Inquiet de la percée d’un nouvel antisémitisme dans le pays porté par les migrants en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique, la CDU va présenter un projet de loi visant à faciliter l’expulsion de ceux qui refusent «la vie juive».
En Allemagne, l’afflux massif de réfugiés en provenance du Moyen-Orient fait craindre au parti d’Angela Merkel, la CDU, de voir naître une «nouvelle facette» de l’antisémitisme, comme le rapporte le journal Die Welt, le 6 janvier.
Pour y faire face, la CDU et son alliée la CSU comptent présenter devant le Bundestag un projet de loi à l’occasion du jour du souvenir de l’Holocauste, le 27 janvier prochain. Cette nouvelle réglementation a pour but de faciliter l’expulsion des immigrés qui exprimeraient des idées antisémites.
«L’acceptation sans restriction de la vie juive» est un «critère pour une intégration réussie», est-il ainsi écrit dans le document qu’a pu consulter Die Welt. «Quiconque rejette la vie juive en Allemagne ou conteste le droit d’Israël à exister ne peut avoir sa place dans notre pays», est-il encore précisé. Stephan Harbarth, vice-président du groupe parlementaire CDU/CSU à l’origine du projet, a déclaré au journal qu’il était impératif de «s’opposer résolument à l’antisémitisme des migrants d’origine arabe et des pays africains».
Pour ce faire, la législation sur les expulsions pourrait se faire plus sévère. Die Welt souligne toutefois qu’un changement de la loi ne signifierait pas forcément un pic d’expulsions, puisque les migrants déchus de leur permis de séjour ne sont «pas nécessairement expulsés».
Par ailleurs, le texte «condamne fermement l’appel au boycott des entreprises et des biens israéliens», tel que défendu par le mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions), qui proteste notamment contre l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens.
Ce projet de loi intervient alors qu’une vague de manifestations anti-israéliennes s’est abattue sur Berlin en décembre dernier, en réponse à la décision controversée de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël. Plusieurs drapeaux israéliens ont notamment été incendiés lors d’un rassemblement devant l’ambassade américaine, qui a rassemblé environ 1 500 personnes. La foule aurait scandé des slogans tels que «Mort aux juifs !» ou encore «Les juifs, souvenez-vous de Khaybar [un site juif en Arabie saoudite qui aurait été attaquée et conquis par le prophète], l’armée de Mahomet revient !», selon le journal berlinois BZ.
Allemagne : un commissaire bientôt nommé à la lutte contre l’antisémitisme ?
Le ministre fédéral allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, issu de l’Union chrétienne démocrate (CDU, droite conservatrice), a appelé le 17 octobre 2017 à la création d’un poste de commissaire dont la mission première serait de lutter contre l’antisémitisme. Un projet justifié, selon lui, par de multiples dérapages visant les citoyens de confession juive. «L’antisémitisme ne doit jamais reprendre le dessus en Allemagne», a-t-il déclaré, déplorant l’augmentation des «propos désobligeants, des plaisanteries inappropriées et des comportements discriminatoires à l’encontre [des] citoyens juifs»
Les Verts, le Conseil central des juifs d’Allemagne, ainsi que le groupe parlementaire de la CDU ont appuyé cette démarche. Si cette idée fait consensus au sein de la classe politique allemande, certains veulent aller plus loin. L’élu CDU Armin Schuster a soumis une proposition permettant l’expulsion immédiate des étrangers ayant brûlé le drapeau israélien. Hormis le parti anti-immigration Alternative pour l’Allemagne (AfD), la totalité des formations politiques allemandes a rejeté cette recommandation. Il demeure, selon eux, impossible de savoir si les brûleurs de drapeaux étaient ou non de nationalité allemande.
https://youtu.be/yyLJKEwd5ew
Source : Russia Today 7 janvier 2018