Publiée par le Centre international pour les études monétaires et bancaires, cette étude, la 16e du genre, met en garde sur les effets dangereux de l'envolée de la dette mondiale.
La crise n'a pas tout à fait dit son dernier mot. Le rapport de Genève sur l'économie mondiale, publié lundi 29 septembre par le Centre international pour les études monétaires et bancaires (International Centre for Monetary and Banking studies, ICMB) indique qu'une nouvelle crise financière pourrait pointer le bout de son nez.
La raison invoquée par les auteurs du rapport est que la dette globale, sans compter la dette financière, a fait un bond en avant depuis la faillite de Lehman Brothers en 2008, passant de 180 à 212% du produit intérieur brut mondial en 2013.
Explosion de la dette globale…
La dette globale de la zone euro atteignait 257% en 2013, un niveau record d'après le rapport de l'ICMB. Celui-ci pourrait d'ailleurs croître de beaucoup à l'avenir, surtout par rapport à la dette publique, mettent en garde les auteurs du rapport. Se fondant sur des données de la Banque centrale, ils indiquent en effet que les actifs bancaires de la zone euro s'effondrent depuis 2011, tandis que les obligations d'État crèvent le plafond.
Effondrement démographique et… de la demande globale
Autre crainte pour la zone euro, l'évolution démographique. Les auteurs projettent que la population âgée de 15 à 64 ans (celle en âge de travailler) s'effondrerait de 40 millions d'habitants sur les 30 prochaines années et représenterait environ 55% de la population globale de la région à l'horizon 2047, contre les deux tiers aujourd'hui. Ce qui conduit, pour les auteurs, à une forte contraction de la demande globale, à un maintien d'une faible inflation voire à une déflation, et par conséquent, à une montée de la dette.
Bulle immobilière et ralentissement en Chine
L'évolution démographique pose problème également du côté de la Chine. Les auteurs estiment que l'ex-Empire du Milieu suit actuellement une trajectoire semblable à celle qu'a suivi le Japon dans les années 1980-1990. On est notamment face à une montée en puissance, à un pic, et puis à un rapide déclin de la variation de la part de la population en âge de travailler. Tokyo avait enregistré un pic de 1% de croissance de la population en âge de travailler en 1990 mais à partir de 1995 la population en âge de travailler a baissé. Pour Pékin, le pic a été atteint à 2,5% en 2005 et la population en âge de travailler devrait décroître à partir de 2015.
Dans ce cas, la dette chinoise pourrait continuer son ascension. Depuis 2008, elle a grimpé de 72% d'après le rapport, notamment à cause de l'endettement privé, avec davantage d'emprunts immobiliers accordés aux travailleurs. Ce qui pourrait mener à une bulle immobilière et à un ralentissement de l'économie chinoise.
Les "miracles économiques" masquent toujours une dette qui gonfle
Les auteurs sont donc vivement inquiets quant à la suite des événements. Dans le quotidien britannique The Guardian, Luigi Buttiglione, un des auteurs du rapport déclare :
"De toute ma carrière j'ai vu beaucoup de prétendus miracles économiques – l'Italie dans les années 1960, le Japon, les Tigres asiatiques, l'Irlande, l'Espagne et maintenant peut-être la Chine – et ils ont tous fini par accumuler de la dette."
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Source : LaTribune / Par Jonathan Baudoin, le 01.10.2014