAMZA

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Source(s): Panamza / Relayé par Meta TV

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