Même si l’ours blanc est désigné « espèce préoccupante » sur la liste canadienne des espèces en péril, la ministre de l’Environnement, Leona Aglukkaq, ne s’inquiète pas pour la population. Selon elle, l’espèce se porterait en fait plutôt bien.
« Souvent, les scientifiques jettent leur dévolu sur la faune et la flore du Nord pour démontrer que le changement climatique est en marche et que les ours polaires vont disparaître et je ne sais quoi, a-t-elle affirmé au Globe and Mail. Mais les gens sur le terrain vous diront que la population d’ours polaires est en bonne santé. Vous savez, dans ces régions, elle a en fait augmenté. »
« Mon frère est un chasseur qui vous dira que la population d’ours a augmenté et que les scientifiques ont tort », a ajouté la ministre conservatrice à la veille de la première rencontre du Conseil de l’Arctique depuis que le Canada en a pris la présidence, en mai. Le gouvernement entend d’ailleurs profiter de sa position pour « stimuler le développement économique » de cette région de plus en plus fragilisée par les changements climatiques.
Le Canada a par ailleurs refusé en mars dernier d’appuyer une proposition internationale qui aurait permis d’interdire le commerce des ours polaires et des produits dérivés de cette espèce.
Risque d’extinction
L’ours polaire figure parmi les victimes probables des effets des bouleversements du climat dans l’Arctique. Selon les données du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, l’espèce sera confrontée à « un haut risque d’extinction » d’ici quelques décennies. Elle est déjà considérée depuis 2011 comme une « espèce préoccupante » au sens de la Loi canadienne sur les espèces en péril.
Les données sur les taux de survie et de reproduction laissent penser qu’au moins 4 des 13 sous-populations « connaissent probablement un déclin à l’heure actuelle », selon la fiche de l’espèce disponible au Registre public des espèces en péril. « Bien qu’il y ait des incertitudes quant à l’impact global des changements climatiques sur la répartition et le nombre d’individus de l’espèce, il existe d’importantes préoccupations relativement à l’avenir de l’espèce au Canada », précise-t-on. La population canadienne d’ours blancs est estimée à 15 500 individus.
Devant le risque de disparition accélérée, certains experts proposent déjà d’envisager de distribuer des phoques prêts à manger aux ours dans la nature ou de les parquer dans des centres animaliers durant l’été. En dernier recours, les zoos pourraient bien devenir leur dernier refuge. On pourrait ainsi protéger une petite partie du bagage génétique de l’espèce, mais dans un cadre totalement artificiel.
« Pour aider l’Arctique et protéger l’ours polaire, il faut empêcher l’exploitation pétrolière en Arctique et réduire drastiquement les émissions de CO2, mais le gouvernement Harper s’y refuse », a fait valoir lundi Patrick Bonin, de Greenpeace Canada.
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Source: Le Devoir (par Alexandre Shields)