Un Saoudien tue 2000 oiseaux menacés

Un prince saoudien a tué, en une seule partie de chasse au Pakistan, près de 2.000 oiseaux, des outardes houbara menacées d'extinction, qui sont aussi régulièrement chassées au Maroc par les Khalijis.

Selon les autorités de la province instable du Baloutchistan (sud-ouest), le prince Fahd Bin Sultan -un amoureux de l'art ancestral de la fauconnerie- et son entourage ont utilisé des faucons spécialement dressés pour abattre de petites outardes houbara lors d'une chasse de trois semaines en janvier dernier.

Menacé d'extinction à l'état sauvage

La chasse à l'outarde houbara, prisée par les fauconniers du Golfe, est en théorie interdite car ce petit échassier est menacé d'extinction à l'état sauvage. Mais les autorités pakistanaises émettent à l'occasion des permis spéciaux autorisant à ces riches VIP la capture de cent de ses oiseaux en dix jours.
 
"Mais le prince a tué à lui seul 1.977 oiseaux et les personnes qui l'accompagnaient 123", a chiffré un responsable du ministère des Forêts requérant l'anonymat. "Nous avons demandé à nos supérieurs hiérarchiques de mettre fin à cette pratique, car ces oiseaux sont déjà en danger", a-t-il ajouté.

Une affaire "diplomatiquement sensible"

Jaffar Baloch, le chef des services de la faune dans le district baloutche de Chagai, où la chasse controversée a eu lieu, a confirmé avoir demandé aux autorités d'agir dans cette affaire diplomatiquement sensible, les monarchies du Golfe étant des bailleurs importants du Pakistan et de son économie fragile.
 
L'outarde houbara vit dans la steppe et les zones semi-désertiques. De taille moyenne (55 à 65 cm de long) elle est présente dans les zones arides s'étendant des îles Canaries à l'Asie centrale en passant par l'Afrique du Nord (et donc le Maroc) et le Moyen-Orient.

Au Maroc, l'espèce a presque disparu à cause de la chasse

Outre la dégradation de leur environnement, les fauconniers arabes sont considérés comme la principale menace pour cette espèce.
 
Au Maroc, elle était autrefois commune dans les plaines s'étendant à l'est et sud de l'Atlas, mais à partir des années 1970, la pression de chasse étrangère s'est fortement accrue, entraînant sa raréfaction ou carrément sa disparition dans plusieurs secteurs.
La situation étant sensiblement la même chez nos voisins, entre 1984 et 2004, leur population aurait ainsi baissé de près de 25 %. Dans les années 1990, on estime qu'il ne restait plus qu'environ 10.000 oiseaux dans toute l'Afrique du Nord, dont plus de 50 % en Algérie, 30 % au Maroc et 10 % en Libye.

Élevage, réinsertion… et chasse!

Du coup, des programmes d'élevage et de réinsertion ont été mis en place. Le problème ? Ils sont financés par des Émiratis ou des Saoudiens, et les oiseaux sont relâchés… pour être chassés. Au Maroc, c'est le Cheikh Zayed Bin Sultan Al Nahyan qui a créé l'Émirates Center for Wildlife Propagation (ECWP). Les techniques d'élevage ont été progressivement améliorées: 14.995 poussins y sont nés en captivité en 2010 contre 165 en 1997!
 
Depuis 1988, des centaines oiseaux ont été lâchés chaque année (17.000 entre 1998 et 2008), principalement dans la région de Missour et dans la vallée d’Enji. Mais la fauconnerie a repris de façon progressive et organisée depuis 2002. Les outardes sont aussi victimes du braconnage et sont même devenues des "produits d'exportation" selon le site ornithomedia.com: en juin 2012, 5.270 oiseaux "produits" au Maroc ont été envoyés par avion aux Émirats Arabes Unis afin d'être lâchés à terme pour la chasse au faucon…

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Source(s) : h24info.ma / Relayé par / A.C, le 24.04.2014 / Meta TV

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