L’Europe n’a jamais consommé autant de gaz russe, malgré la volonté affichée depuis des années par Bruxelles de réduire sa dépendance. Gazprom a réalisé en 2017 des livraisons de gaz record vers les pays d’Europe et la Turquie – 193,9 milliards de m³. C’est 8 % de plus qu’en 2016. La part du gaz russe représente désormais un tiers de la consommation européenne.
Pour le géant russe, c’est une bonne nouvelle financière car ses exportations constituent sa principale source de profits. La victoire est aussi politique pour la Russie même si l’Union européenne multiplie les initiatives pour trouver d’autres sources d’approvisionnement.
Gazprom cherche ainsi à développer de nouveaux gazoducs mais l’UE traîne des pieds. Bruxelles a bloqué le projet russe South Stream vers le sud européen et se montre réticente face aux projets lancés depuis : TurkStream, via la Turquie, et Nord Stream 2, via la Baltique. « Il y a une schizophrénie entre la diplomatie et le marché en Europe.
Le marché sélectionne le gaz le moins cher à produire et à acheminer en Europe, et il s’agit du gaz russe. L’Europe se dit trop dépendante mais rien n’a été fait pour changer cela », estime Thierry Bros, chercheur à l’Oxford Institute for Energy Studies.
Pour l’UE, l’objectif de diversification des sources se heurte à un obstacle simple, relève Thierry Bros : cela « engendre des coûts supplémentaires, et la question est : qui va payer ? »
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Source : Le Télégramme /