Des hommes armés ont massacré des dizaines de personnes, en majorité des chrétiens, dans le nord-est du Nigeria, ont déclaré dimanche un responsable local et des habitants.
«Ils ont tué beaucoup, beaucoup de gens dans une attaque samedi soir. Selon les dernières informations dont je dispose, plus de 60 personnes ont été tuées», a déclaré à l’AFP Maina Ularamu, un responsable de la région du village d’Izghe où s’est produite l’attaque.
Le responsable, qui s’exprimait depuis Abuja, la capitale fédérale, a ajouté devoir encore vérifier ces informations données par des habitants qui ont fui le village situé dans l’État de Borno, à 140 km de la capitale régionale, Maiduguri.
«Nous soupçonnons les assaillants d’appartenir à Boko Haram», un groupe islamiste armé qui poursuit une insurrection meurtrière dans le centre et le nord du Nigeria, à majorité musulmane, depuis 2009, a-t-il ajouté.
Un cultivateur qui a survécu à l’attaque d’Izghe, Barnabas Idi, a raconté à l’AFP avoir escaladé la clôture de sa maison et rampé quarante minutes pour se mettre en sécurité.
ILS «LES ONT MASSACRÉS»
«Les assaillants sont arrivés vers 21H30 (2030 GMT) à bord de six camions et pour certains en motos. Ils portaient des uniformes militaires. Ils ont demandé aux hommes de se rassembler à un endroit, et les ont tailladés et massacrés», a-t-il dit.
Certains agresseurs ont aussi fouillé maison par maison à la recherche de gens qui se cachaient, selon le témoin, précisant qu’aucun membre des forces de sécurité n’était présent dans le village au moment de l’attaque. Un autre habitant a confirmé ce récit du raid.
M. Ularamu, le responsable régional, a ajouté que les agresseurs «se sont emparés du village. Ils ont pillé les commerces et magasins d’alimentation et ont chargé leur butin dans des véhicules d’habitants et se sont enfuis dans la brousse».
L’attaque a privé des centaines de villageois de domicile, a ajouté le responsable qui devait se rendre à Maiduguri examiner les mesures humanitaires et de sécurité à prendre après une série de raids dans la région.
La semaine dernière, des militants de Boko Haram ont tué 43 personnes dans deux villages du Borno, provoquant l’exode de centaines d’habitants en direction de Maiduguri.
NOYADE D’HABITANTS
Par ailleurs, des hommes armés ont aussi attaqué samedi un village de pêcheurs sur le lac Tchad, a déclaré un porte-parole militaire, le lt-colonel Mohammed Dole.
Un habitant de Doron Baga, le village attaqué, a raconté que les assaillants avaient ouvert le feu, provoquant la noyade d’habitants qui fuyaient dans le lac. Aucun bilan n’était disponible dans l’immédiat.
L’armée nigériane poursuit une vaste offensive contre Boko Haram depuis mai dernier dans les États de Borno, d’Adamawa et Yobe, tous trois placés en état d’urgence dans le nord-est du Nigeria.
Mais les islamistes continuent leurs attaques et attentats, s’en prenant aux forces de sécurité, à la minorité chrétienne mais aussi aux milices d’auto-défense anti-Boko Haram formées par des habitants avec l’aide de l’armée.
Le président Goodluck Jonathan a exprimé sa frustration devant la difficulté à combattre Boko Haram et a remplacé le mois dernier les chefs de son armée.
Boko Haram affirme combattre pour l’instauration d’un État islamiste dans le nord du pays, une zone à dominante musulmane. Le sud du Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique, est majoritairement chrétien.
__________________________________________________________
Source(s) : Liberation / AFP, le 16.02.214