En Octobre de l'année dernière, l’Espagne a été comparée à la Chine, après un premier trimestre de croissance qui faisait suite à neuf trimestres consécutifs d’une terrible récession.
Les coûts du travail en Espagne sont maintenant devenus plus faibles que ceux de l'Allemagne et largement inférieurs à ceux de pays concurrents tels que la France et l'Italie. En conséquence, les constructeurs automobiles ont investi l'année dernière plus de 1,5 milliard d’euros dans la production de nouveaux modèles en Espagne, selon les chiffres de l'Asociación Nacional de Fabricantes la Automóviles (ANFAC).
Un travailleur espagnol dans l'industrie automobile gagne aujourd'hui une moyenne de 22,53 euros par heure (charges sociales incluses). Aucun des «quatre grands» ne fait mieux: en France, un ouvrier gagne 36,35 euros, en Allemagne, 34,90 euros et en Italie, 26,63 euros. 34 modèles de voitures étaient encore produites en 2011 en Espagne, et il devrait y en avoir plus de 45 d'ici 2015.
Natixis affirme que l'Espagne joue aujourd'hui le rôle que la Chine avait joué dans les années nonante, celui du centre de production milieu de gamme pour les entreprises européennes et le marché européen.
Dans le Periódico de Catalunya, l'écrivain Xavier Bru de Sala redoute que l’Espagne ne devienne un pays de bas salaires: « Certains appellent ce pays qui est en train d’émerger « la petite Chine de l'Europe ». D'autres soulignent la formation d’une classe ouvrière à faible coût, parce que son niveau de revenu la condamne à des produits et des services bas-de-gamme.
Ceux qui ont rêvé que ce pays se modernise, après avoir mené les réformes structurelles nécessaires, pour rejoindre les grandes puissances, seront bientôt déçus, et probablement pour toujours.
La division des rôles a déjà été faite. Au sein de l’Europe, l'Espagne est condamnée à être un pays de seconde classe, avec quelques entreprises multinationales, qui ne laisseront que très peu d’argent dans le pays, un secteur industriel en pleine croissance principalement basé sur des capitaux étrangers qui bénéficie d’une législation de plus en plus favorable aux employeurs, et une compétitivité accrue qui résulte de ses bas salaires ». (…)
Un pays où la classe supérieure vit très confortablement, en particulier les intermédiaires et les administrateurs locaux des multinationales, qui prennent une part de plus en plus prépondérante dans les secteurs clés. La classe moyenne espagnole sera diluée à un rythme beaucoup plus rapide que dans le reste du monde capitaliste. (…) [Georges Plassat En Octobre, le directeur général de la chaîne française de supermarchés Carrefour en Espagne, avait déclaré que « la crise a anéanti la classe moyenne espagnole »].
« Plutôt que de rechercher une alternative globale pour investir dans le capital humain et la recherche productive, comme le font les pays prospères en matière de bien-être et de justice sociale, la gauche politique et les syndicats espagnols s'en tiennent au mirage d’un impossible retour à la situation d’avant-crise et ils défendent obstinément des droits acquis aussi légitimes qu’impossibles à financer, dans ce présent où nous souffrons, comme dans l’avenir qui nous attend ».
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Source(s): Express / Par Audrey Duperron, le 02.02.2014 / Relayé par Meta TV )