Une étude de Générations Futures montre que les mèches de cheveux d'enfants vivants en zones rurales contiennent 21 pesticides "perturbateurs endocriniens".
"Un véritable cocktail de pesticides" dans les cheveux de nos enfants. Pour la première fois en France, une association a fait analyser par un laboratoire indépendant des mèches de cheveux de 30 enfants, vivant dans des zones rurales et âgés de 3 à 10 ans, afin de mesurer le niveau d'imprégnation aux pesticides.
Le résultat de l'enquête, publiée mardi 29 avril, est sans appel : 21 résidus de pesticides ont été détectés en moyenne sur chaque mèche. "On a cherché une cinquantaine de molécules différentes et on en a trouvé plus de la moitié par enfant, un véritable cocktail de pesticides", déclare sur France Inter François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, l'association qui a commandé l'étude. "Un effet cocktail qui n'est pas pris en compte dans les évaluations".
Des pesticides interdits d'usage en France
Sur les 53 pesticides suspectés d'être des perturbateurs endocriniens recherchés (molécules et agents chimiques composé qui entraînent des anomalies physiologiques et de reproduction), 35 ont été retrouvés au moins une fois dans les mèches de cheveux des enfants, et 13 ont été détectés dans tous les échantillons. Plus inquiétant, l'étude de Générations Futures révèle que des pesticides interdits d'usage en France depuis des années ont été retrouvés dans les échantillons. "Au cours des trois mois précédant le prélèvement, 80% des enfants auraient été exposés à des pulvérisations d'insecticides agricoles", précise Générations Futures.
Cette étude montre que nos enfants sont exposés au quotidien à une véritable soupe chimique", souligne François Veillerette.
Pour le retrait des pesticides perturbateurs endocriniens
Faut-il s'en inquiéter ? Sans surprise, le lobby des pesticides tempère : "La présence de traces de pesticides n'est pas forcément synonyme de danger pour la santé, surtout si les doses sont infinitésimales", fait valoir au "Parisien" Jean-Charles Bocquet, directeur général de l’ECPA (European Crop Protection Association), association européenne des fabricants de produits de protection des plantes.
Générations Futures reconnaît qu'il ne faut pas "considérer ces résultats comme représentatifs de l'exposition moyenne des petits Français vivant dans des zones agricoles". Ce qui n'exclut pas "qu'il y a urgence à protéger ces populations sensibles", sachant que les dangers des perturbateurs endocriniens ne sont pas proportionnels à une faible dose, voire sont décuplés en cas de "cocktail". L'association exige ainsi "le retrait de tous les pesticides perturbateurs endocriniens" listés dans son rapport.
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Source(s) : Nouvel Observateur, le 29.04.2014