Depuis 2010, la Chine investit de plus en plus en Europe, et notamment dans les pays ayant le plus souffert de la crise comme la Grèce ou le Portugal, qui lui déroulent le tapis rouge.
La crise pourrait être un tremplin pour les investisseurs chinois. Selon un article paru dans le Financial Times, le modèle d’investissement à l’étranger de la Chine évolue depuis plusieurs années et ces investissements devraient poursuivre leur progression amorcée depuis 2010.
Cette année-là, le stock total des investissements directs chinois dans l’Union européenne atteignait environ 6,1 milliards d’euros. A la fin de 2012, ce total avait quadruplé pour atteindre 27 milliards d’euros.
D’après les chiffres avancés par la Deutsche Bank, la Chine aurait conclu plus de deux cents fusions-acquisitions ou de joint-ventures dans les États membre de l’Union européenne, principalement dans les secteurs comme l’industrie, les produits de consommation, l’énergie et les matières premières, comme le rappelle l’analyse de Silvia Merler du think tank Bruegel.
La Chine a adapté sa stratégie selon les pays. L’Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont reçu le plus grand nombre de transactions. En Allemagne, l’investissement semble se concentrer principalement sur l'équipement, les énergies alternatives, les pièces automobiles et les équipements. En France, il s’est concentré sur les industries de consommation.
La Chine surfe sur la crise
Mais depuis 2012, la Chine a changé de pays cibles. L’Italie, la Grèce, le Portugal et l’Espagne sont devenus plus attractifs pour les investisseurs. Selon l’article, la Chine aurait déplacé dès 2010 ses objectifs d’investissements étrangers de placements en Afrique, en Asie et en Amérique latine initialement concentré sur les ressources naturelles vers certains actifs dans des pays européens qui, au plus haut de la crise, ont souvent dû privatiser rapidement et à bas prix.
Ainsi selon le Financial Times, des investisseurs chinois ou hongkongais ont soutenu environ 195 PME italiennes. De leur côté, les grandes entreprises ne sont pas en reste puisque les investisseurs chinois sont parvenus à y acquérir des participations. Ainsi la société chinoise State Grid a massivement investi dans le réseau électrique italien en achetant 35 % de la compagnie CDP Reti, comme l’explique Silvia Merler.
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De même en Grèce, les investisseurs chinois se concentrent sur le transport maritime et le tourisme. Ainsi en juin dernier, la Grèce et la Chine ont signé un accord pour la construction de navires pour 3,2 milliards de dollars, fiancé par la China development bank. Par ailleurs, la Grèce attire de plus en plus de touristes chinois.
Enfin au Portugal, les investissements chinois compteraient pour 45% de la privatisation totale menée dans le cadre du programme d’ajustement économique de l’UE et du Fonds monétaire international. Si au départ les investissements concernaient les services et les infrastructures de l’électricité en2014, ceux-ci se sont concentrés sur les services financiers, avec l’achat à hauteur de 80% de l’assureur portugais Caixa Seguros par le conglomérat chinois Fosun.
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On n’attire pas les mouches avec du vinaigre
Si la crise a attiré les investisseurs chinois en Europe, les États européens y ont vu une aubaine pour redynamiser le marché de l'immobilier. Ainsi selon le Financial Times, des pays comme la Lettonie, le Portugal, l’Espagne, la Grèce, Chypre ou encore la Hongrie ont « appâté » les acheteurs immobiliers en offrant des permis de résidence aux non-Européens lorsqu’une certaine somme est déboursée pour acheter une propriété.
C’est ce qu’on appelle le « visa d’or ». Ainsi au Portugal et en Espagne, un acheteur devra sortir 500.000 euros de sa poche alors qu’en Grèce et en Hongrie, ce montant n’est que de 250.000 euros.
Selon l’article, c’est au Portugal que cette pratique a le plus de succès avec 1360 visas accordés à des résidents d’États tiers dont 81% de Chinois. Et un investissement immobilier atteignant 900 millions d’euros.
Pour Silvia Merler, il semble que la crise de l'euro a ouvert à la Chine les portes d'investissements européens qui auraient été verrouillées dans un autre contexte. L’investissement chinois a donc encore de longues années de croissance devant lui.
Il s’agit d’un des nombreux dossiers abordés lors de la réunion du Dialogue Europe Asie de Milan. Lors de cette rencontre, l'UE et la Chine ont ainsi réaffirmé leur engagement pour « finaliser dès que possible les négociations sur un accord bilatéral d'investissement ambitieux, qui favorise l'ouverture des marchés.
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LIENS EXTERNES :
Bruegel
Financial Times
Commission européenne
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Source : EurActiv.fr / Par Anne-Claude Martin, le 17.10.2014 / Relayé par Meta TV
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