L’agenda caché de Washington: restaurer le commerce de la drogue
Cet article a été publié pour la première fois en 2005, puis mis à jour en janvier 2015 et en avril 2017.
La crise des opioïdes est liée à l’exportation d’héroïne hors d’Afghanistan. Alors qu’en 2001, avant l’invasion de l’Afghanistan par les États-Unis et l’OTAN, il n’y avait que 189,000 consommateurs d’héroïne aux États-Unis, en 2016, ce nombre s’élevait à 4,5 millions (2,5 millions d’héroïnomanes et 2 millions d’utilisateurs occasionnels).
Note de l’auteur et mise à jour
L’économie de l’opium en Afghanistan est une opération de plusieurs milliards de dollars qui alimente la flambée du marché américain de l’héroïne et qui fait actuellement l’objet de débats et de préoccupations publiques.
Au cours de la dernière décennie, la production d’opium afghane a connu une forte augmentation. À son tour, le nombre d’héroïnomanes aux États-Unis a augmenté de façon spectaculaire. Y a-t-il une relation?
« Il y avait 189,000 utilisateurs d’héroïne aux Etats-Unis en 2001, avant l’invasion de l’Afghanistan par les Etats-Unis et l’OTAN. En 2016, ce nombre s’élevait à 4,5 millions (2,5 millions d’héroïnomanes et 2 millions d’utilisateurs occasionnels). Les décès dû à l’héroïne sont passés de 1779 en 2001 à 10,574 en 2014, les champs de pavot à opium ayant métastasé de 7600 hectares en 2001 (début de la guerre américano-OTAN) à 224,000 hectares en 2016 (un hectare équivaut à environ 2,5 acres). Ironiquement, la soi-disant opération d’éradication américaine en Afghanistan a coûté environ 8,5 milliards de dollars aux contribuables américains depuis le début de la guerre entre les États-Unis et l’OTAN en octobre 2001 (Voir l’article de Sibel Edmonds, 22 août 2017). »
L’Afghanistan produit plus de 90% de l’opium qui alimente le marché de l’héroïne.
À leur tour, les États-Unis envoient maintenant plus de troupes en Afghanistan.
Nous ne devons pas oublier que la production d’opium a connu une forte hausse dans l’immédiat après l’invasion américaine en octobre 2001.
Qui protège les exportations d’opium hors d’Afghanistan?
En 2000-2001, « le gouvernement des Taliban, en collaboration avec les Nations Unies, a imposé une interdiction de la culture du pavot. En 2001, la production d’opium a diminué de plus de 90%. En fait, l’explosion de la production d’opium a coïncidé avec l’assaut de l’opération militaire dirigée par les États-Unis et la chute du régime des Taliban. D’octobre à décembre 2001, les agriculteurs ont commencé à replanter du pavot sur une base étendue (Cité de l’article ci-dessous) ».
L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), basé à Vienne, révèle que la culture du pavot s’étendait sur plus de 154,000 hectares en 2012, soit une augmentation de 18% par rapport à 2011. En 2013, un porte-parole de l’UNODC a confirmé que la production d’opium était montée à des niveaux jamais atteints.
En 2014, la culture de l’opium en Afghanistan a atteint un niveau record, selon l’enquête sur l’opium afghan de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (voir graphique ci-dessous). Une légère baisse s’est produite en 2015-2016.
La guerre est bonne pour les affaires. L’économie de l’opium afghan alimente un commerce lucratif de stupéfiants et de blanchiment d’argent.
En 2014, la culture de l’opium en Afghanistan atteignait un niveau record. Graphique Source: United Nations Office on Drugs and Crime’s (UNODC)
Selon l’enquête sur l’opium menée en Afghanistan en 2012 et publiée en novembre 2012 par le Ministère de la lutte contre les stupéfiants (MCN) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC). La production potentielle d’opium en 2012 était de l’ordre de 3700 tonnes, soit une baisse de 18% par rapport à 2001, selon les données de l’UNODC.
Il y a des raisons de croire que ce chiffre de 3700 tonnes est largement sous-estimé. De plus, cela contredit les prédictions de l’UNOCD concernant les récoltes record sur une zone de culture étendue.
Bien que le mauvais temps et les cultures endommagées aient pu jouer un rôle tel que suggéré par l’ONUDC, sur la base des tendances historiques, la production potentielle d’une zone de culture de 154,000 hectares devrait dépasser largement les 6000 tonnes. Avec 80,000 hectares cultivés en 2003, la production était déjà de l’ordre de 3600 tonnes.
Il convient de noter que l’UNODC a modifié les concepts et les chiffres sur les ventes d’opium et la production d’héroïne, comme indiqué par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT).
Un changement dans la méthodologie de l’ONU en 2010 a entraîné une révision à la baisse des estimations de production d’héroïne afghane pour 2004-2011. L’UNODC estimait que la totalité de l’opium global était transformée en héroïne et fournissait des estimations de la production mondiale d’héroïne sur cette base. Avant 2010, un taux de conversion global d’environ 10 kg d’opium pour 1 kg d’héroïne a été utilisé pour estimer la production mondiale d’héroïne (17). Par exemple, on estime que les quelque 4620 tonnes d’opium récoltées dans le monde en 2005 permettaient de fabriquer 472 tonnes d’héroïne (UNODC, 2009a). Toutefois, l’UNODC estime désormais qu’une grande partie de la récolte d’opium en Afghanistan n’est pas transformée en héroïne ou en morphine, mais reste « disponible sur le marché des drogues sous forme d’opium » (UNODC, 2010a). … Rapport de l’UE sur les marchés de la drogue: analyse stratégique, OEDT, Lisbonne, janvier 2013
Rien n’indique qu’un pourcentage important de la production d’opium ne soit plus transformé en héroïne, comme le prétendent les Nations Unies. Cette méthodologie révisée de l’UNODC a permis, par la manipulation pure et simple de concepts statistiques, de réduire artificiellement la taille du commerce mondial de l’héroïne.
Selon l’UNODC, cité dans le rapport de l’OEDT:
« On estime que 3400 tonnes d’opium afghan n’ont pas été transformées en héroïne ou en morphine en 2011. Comparée aux années précédentes, cette proportion est exceptionnellement élevée, représentant près de 60% de la récolte d’opium en Afghanistan et près de 50% la récolte mondiale en 2011.
Ce que l’UNODC, dont le mandat est de soutenir la prévention des activités criminelles organisées, a fait est d’obscurcir l’importance et la nature criminelle du trafic de drogue afghan, laissant entendre – sans preuve – qu’une grande partie de l’opium n’est plus dirigée vers le marché illégal de l’héroïne.
En 2012 selon l’UNODC, les prix à la production de l’opium étaient de l’ordre de 196 par kg.
Chaque kg. d’opium produit 100 grammes d’héroïne pure. Les prix de détail de l’héroïne aux États-Unis (avec un faible niveau de pureté) sont, selon l’UNODC, de l’ordre de 172 dollars le gramme. Le prix par gramme d’héroïne pure est sensiblement plus élevé.
Les bénéfices sont largement récoltés au niveau des marchés internationaux de gros et de détail de l’héroïne ainsi que dans le processus de blanchiment d’argent dans les institutions bancaires occidentales.
Les revenus tirés du commerce mondial de l’héroïne constituent une manne de plusieurs milliards de dollars pour les institutions financières et le crime organisé.
Production record en 2016. Faux programme d’éradication
Selon l’UNODC:
« La production d’opium en Afghanistan a augmenté de 43 pour cent, soit 4800 tonnes, en 2016 par rapport aux niveaux de 2015, selon les derniers chiffres de l’Afghanistan Opium Survey publiés aujourd’hui par le ministère afghan de la lutte contre les stupéfiants et l’UNODC. La superficie consacrée à la culture du pavot à opium a également augmenté pour atteindre 201,000 hectares (ha) en 2016, soit une augmentation de 10% par rapport aux 183,000 hectares de 2015.
Cela représente une multiplication par vingt des superficies cultivées en opium depuis l’invasion américaine d’octobre 2001. En 2016, la production d’opium a augmenté d’environ 25 fois par rapport à 2001, passant de 185 tonnes en 2001 à 4800 tonnes en 2016.
L’article suivant, publié pour la première fois en mai 2005, donne un aperçu de l’histoire du commerce de l’opium afghan qui continue à ce jour d’être protégée par les forces d’occupation américaines et de l’OTAN au nom de puissants intérêts financiers.
Michel Chossudovsky, janvier 2015, août 2017, chiffres mis à jour pour 2016
Le butin de guerre: le commerce d’héroïne de plusieurs milliards de dollars en Afghanistan
par Michel Chossudovsky
Global Research, mai 2005
Depuis l’invasion de l’Afghanistan par les États-Unis en octobre 2001, le commerce de l’opium du Croissant d’Or a explosé. Selon les médias américains, cette contrebande lucrative est protégée par Oussama Ben Laden, les Talibans et, bien sûr, les seigneurs de la guerre, au mépris de la « communauté internationale ».
On affirme que l’héroïne « remplit les coffres des Talibans ». D’après le Département d’État américain:
« L’opium rapporte plusieurs milliards de dollars aux groupes extrémistes et criminels … Eliminer l’approvisionnement en opium est essentiel pour établir une démocratie sûre et stable, ainsi que pour gagner la guerre mondiale contre le terrorisme » (Déclaration du Secrétaire d’État adjoint Robert Charles, Audience du Congrès, 1er avril 2004)
Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), la production d’opium en Afghanistan était estimée à 3600 tonnes en 2003, avec une superficie cultivée estimée à 80,000 hectares. (UNODC à http://www.unodc.org/unodc/index.html). Une récolte record encore plus importante a été prévue pour 2004.
Le Département d’Etat suggère que jusqu’à 120,000 hectares étaient cultivés en 2004. (Audience du Congrès, op cit):
« Nous pourrions être sur la voie d’une poussée significative. Certains observateurs indiquent une croissance de 50 à 100% de la récolte de 2004 par rapport aux chiffres déjà troublants de l’année dernière. »(Ibid.)
« Operation Containment »
En réponse à l’essor post-taliban de la production d’opium, l’administration Bush a intensifié ses activités antiterroristes, tout en allouant des sommes importantes à l’initiative de l’Administration de lutte contre la drogue (Drug Enforcement Administration DEA) en Asie occidentale, cette politique étant baptisée « Operation Containment ».
Les divers rapports et déclarations officielles sont, bien sûr, mêlés à l’autocritique « équilibrée » habituelle selon laquelle « la communauté internationale n’en fait pas assez » et que nous avons besoin de « transparence ».
Les titres médiatiques sont:
« Les drogues, les seigneurs de la guerre et l’insécurité éclipsent le chemin de l’Afghanistan vers la démocratie ». En chœur, les médias américains accusent le défunt régime islamiste « dur », sans même mentionner que les Talibans – en collaboration avec les Nations unies – avaient imposé une interdiction de la culture du pavot en 2000. La production d’opium avait alors baissé de plus de 90% en 2001. En fait, l’explosion de la production d’opium a coïncidé avec l’assaut de l’opération militaire menée par les États-Unis et la chute du régime des Talibans. D’octobre à décembre 2001, les agriculteurs ont commencé à replanter du pavot à grande échelle.
Le succès du programme afghan d’éradication de la drogue sous les Talibans en 2000 a été reconnu lors de la session d’octobre 2001 de l’Assemblée générale des Nations Unies (qui a eu lieu quelques jours à peine après le début des bombardements de 2001). Aucun autre pays membre de l’UNODC n’a été en mesure de mettre en œuvre un programme comparable:
« En ce qui concerne le contrôle des drogues, je m’attendais à concentrer mes remarques sur les conséquences de l’interdiction de la culture du pavot à opium par les Talibans dans les zones sous leur contrôle … Nous avons maintenant les résultats de notre enquête annuelle sur la culture du pavot en Afghanistan. La production de cette année [2001] est d’environ 185 tonnes. Cela est en baisse par rapport aux 3300 tonnes de l’an dernier [2000], soit une diminution de plus de 94%. Par rapport à la récolte record de 4700 tonnes d’il y a deux ans, la diminution est bien supérieure à 97 pour cent.
Toute diminution des cultures illicites est la bienvenue, en particulier dans des cas comme celui-ci, où aucun déplacement [des cultures], sur place ou dans d’autres pays, n’a eu lieu pour affaiblir la réussite. »
(Remarques au nom du Directeur exécutif de l’UNODC à l’Assemblée générale des Nations Unies, octobre 2001, http://www.unodc.org/unodc/en/speech_2001-10-12_1.html)
La dissimulation des Nations Unies
Dans le sillage de l’invasion américaine se produit un changement de rhétorique. L’UNODC agit maintenant comme si l’interdiction de l’opium de 2000 n’avait jamais eu lieu:
« La bataille contre la culture des stupéfiants a été menée et gagnée dans d’autres pays et il est possible de le faire ici [en Afghanistan], avec une gouvernance forte et démocratique, une assistance internationale et une sécurité et une intégrité accrues ». (Déclaration du représentant de l’UNODC en Afghanistan à la Conférence internationale de lutte contre les stupéfiants de février 2004, http://www.unodc.org/pdf/afg/afg_intl_counter_narcotics_conf_2004.pdf, page 5).
En fait, Washington et l’UNODC prétendent maintenant que l’objectif des Talibans en 2000 n’était pas vraiment « l’éradication de la drogue », mais un stratagème détourné pour déclencher « une pénurie artificielle d’approvisionnement » dans le but de faire grimper les prix mondiaux de l’héroïne.
Ironiquement, cette logique tordue, qui fait désormais partie d’un nouveau « consensus des Nations Unies », est réfutée par un rapport du bureau de l’UNODC au Pakistan, qui a confirmé, à l’époque, qu’il n’y avait aucune preuve de stockage par les Talibans. (Deseret News, Salt Lake City, Utah, 5 octobre 2003)
L’agenda caché de Washington: relancer le commerce de la drogue
À la suite du bombardement de l’Afghanistan par les États-Unis en 2001, le gouvernement britannique de Tony Blair a été chargé par le Groupe G-8 des principaux pays industrialisés d’exécuter un programme d’éradication de la drogue qui devait permettre en théorie aux cultivateurs afghans de pavot de se recycler dans d’autres cultures. Les Britanniques travaillaient à Kaboul en étroite liaison avec l’opération « Containment » de la DEA américaine.
Le programme, parrainé par le Royaume-Uni, d’éradication des cultures est un écran de fumée évident. Depuis octobre 2001, la culture du pavot à opium a explosé. La présence des forces d’occupation en Afghanistan n’a pas entraîné l’éradication de la culture du pavot. C’est plutôt l’inverse.
L’interdiction de l’opium par les Talibans avait effectivement provoqué « le début d’une pénurie d’héroïne en Europe vers la fin de 2001 », comme l’a reconnu l’UNODC.
L’héroïne est une entreprise de plusieurs milliards de dollars soutenue par des intérêts puissants, ce qui nécessite un flux de marchandises stable et sûr. L’un des objectifs « cachés » de la guerre était précisément de ramener le commerce de la drogue parrainé par la CIA à son niveau historique et d’exercer un contrôle direct sur les routes de la drogue.
Immédiatement après l’invasion d’octobre 2001, les marchés de l’opium ont été restaurés. Les prix de l’opium ont monté en flèche. Au début de 2002, le prix de l’opium (en dollars/kg) était presque 10 fois plus élevé qu’en 2000.
En 2001, sous les Talibans, la production d’opiacés s’élevait à 185 tonnes, passant à 3400 tonnes en 2002 sous le régime fantoche du président Hamid Karzaï, parrainé par les États-Unis.
Tout en soulignant la lutte patriotique de Karzaï contre les Talibans, les médias omettent de mentionner qu’il avait auparavant collaboré avec ces derniers. Il a également été à la solde d’une grande compagnie pétrolière américaine, UNOCAL. En fait, depuis le milieu des années 1990, Hamid Karzaï a agi en tant que consultant et lobbyiste pour UNOCAL dans les négociations avec les Talibans. Selon le journal saoudien Al-Watan:
« Karzaï est un opérateur secret de la Central Intelligence Agency depuis les années 1980. Il a collaboré avec la CIA pour canaliser l’aide américaine aux Talibans à partir de 1994 quand les Américains ont secrètement et par l’intermédiaire des Pakistanais [en particulier l’ISI] soutenu l’accession au pouvoir des Talibans. « (Cité dans Karen Talbot, US Energy Giant Unocal Kaboul, Global Outlook, n ° 1, printemps 2002. page 70. Voir aussi BBC Monitoring Service, 15 décembre 2001)
Histoire du commerce de drogue du Croissant d’Or
Il convient de rappeler l’histoire du commerce de la drogue du Croissant d’Or, qui est intimement liée aux opérations secrètes de la CIA dans la région depuis la guerre soviéto-afghane et ses conséquences.
Avant la guerre soviéto-afghane (1979-1989), la production d’opium en Afghanistan et au Pakistan était destinée à de petits marchés régionaux. Il n’y avait pas de production locale d’héroïne. (Alfred McCoy, Drug Fallout: la complicité de quarante ans de la CIA dans le commerce des stupéfiants, The Progressive, 1er août 1997).
L’économie afghane des stupéfiants fut un projet soigneusement conçu par la CIA et soutenu par la politique étrangère américaine.
Comme l’ont révélé les scandales Iran-Contra et Bank of Commerce et Credit International (BCCI), les opérations secrètes de la CIA en soutien des moudjahidines afghans ont été financées par le blanchiment de l’argent de la drogue. « L’argent sale » a été recyclé – à travers un certain nombre d’institutions bancaires (au Moyen-Orient) ainsi que par des sociétés écrans anonymes de la CIA, en « argent caché », utilisé pour financer divers groupes d’insurgés pendant la guerre soviéto-afghane et ses conséquences:
« Parce que les Etats-Unis voulaient fournir aux rebelles moudjahidin en Afghanistan des missiles Stinger et d’autres équipements militaires, ils avaient besoin de la pleine coopération du Pakistan. Au milieu des années 1980, la présence de la CIA à Islamabad était une des plus importantes au monde. « Si la BCCI est si embarrassante pour les Etats-Unis et que des enquêtes franches ne sont pas menées, cela a beaucoup à voir avec le fait que les Etats-Unis se sont tournés vers le trafic d’héroïne au Pakistan », a déclaré un officier du renseignement américain (“The Dirtiest Bank of All,” Time, July 29, 1991, p. 22.).
L’étude d’Alfred McCoy confirme que seulement deux ans après le déclenchement des opérations clandestines de la CIA en Afghanistan, en 1979,
« les régions frontalières entre le Pakistan et l’Afghanistan sont devenu la première source mondiale d’héroïne, fournissant 60 % de la demande américaine. Au Pakistan, la population d’héroïnomanes est passée de près de zéro en 1979 à 1,2 million en 1985, soit une augmentation beaucoup plus forte que dans n’importe quelle autre pays. »
« Les actifs de la CIA contrôlaient à nouveau le commerce d’héroïne. Alors que les moudjahidines s’emparaient de territoires à l’intérieur de l’Afghanistan, ils ordonnaient aux paysans de planter de l’opium comme une taxe révolutionnaire. De l’autre côté de la frontière pakistanaise, des dirigeants afghans et des syndicats locaux, sous la protection des services de renseignement pakistanais, exploitaient des centaines de laboratoires d’héroïne. Au cours de cette décennie de trafic de drogue, l’Agence antidrogue américaine d’Islamabad (la DEA) a échoué à provoquer des saisies ou des arrestations majeures.
Les autorités américaines avaient refusé d’enquêter sur les accusations de trafic d’héroïne par leurs alliés afghans parce que la politique américaine en matière de stupéfiants en Afghanistan était subordonnée à la guerre contre l’influence soviétique dans ce pays. En 1995, l’ancien directeur de l’opération afghane, Charles Cogan, a avoué que la CIA avait effectivement sacrifié la Guerre contre la drogue à la Guerre froide. « Notre mission principale était d’infliger autant de dégâts que possible aux Soviétiques. Nous n’avions pas vraiment les ressources ou le temps nécessaires pour mener une enquête sur le trafic de drogue: « Je ne pense pas que nous devions nous excuser pour cela. Chaque situation a ses retombées. Il y a eu des retombées en termes de drogues, oui. Mais l’objectif principal a été accompli. Les Soviétiques ont quitté l’Afghanistan » (McCoy, op cit).
Le rôle de la CIA, qui est amplement documenté, n’est pas mentionné dans les publications officielles de l’UNODC, qui se concentrent sur les facteurs sociaux et politiques internes. Inutile de dire que les racines historiques du commerce de l’opium ont été grossièrement déformées (Voir UNODC http://www.unodc.org/pdf/publications/afg_opium_economy_www.pdf).
Selon l’UNODC, la production d’opium en Afghanistan a augmenté de plus de 15 fois depuis 1979. À la suite de la guerre soviéto-afghane, la croissance de l’économie des stupéfiants s’est poursuivie sans relâche. Les Talibans, qui ont été soutenus par les États-Unis, ont d’abord contribué à la poursuite de la croissance de la production d’opiacés jusqu’à l’interdiction de l’opium en 2000 (Voir UNODC http://www.unodc.org/pdf/publications/afg_opium_economy_www.pdf).
Ce recyclage de l’argent de la drogue a été utilisé pour financer les insurrections de l’après-guerre froide en Asie centrale et dans les Balkans, y compris Al-Qaïda (Pour plus de détails, voir Michel Chossudovsky, La guerre et la mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre, Perspectives mondiales, 2002, http://globalresearch.ca/globaloutlook/truth911.html).
Stupéfiants: troisième après le pétrole et le commerce des armes
Les revenus générés par le trafic de la drogue afghane parrainé par la CIA sont considérables. Le commerce afghan d’opiacés constitue une part importante du chiffre d’affaires annuel mondial des stupéfiants, estimé par l’ONU à 400-500 milliards de dollars (Douglas Keh, L’argent des drogues dans un monde en évolution, document technique n ° 4, 1998, PNUCID Vienne, page 4. Voir aussi Programme des Nations Unies pour le contrôle des drogues, Rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants pour 1999, E/ INCB/1999/1 Nations Unies, Vienne 1999, p.49-51, et Richard Lapper, L’ONU craint la croissance du commerce d’héroïne, Financial Times, 24 février 2000). Au moment de la publication de ces chiffres de l’ONU (1994), le commerce mondial (estimé) de drogues était du même ordre de grandeur que celui du pétrole.
Le FMI estime que le blanchiment d’argent mondial se situe entre 590 milliards et 1 500 milliards de dollars par an, soit 2 à 5% du PIB mondial. (Asian Banker, 15 août 2003). Une part importante du blanchiment d’argent mondial, telle qu’estimée par le FMI, est liée au commerce des stupéfiants.
Basé sur des chiffres récents (2003), le trafic de drogue constitue « le troisième produit mondial en termes de liquidités après le pétrole et le commerce des armes » (The Independent, 29 février 2004).
De plus, les chiffres ci-dessus, y compris ceux sur le blanchiment d’argent, confirment que les groupes terroristes et les chefs de guerre ne s’approprient pas la majeure partie des revenus associés au commerce mondial des stupéfiants, comme le suggère le rapport de l’UNODC.
Il existe de puissants intérêts commerciaux et financiers derrière la drogue. De ce point de vue, le contrôle géopolitique et militaire des routes de la drogue est aussi stratégique que celui du pétrole et des oléoducs.
Toutefois, ce qui distingue la drogue des commerces légaux est que les narcotiques constituent une source majeure de richesse non seulement pour le crime organisé, mais aussi pour l’appareil de renseignement américain qui devient de plus en plus un acteur puissant dans les domaines bancaire et financier.
À son tour, la CIA, qui protège le commerce de la drogue, a développé des liens complexes d’affaires et d’infiltration avec les principaux groupes criminels impliqués dans ce trafic.
En d’autres termes, les agences de renseignement et les puissants syndicats d’affaires alliés au crime organisé se disputent le contrôle stratégique des routes de l’héroïne. Les revenus de plusieurs milliards de dollars provenant du trafic de drogue sont déposés dans le système bancaire occidental. La plupart des grandes banques internationales ainsi que leurs filiales dans les paradis bancaires offshore blanchissent de grandes quantités de narco-dollars.
Ce commerce ne peut prospérer que si les principaux acteurs impliqués dans les stupéfiants ont des « amis politiques haut placés ». Les entreprises légales et illégales sont de plus en plus interdépendantes, la ligne de démarcation entre les « hommes d’affaires » et les criminels est floue. À leur tour, les relations entre les criminels, les politiciens et les membres de la direction du renseignement ont entaché les structures de l’État et le rôle de ses institutions.
Ou va l’argent? Qui profite du commerce de l’opium afghan?
Ce commerce est caractérisé par un réseau complexe d’intermédiaires. Il y a différentes étapes dans le trafic de drogue, plusieurs marchés interdépendants, de l’éleveur de pavot appauvri en Afghanistan aux marchés de gros et de détail de l’héroïne dans les pays occidentaux. En d’autres termes, il existe une « hiérarchie des prix » pour les opiacés.
Cette hiérarchie des prix est reconnue par l’administration américaine: « L’héroïne afghane se vend sur le marché international des stupéfiants 100 fois le prix que les agriculteurs obtiennent pour leur opium dès la sortie du champ » (Département d’Etat américain cité par Voice of America (VOA), 27 février 2004).
Selon l’UNODC, l’opium en Afghanistan a généré en 2003 « un revenu d’un milliard de dollars américains pour les agriculteurs et de 1,3 milliard de dollars américains pour les trafiquants, soit plus de la moitié du revenu national de ce pays ».
Conformément à ces estimations de l’UNODC, le prix moyen de l’opium frais était de 350 dollars le kilo (2002) et la production de 2002 était de 3400 tonnes. (http://www.poppies.org/news/104267739031389.shtml).
L’estimation de l’UNDOC, basée sur les prix locaux de vente à la ferme et de gros, ne représente toutefois qu’un très faible pourcentage du chiffre d’affaires total du trafic de la drogue afghane qui rapporte plusieurs milliards de dollars. L’UNODC estime à 30 milliards de dollars le « chiffre d’affaires annuel total du commerce international » des opiacés afghans. L’examen des prix de gros et de détail de l’héroïne dans les pays occidentaux laisse toutefois supposer que les recettes totales générées, y compris celles du commerce de détail, sont nettement plus élevées.
Prix de gros de l’héroïne dans les pays occidentaux
On estime qu’un kilo d’opium produit environ 100 grammes d’héroïne (pure). La DEA américaine confirme que l’héroïne SWA (South West Asia ce qui veut dire l’Afghanistan) à New York se vendait à la fin des années 1990 de 85,000 à 190,000 dollars par kilogramme en gros avec un taux de pureté de 75% (National Drug Intelligence Centre, http://www.usdoj.gov/ndic/pubs/648/ny_econ.htm).
Selon la Drug Enforcement Administration des États-Unis, « le prix de l’héroïne SEA (Asie du Sud-Est) varie entre 70,000 et 100,000 dollars par unité (700 grammes) et la pureté de l’héroïne se situe entre 85 et 90 pour cent » (ibid.). L’unité SEA de 700 gr (85-90% de pureté) se traduit par un prix de gros par kg. pour l’héroïne pure allant de 115,000 à 163 000 dollars.
Les chiffres de la DEA cités ci-dessus, tout en reflétant la situation dans les années 90, sont globalement conformes aux chiffres britanniques récents. Selon un rapport publié dans le Guardian (11 août 2002), le prix de gros de l’héroïne (pure) à Londres (Royaume-Uni) était de l’ordre de 50,000 livres sterling, soit environ 80,000 dollars (2002).
Considérant qu’il existe une concurrence entre les différentes sources d’approvisionnement en héroïne, il convient de souligner que l’héroïne afghane représente un pourcentage relativement faible du marché américain de l’héroïne, qui est en grande partie fourni à partir de la Colombie.
Prix de détail:
USA
« La NYPD note que les prix de détail de l’héroïne sont en baisse et que la pureté est relativement élevée. L’héroïne se vendait auparavant à environ 90 dollars le gramme, mais elle se vend maintenant entre 65 et 70 dollars le gramme ou même moins. Des informations anecdotiques provenant de la NYPD indiquent que la pureté pour un sac d’héroïne varie généralement de 50 à 80%, mais peut être aussi faible que 30%. D’après les données de juin 2000, les paquets (10 sachets) achetés par de petits dealers en quantités plus importantes (environ 150 paquets) auprès de vendeurs dominicains se vendaient à 40 dollars pièce ou 55 dollars pièce à Central Park. La DEA rapporte qu’une once d’héroïne se vend habituellement de 2500 à 5000 dollars, un gramme de 70 à 95 dollars, un paquet de 80 à 90 dollars et un sachet à 10 dollars. Le DMP rapporte que la pureté moyenne de l’héroïne au niveau de la rue en 1999 était d’environ 62% » (National Drug Intelligence Center, http://www.usdoj.gov/ndic/pubs/648/ny_econ.htm).
Les chiffres des prix de détail de la NYPD et de la DEA semblent cohérents. Le prix donné par la DEA de 70 à 95 dollars, avec une pureté de 62 pour cent, se traduit par 112 à 153 dollars par gramme d’héroïne pure. Les chiffres de NYPD sont à peu près similaires avec peut-être des estimations plus faibles pour la pureté.
Il convient de noter que lorsque l’héroïne est achetée en très petites quantités, le prix de détail a tendance à être beaucoup plus élevé. Aux États-Unis, l’achat est souvent effectué par « sachets »; selon Rocheleau et Boyum un sachet typique contient 25 milligrammes d’héroïne pure.
(http://www.whitehousedrugpolicy.gov/publications/drugfact/american_users_spend/appc.html)
Un sachet de 10 dollars à New York (selon le chiffre de la DEA cité ci-dessus) représenterait un prix de 400 dollars par gramme, chaque sac contenant 0,025 gr. d’héroïne pure. (op cit). En d’autres termes, pour les très petits achats commercialisés par les vendeurs de rue, la marge de détail tend à être significativement plus élevée. Dans le cas de l’achat du sachet de 10 $, il est environ 3 à 4 fois le prix de détail par gramme correspondant (112 $ – 153 $)
Royaume-Uni
En Grande-Bretagne, le prix de vente au détail par gramme d’héroïne, selon les sources de la police britannique, « est tombé de 74 livres en 1997 à 61 livres [en 2004]. » [C.-à-d. d’environ 133 dollars à 110, selon le taux de change de 2004] (Independent, 3 mars 2004). Dans certaines villes, il était aussi bas que 30-40 livres par gramme avec un faible niveau de pureté. (AAP News, 3 mars 2004). Selon Drugscope (http://www.drugscope.org.uk/), le prix moyen d’un gramme d’héroïne en Grande-Bretagne se situe entre 40 et 90 livres (de 72 à 162 dollars le gramme) (le rapport ne mentionne pas la pureté) . Le prix de vente de l’héroïne était de 60 livres par gramme en avril 2002, selon le National Criminal Intelligence Service.
(Voir: drugscope.org.uk)
La hiérarchie des prix
Nous avons affaire à une hiérarchie des prix, du prix à la production dans le pays producteur, à la hausse, jusqu’au prix de détail final. Ce dernier représente souvent 80-100 fois le prix payé à l’agriculteur.
En d’autres termes, le produit opiacé traverse plusieurs marchés, du pays producteur au(x) pays de transbordement et de ce(s) dernier(s) aux pays consommateurs. Dans ce dernier cas, il existe de larges marges entre « le prix de débarquement » au point d’entrée, exigé par les cartels de la drogue et les prix de gros et ceux de détail dans la rue, protégés par le crime organisé occidental.
Le produit global du commerce afghan des stupéfiants
En Afghanistan, la production de 3600 tonnes d’opium déclarée en 2003 permettrait la production d’environ 360,000 kg d’héroïne pure. Selon l’ONUDC, les revenus bruts revenant aux agriculteurs afghans seraient de l’ordre de 1 milliard de dollars auquel on doit ajouter 1,3 milliard revenant aux trafiquants locaux.
Vendue sur les marchés occidentaux à un prix de gros de l’ordre de 100,000 dollars le kilo (avec un taux de pureté de 70%), le produit de gros global (correspondant à 3 600 tonnes d’opium afghan) serait de l’ordre de 51,4 milliards de dollars. Ce dernier constitue une estimation prudente basée sur les différents chiffres des prix de gros de la section précédente.
Le produit total du commerce de stupéfiants afghans (en termes de valeur ajoutée totale) est estimé en utilisant le prix de détail final de l’héroïne. En d’autres termes, la valeur au détail du commerce est en fin de compte le critère pour mesurer l’importance du commerce de la drogue en termes de génération de revenus et de création de richesse.
Une estimation significative de la valeur de détail est cependant presque impossible à établir en raison du fait que les prix de détail varient considérablement dans les zones urbaines, d’une ville à l’autre et entre pays consommateurs, sans parler des variations de pureté et de qualité. .
Les données sur les marges des détaillants, à savoir la différence entre les prix de gros et de détail dans les pays consommateurs, suggèrent néanmoins qu’une part importante du produit total (monétaire) du commerce de la drogue est générée au niveau du détail.
En d’autres termes, une part importante du produit du commerce de la drogue revient aux syndicats criminels et commerciaux des pays occidentaux impliqués dans les marchés locaux de gros et de détail des stupéfiants. Et les différentes bandes criminelles impliquées dans le commerce de détail sont invariablement protégées par les syndicats du crime « d’entreprise ».
90% de l’héroïne consommée au Royaume-Uni provient d’Afghanistan. En utilisant le chiffre britannique de 110 dollars le gramme (avec un niveau de pureté supposé de 50%), la valeur totale du commerce de stupéfiants afghans en 2003 (3600 tonnes d’opium) serait de l’ordre de 79,2 milliards de dollars. Ce dernier devrait être considéré comme une simulation plutôt qu’une estimation.
Selon cette hypothèse (simulation), un milliard de dollars de revenus bruts pour les agriculteurs en Afghanistan (2003) générerait des revenus mondiaux de stupéfiants, -s’accumulant à divers stades et sur différents marchés- de l’ordre de 79,2 milliards de dollars. Ces recettes globales reviennent aux syndicats d’entreprises, aux agences de renseignement, au crime organisé, aux institutions financières, aux grossistes, aux détaillants, etc. impliqués directement ou indirectement dans le commerce de la drogue.
À son tour, le produit de ce commerce lucratif est déposé dans les banques occidentales, qui constituent un mécanisme essentiel dans le blanchiment de l’argent sale.
Un très faible pourcentage revient aux agriculteurs et aux commerçants du pays producteur. Gardez à l’esprit que le revenu net revenant aux agriculteurs afghans ne représente qu’une fraction du montant estimé à 1 milliard de dollars. Ce dernier ne comprend pas les paiements d’intrants agricoles, les intérêts sur les prêts aux prêteurs d’argent, la protection politique, etc.
(Voir aussi ONUDC, L’économie de l’opium en Afghanistan, http://www.unodc.org/pdf/publications/afg_opium_economy_www.pdf, Vienne, 2003, p.7-8)
La part de l’héroïne afghane dans le marché mondial des drogues
L’Afghanistan produit plus de 70% de l’offre mondiale d’héroïne et cette drogue représente une fraction non négligeable du marché mondial des stupéfiants, estimé par l’ONU à 400-500 milliards de dollars.
Il n’existe pas d’estimations fiables sur la répartition du commerce mondial des stupéfiants entre les catégories principales: Cocaïne, Opium / Héroïne, Cannabis, Stimulants de type amphétamine (ATS), Autres drogues.
Le blanchiment de l’argent de la drogue
Le produit du commerce de la drogue est déposé dans le système bancaire. L’argent de la drogue est blanchi dans les nombreux paradis bancaires offshore de Suisse, du Luxembourg, des îles anglo-normandes, des îles Caïmans et d’une cinquantaine d’autres endroits dans le monde. C’est ici que les syndicats criminels impliqués dans le commerce de la drogue et les représentants des plus grandes banques commerciales du monde interagissent. De l’argent sale est déposé dans ces paradis offshore, contrôlés par les principales banques commerciales occidentales. Ces derniers ont tout intérêt à maintenir et à soutenir le commerce de la drogue (Pour plus de détails, voir Michel Chossudovsky, La corruption à l’assaut des Etats – Comment les mafias gangrènent l’économie mondiale, Le Monde diplomatique décembre 1996 https://www.monde-diplomatique.fr/1996/12/CHOSSUDOVSKY/5945).
Une fois que l’argent a été blanchi, il peut être recyclé en investissements de bonne foi non seulement dans l’immobilier, les hôtels, etc., mais aussi dans d’autres domaines tels que l’économie des services et la production d’usine. L’argent sale et caché est également canalisé dans divers instruments financiers, y compris le commerce des produits dérivés, des produits primaires, des stocks et des obligations d’État.
Remarques finales: Criminalisation de la politique étrangère américaine
La politique étrangère américaine soutient le fonctionnement d’une économie criminelle florissante dans laquelle la démarcation entre le capitalisme traditionnel et le crime organisé s’estompe de plus en plus.
L’industrie de l’héroïne ne « remplit pas les coffres des talibans » comme le prétendent le gouvernement américain et la communauté internationale: bien au contraire! Le produit de ce commerce illégal est la source de la formation de la richesse, largement récoltée par de puissants intérêts commerciaux/criminels dans les pays occidentaux. Ces intérêts sont soutenus par la politique étrangère américaine.
La prise de décision au Département d’État américain, à la CIA et au Pentagone contribue à soutenir ce commerce hautement rentable de plusieurs milliards de dollars, le troisième en valeur marchande après le pétrole et le commerce des armes.
L’économie de la drogue afghane est « protégée ».
Le commerce de l’héroïne faisait partie des plans de guerre. Ce que cette guerre aura accompli, c’est le rétablissement d’un narco-régime dirigé par un gouvernement fantoche nommé par les États-Unis.
Les puissants intérêts financiers derrière les stupéfiants sont soutenus par la militarisation des principaux triangles de la drogue (et des routes de transbordement), y compris le Croissant d’Or et la région andine d’Amérique du Sud (dans le cadre de l’Initiative andine).
Ci-dessus : La culture du pavot à opium en Afghanistan
Michel Chossudovsky
Source: PNUCID, Afghanistan, Enquête sur le pavot à opium, 2001, UNOCD, Enquête sur le pavot à opium, 2002. http://www.unodc.org/pdf/afg/afg_opium_survey_2002.pdf
Voir aussi le communiqué de presse: http://www.unodc.org/unodc/press_release_2004-03-31_1.html, et 2003 Survey: http://www.unodc.org/pdf/afg/afghanistan_opium_survey_2003.pdf
Source : Mondialisation.ca 21 novembre 2017