De juillet 2015 à juin 2017, une expérimentation à 80 km/heure a été réalisée sur 86 km de routes secondaires dans la Drôme, la Haute-Saône, et entre la Nièvre et l’Yonne. L’association 40 millions d’automobilistes s’est procuré le bilan des accidents sur ces portions de routes. Et il n’est pas bon !
Il y a un peu plus d’un mois, le Premier ministre Édouard Philippe annonçait une série de mesures visant à réduire la mortalité sur les routes, dont l’abaissement de 90 à 80 km/heure de la vitesse sur les secteurs secondaires à double sens, sans séparateur physique.
Une mesure qui est loin de faire l’unanimité. Depuis la fin du mois de janvier, elle provoque, en effet, la colère de milliers d’automobilistes et de motards dans l’ensemble de l’Hexagone, pas du tout convaincus de l’utilité de cette mesure, multipliant les manifestations de mécontentement.
Fichiers BAAC
Fer de lance de cette mobilisation contre le 80 km/heure, l’association 40 millions d’automobilistes vient de jeter une pierre dans le jardin de l’hôtel Matignon, en prouvant que cette limitation de vitesse ne réduit pas la mortalité routière.
Ce mardi, elle produit le bilan d’une expérimentation à 80 km/heure réalisée sur 86 km de routes dans la Drôme (Entre Gervans et Bourg-Lès-Valence), la Haute-Saône (entre Echenoz-le-Sec et Rioz) et entre la Nièvre et l’Yonne ((entre Auxerre et Varzy), entre les mois de juillet 2015 et juin 2017.
« Pour ce faire, nous avons consulté les fichiers BAAC (Bulletin d’analyse des accidents corporels de la circulation) sur les trois portions de routes nationales concernées par l’expérimentation, explique Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes. Des chiffres que le gouvernement s’est toujours refusé de donner. »
« Les indicateurs repartent à la hausse »
Selon 40 millions d’automobilistes, l’analyse de ces données démontre que l’abaissement de la vitesse à 80 km/heure à partir de juillet 2015 n’a pas permis de réduire le nombre d’accidents, et plus particulièrement le nombre d’accidents mortels. Sur certaines portions, l’accidentalité est même en augmentation avec la mise en œuvre de l’expérimentation.
« L’année 2016, première année pleine de l’expérimentation à 80 km/heure sur ces axes voit l’ensemble des indicateurs repartir à la hausse. Trente blessés sont alors à déplorer, soit autant qu’en 2013, plus qu’en 2012 (26) et non loin de 2014 (31). 2016 est aussi la deuxième plus mauvaise année, après 2013 et 2014, en termes de personnes hospitalisées et de nombre de tués sur ces axes. »
Et l’association de préciser « qu’en comparaison des données de mortalité routière relevées à l’échelle nationale, les statistiques issues de l’accidentalité des 86 km de routes secondaires révèlent l’inefficacité de cette mesure d’abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/heure. Alors que 1 911 accidents mortels ont été recensés sur les 386 224 km que compte le réseau secondaire français (soit un accident mortel en moyenne tous les 202 km) en 2016, les sections de routes nationales soumises à l’expérimentation font état d’un accident mortel tous les 28,7 km. »
Forte de ces chiffres, l’association 40 millions d’automobilistes demande donc au gouvernement de renoncer à cette mesure de généralisation des 80 km/heure. « Le seul argument en faveur de la baisse généralisée de la limitation de vitesse sur l’ensemble du réseau routier secondaire français consiste en une formule mathématique archaïque, héritée de la Suède des années 70, selon laquelle une réduction de 1 % de la vitesse permettrait une réduction de 4 % de l’accidentalité. Une formule qui a été maintes fois contredite au Danemark, en Angleterre, en Allemagne… » conclut Pierre Chasseray.
Source : Ouest France