Les États-Unis mettent fin aux subventions directes aux agriculteurs

Après plusieurs mois de débat, la réforme des aides agricoles a enfin été votée mardi soir au Congrès. Les aides directes sont remplacées par des garanties contre les chutes des cours.

Les États-Unis vont continuer de subventionner massivement leurs agriculteurs, mais différemment. Après un débat marathon de plusieurs mois, le Congrès américain a enfin adopté, mardi, une réforme majeure de sa agricole. Elle met fin aux subventions « directes », qui constituent le cœur de la agricole commune en et que les États-Unis avaient eux-mêmes adoptées il y a une vingtaine d'années.

Ces aides, qui s'élèvent à 5 milliards de dollars par an, ont un sérieux inconvénient, celui de subventionner aveuglement et systématiquement tous les agriculteurs. Elles dépendent de la surface des champs et profitent autant à ceux qui engrangent des profits que des pertes. Elles peuvent même bénéficier à des agriculteurs n'ayant produit aucune récolte sur l'année.

Le mécanisme devenait d'autant plus difficile à défendre que les agriculteurs ont largement profité de l'explosion du cours des matières premières ces dernières années, et notamment des céréales. « Les fermiers vont payer une assurance et ne recevront d'aides qu'au cours des années où ils affichent des pertes », explique la sénatrice démocrate Debbie Stabenow, auteure de la loi.

Aider les agriculteurs qui en ont besoin

Plutôt que d'arroser tous les agriculteurs, les États-Unis vont donc venir en aide à ceux qui en ont réellement besoin. La loi gonfle les mécanismes de garanties contre les chutes des cours et des revenus, ainsi que les programmes d'assurance subventionnés que les agriculteurs souscrivent pour se prémunir contre la volatilité des prix et les catastrophes naturelles.

Les primes d'assurance payées par les exploitations sont grassement subventionnées par l'État fédéral : environ 60 % de leur coût en moyenne. Au total, l'enveloppe consacrée aux aides agricoles reste stable, à hauteur d'environ 20 milliards de dollars par an sur les cinq prochaines années. Mais ces dépenses pourraient croître significativement en cas de chute des cours mondiaux. Les lobbies agricoles sont ravis.

La loi a fait l'objet d'un large consensus au Sénat (68 voix contre 32). Qu'ils soient démocrates ou républicains, les élus ont en effet tous à cœur de défendre leurs agriculteurs. Les ONG sont beaucoup plus critiques quant à la portée de la loi : elle va inciter les agriculteurs à produire encore plus, ce qui est contraire à l'esprit des négociations commerciales menées au sein de l'OMC. « Les agriculteurs n'ont pas besoin d'être autant subventionnés », déplore William Frenzel, expert au sein de l'institut Brookings.

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Source(s): LesÉchos /  Par Lucie Robequain, le 05.02.2014 / Relayé par Meta TV )

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