Un haut fonctionnaire corse assassiné

Jean Leccia a été tué par balles au volant de sa voiture, alors qu'il rentrait chez lui. Il venait d'assister à la soirée électorale à San-Gavino-di-Fiumorbu, où sa fille se présentait aux municipales.
 

L’un des principaux responsables administratifs du département de la Haute-Corse a été assassiné dimanche soir à Aleria par un commando à moto qui lui a tiré dessus. Jean Leccia, 53 ans, qui occupait le poste sensible de directeur général des services au conseil général de Haute-Corse à Bastia, a été tué vers 23h20 au volant de sa voiture par deux hommes circulant en moto sur la RN 198, à la sortie nord d’Aleria, sur la plaine orientale au sud de Bastia.

La victime dirigeait aussi le cabinet du président PRG du Conseil général, Joseph Castelli, un proche de celui de l’exécutif de la Collectivité territoriale de Corse et député PRG de Haute-Corse Paul Giacobbi, dont un proche conseiller, Dominique Domarchi, avait été assassiné il y a trois ans, également un soir d’élections. Jean Leccia, qui était seul à bord de sa voiture, regagnait son domicile bastiais de retour du village de San-Gavino-di-Fiumorbu où sa fille se présentait aux élections municipales. Son ex-épouse et leur fille le suivaient à bord d’un autre véhicule. La petite Citroën de la victime, montée sur le talus bordant la route lors de l’agression, a été criblée de balles.

Le procureur de la République de Bastia, Dominique Alzéari, a déclaré sur place que la victime avait été tuée sur le coup, atteinte d'«une rafale d’arme automatique de gros calibre». Accompagné du préfet de Haute-Corse, Alain Rousseau, il a annoncé que la direction de la police judiciaire et la section de recherches de la gendarmerie avaient été co-saisies pour l’enquête. Le procureur n’a fait «aucun lien à ce stade»avec les élections, soulignant toutefois que «ce n’est pas un signe positif pour la démocratie».

Un important dispositif de sécurité a été mis en place par la gendarmerie et des opérations de recherche du commando de tueurs ont été organisées.

Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a exprimé son «effroi» et assuré dans un communiqué que «tous les moyens seront mis en oeuvre afin de permettre l’identification et l’interpellation des auteurs de ce lâche assassinat.» Il a aussi adressé à la famille de la victime ses «sincères condoléances».

UN AUTRE ÉLU TUÉ UN SOIR D'ÉLECTION EN 2011

Il s’agit du deuxième homicide depuis le 1er janvier en Corse, où 17 homicides et 14 tentatives ont été enregistrés l’an dernier.

Jean Leccia avait été gardé à vue en 2011 dans le cadre d’une enquête sur des affaires de marché public au Conseil général de Haute-Corse. Il avait aussi été entendu comme témoin dans une autre affaire concernant l’utilisation de fonds publics à des fins privés pour la construction de gîtes touristiques appartenant à des élus ou des proches du Conseil général, notamment des parents d’un maire assassiné en 2011, a-t-on indiqué de source proche de l’enquête.

Cet élu, Dominique Domarchi, 63 ans, maire du village de Saint-André-de-Cotone et proche conseiller et ami personnel de Paul Giacobbi, avait été tué chez lui de plusieurs décharges d’arme de chasse, il y a presque trois ans jour pour jour, le 21 mars 2011. L’élu revenait également, le soir de son assassinat, d’une soirée électorale au Conseil général de Haute-Corse à Bastia pour les législatives. Comme dans la plupart des assassinats perpétrés en Corse ces dernières années dans les milieux du grand banditisme et de la criminalité organisée, la lumière n’a jamais été faite sur cette affaire.

Nombre de ces forfaits ont été perpétrés sur la plaine orientale, dans l’Est de l’île, théâtre d’une intense spéculation foncière et immobilière et de racket où s’entrecroisent souvent des intérêts politiques et financiers sur fond d’activités de type mafieux pourtant souvent dénoncées par les ministres de l’Intérieur Manuel Valls et de la Justice Christine Taubira.

Le dossier de l’assassinat de Jean Leccia sera probablement transféré dès le début de la semaine à la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille (Jirs), chargée des affaires de criminalité organisée.

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Source(s) : Libération / AFP, le 24.03.2014

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