Un implant dans le cerveau pour restaurer la mémoire ?

Des chercheurs travaillant sur un projet du devraient prochainement dévoiler des avancées vers la mise au point d'un implant dans le cerveau qui un jour permettra peut-être de restaurer la mémoire des soldats blessés au combat.

La "Defense Advanced Research Projects Agency" ou DARPA, l'agence de recherche du ministère américain de la Défense, progresse dans ses efforts menés dans le cadre d'un programme de quatre ans pour créer un stimulateur avancé de la mémoire, ont expliqué cette semaine des responsables.

Ces travaux s'inscrivent dans une initiative de 100 millions de dollars du président visant à mieux comprendre la physiologie du cerveau et à percer ses mystères.

Ce type de recherche sur la mémoire n'avait pas été entreprise jusqu'alors et soulève des questions éthiques sur le fait de savoir si l'esprit humain devrait être manipulé sous prétexte de réparer des blessures de guerre ou traiter un cerveau vieillissant. Selon certaines estimations, de telles avancées pourraient bénéficier aux cinq millions d'Américains souffrant de la maladie d'Alzheimer et aux près de 300.000 militaires aux États-Unis ayant subi des blessures du cerveau en et en .

"Si vous avez été blessé au combat et que vous ne pouvez plus vous souvenir de votre famille, nous voulons pouvoir restaurer cette mémoire", a souligné le responsable du programme de recherche de la DARPA, Justin Sanchez, lors d'une conférence cette semaine à Washington organisée par le Centre pour la santé du cerveau de l'Université du Texas (sud).

"Nous pensons pouvoir développer des neuroprothèses capables d'interagir directement avec l'hippocampe dans le cerveau pour rétablir la mémoire déclarative", a-t-il dit. Cette mémoire, qui permet de se souvenir des personnes, des évènements et des faits, n'a jamais pu être restaurée une fois perdue.

Jusqu'à présent, les scientifiques ont seulement pu réduire, avec un stimulateur électrique dans le cerveau, les tremblements chez des personnes atteintes de la maladie de Parkinson et les convulsions chez des épileptiques, ou encore stimuler la mémoire d'individus atteints d'Alzheimer. Mais selon les neurologues, une approche beaucoup plus subtile est nécessaire quand il s'agit de restaurer une mémoire perdue.

"La mémoire c'est des configurations et des branchements", note Robert Hampson, un neurologue de l'Université Wake Forest en Caroline du Nord (sud-est), qui participe à la recherche de la DARPA.

Ce scientifique a fait des recherches sur des rongeurs et des singes qui ont révélé que les neurones dans l'hippocampe –siège de la mémoire dans le cerveau– sont activés différemment selon que le sujet voit du rouge ou du bleu, ou la photo d'un visage ou d'un type de nourriture.

Fort de ses observations, ce chercheur et son équipe ont pu étendre la mémoire à court terme de ces de laboratoire en utilisant des neuroprothèses pour stimuler l'hippocampe. Ils ont aussi pu manipuler la mémoire d'un singe pour qu'il se souvienne d'une image qu'il n'avait pas vue. Selon les neurologues, il serait possible d'améliorer la mémoire d'une personne en aidant seulement le cerveau à fonctionner comme avant la blessure.

"L'idée est de rétablir une fonction pour qu'elle soit normale, ou proche de la normale, dans l'hippocampe de façon à ce que la personne puisse accéder de nouveau à ses souvenirs et mémoriser de nouvelles informations", indique encore Robert Hampson.

Ces expériences montrent combien il est facile de manipuler les souvenirs chez des personnes, ce qui ouvre un champ de mines éthique, juge Arthur Caplan, un éthicien médical au Centre médical Langone de l'Université de New York.

"Quand on bidouille avec le cerveau, on bidouille avec l'identité personnelle d'un être", met en garde cet expert, consultant du DARPA.

"Le coût d'une altération de l'esprit est de risquer de perdre le sens de soi, un nouveau danger auquel nous n'avons jamais été confronté", estime-t-il.

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Source(s) : La Libre.be / AFP, le 02.05.2014

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