Gérard Colé, ancien président de la Française des Jeux (FDJ) de 1989 à 1993, accuse l'entreprise d'avoir trompé les joueurs en leur faisant croire qu'il y a dans les jeux de grattage "une égalité des chances qui n'a jamais existé", dans un entretien mercredi 26 février à l'AFP. "Je me tiens à la disposition des magistrats afin, s'ils le souhaitent, d'être entendu" dans la procédure opposant l'entreprise à Robert Riblet, un ingénieur à la retraite, ajoute l'ex-PDG.
La répartition des gains n'a rien d'aléatoire
Robert Riblet a engagé en 2006 une procédure pénale contre la société, estimant que la détermination et la répartition des gains n'a rien d'aléatoire. Une instruction est actuellement en cours. L'ancien ingénieur a, en parallèle, assigné la FDJ devant les juridictions civiles. Il a été débouté et condamné en août à verser à l'entreprise 10 000 euros de dommages et intérêts.
Un combat acharné contre la FDJ
Le juge a estimé qu'il n'avait pas apporté la preuve que le rôle du hasard avait été faussé par la FDJ. "J'ai été consterné par cette décision et j'ai décidé de réagir", explique Gérard Colé, affirmant que les arguments de Robert Riblet sont "fondés". Ce dernier mène un combat acharné contre l'entreprise depuis qu'il s'est aperçu que les tickets n'étaient pas répartis au hasard, mais par livrets. Dans trois livrets sur quatre, il n'existe qu'un seul "gros lot" supérieur ou égal à 20 euros, les autres tickets étant soit perdants soit porteurs de montants "dérisoires", avait-il dénoncé.
Une "rupture d'égalité" entre les joueurs
Une fois le "gros lot" remporté, les tickets continuent d'être vendus, ce qui constituait, selon lui, une "rupture d'égalité" entre les joueurs. "Des milliers de joueurs ont été lésés" depuis la mise en place du premier jeu de grattage en 1989, estime Gérard Colé qui assure ne pas avoir été au courant de cette pratique lorsqu'il était à la tête de l'entreprise. Le but était "de faire rejouer et de doper le chiffre d'affaires des courtiers, des détaillants et de la FDJ", ajoute-t-il.
Des dérives
D'après lui, le système a donné lieu à des dérives, certains buralistes, dans la confidence, encaissant pour eux-mêmes les lots les plus importants. "Si la majorité des tickets d'un livret étaient ressortis avec des lots dérisoires, ils en déduisaient que le gros lot restait à venir. Ils achetaient alors pour leur propre compte les tickets restants", assure l'ex-PDG.
"On essaye de botter en touche"
"Tout le monde sait que j'ai raison depuis des années", s'est de son côté félicité Robert Riblet auprès de l'AFP. "Mais il y a tellement d'enjeux financiers qu'on essaye de botter en touche et de me faire passer pour quelqu'un à l'imagination débridée". "Aujourd'hui enfin on va dire à 29 millions de joueurs que ce n'est plus "selon Robert Riblet" que le hasard serait manipulé, mais que c'est "selon l'ancien PDG qui était aux commandes", s'est-il réjouit.
La Française des Jeux n'a pas souhaité commenter
Après la révélation de l'affaire dans la presse, l'entreprise, détenue à 72 % par l'État, avait modifié, en 2007, le règlement de ses jeux de grattage. Mais, depuis, "il n'y toujours pas eu de législation convenable en la matière", déplore Gérard Colé. Sollicitée par l'AFP, la Française des Jeux n'a pas souhaité commenter.
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Source(s) : Michael75 / dailymotion / Francarnaque / Chemindepierre / YouTube / Midi Libre avec AFP, le 27.02.2014 / Relayé par Meta TV