Une trentaine d’élus de la région parisienne se sont réunis ce mercredi soir, gare d’Austerlitz à Paris pour alerter le gouvernement sur la situation “catastrophique” des sans-abri en France. Tous ont passé la nuit dehors, par -2 degrés.
Cette opération, ce “coup de com” comme le définit elle-même son organisatrice Mama Sy, adjointe (LR) maire d’Etampes (Essonne) a démarré ce mercredi soir aux alentours de 21h à la gare d’Austerlitz à Paris. Echarpes (bleu blanc rouge) autour du cou, une trentaine d’élus de tout bord politique et des différents départements de la région parisienne ont répondu à l’appel. Parmi eux, de nombreux conseillers municipaux et le sénateur (PS) du Val-d’Oise, Rachid Témal.
512 “SDF” morts en 2017
Tous dénoncent la situation “catastrophique” des sans-abri en France et rappellent les derniers chiffres du Collectif Les morts de la rue selon qui près de 500 SDF meurent chaque année (depuis 2014) de froid ou de faim (512 en 2017). Un chiffre très certainement en deçà de la réalité, selon une étude réalisée par des statisticiens et mandatée par le collectif.
Rien qu’en île-de-France, on comptabilise déjà 20 décès”.
Réquisitionner les locaux publics
Les élus qui ont répondu à l’appel demandent au gouvernement “de maintenir le plan grand froid de manière pérenne” et de pouvoir “réquisitionner les appartements vides ou les locaux publics”. “Il y a énormément de patrimoine dans les communes, les départements, les régions : des casernes, des écoles, des châteaux. Commençons par réquisitionner ce qui nous appartient”, résume Mama Sy.
Coup de com
La plupart des élus présents à la gare d’Austerlitz sont venus équipés de duvets, d’autres, plus anonymes, sans écharpes, se sont simplement habillés pour affronter la neige et les températures en dessous de 0 degré. Dans le hall de la gare, un “syndicaliste de la CGT” (comme il s’est présenté) a dénoncé “cette opération de communication”. “On ne demande pas aux élus de dormir dans la rue, on leur demande de trouver des logements aux sans-abri”.
Les sans-abri, habitués des lieux, n’attendent plus grand chose des politiques mais admettent que cette nouvelle façon de faire de politique (par des élus, pour la plupart, jeunes et issus de la diversité) a le mérite de faire parler de leur situation. En 10 ans, le nombre de SDF a augmenté de 50% selon la Fondation Abbé Pierre.
Des élus passent la nuit dehors près de SDF… mais tous n’ont pas bénéficié de l’opération
Si le succès est au rendez-vous, de nombreux médias ayant couvert l’opération, les conditions dans lesquelles les élus ont dormi sont encore loin de ce que vivent au quotidien les SDF. Et certaines attitudes et réflexions ont terni l’image donnée par les élus, laissant penser à une opération de communication bien rodée. «Super il caille, là c’est parfait pour dormir», s’enthousiasme par exemple Abderrahim Ait Omar dans un sourire. «Aucun n’est venu me parler, parce qu’ils étaient trop occupés avec les journalistes», constate d’ailleurs amer, Medhi, un SDF.
Et loin des caméras et des élus, les migrants à la Porte de la Chapelle qui n’ont pas eu droit aux mêmes égards se sentent oubliés : «C’est pas la France, c’est pas vivable», estime l’un d’eux avant de réclamer qu’un gymnase soit mis à leur disposition.
Sources : France Bleu / Le Point / RT