Des heurts très violents ont eu lieu mardi à Kiev, notamment devant le siège du parti du président ukrainien Viktor Ianoukovitch dans le centre-ville. Les policiers antiémeute cernaient mardi soir le Maïdan, la place de Kiev où se sont rassemblés plus de 20 000 manifestants hostiles au président. Ces affrontements ont fait neuf morts, selon un dernier bilan communiqué par la police. Un ultimatum a été lancé par les autorités ukrainiennes. Les affrontements ont causé la mort de cinq personnes. Le trafic a été interrompu mardi sur l'ensemble des lignes du métro de Kiev. Les policiers anti-émeutes s'approchaient de Maïdan, place centrale de Kiev et haut lieu de la contestation, occupée depuis près de trois mois. Ce mardi soir, ils menacent de donner l'assaut.
Les autorités ukrainiennes ont adressé mardi un ultimatum à l'opposition pour mettre fin aux violents affrontements entre opposants au président Viktor Ianoukovitch et policiers :"Nous mettons en garde les têtes chaudes au sein de l'opposition : le pouvoir a les moyens de rétablir l'ordre (…). Nous serons obligés d'avoir recours à des mesures de la plus grande fermeté si les troubles ne cessent pas d'ici à 18h00 (16h00 GMT)", ont indiqué le ministère de l'Intérieur et les services spéciaux (SBU) dans une déclaration conjointe.
Dans le même temps, les autorités ont fermé le métro, alors que les redoutables unités anti-émeute Berkout s'approchaient du Maïdan, la place de l'Indépendance, occupée par des milliers de manifestants depuis près de troismois et protégée par des barricades.
De son côté, le procureur général Viktor Pchonka menace ce mardi soir des peines "les plus sévères" ceux qui ont "incité" et "dirigé" les violences à Kiev. Il estime que les leaders de l'opposition doivent "assumer la responsabilité de ce qui se passe".
Une accalmie relative
A l'expiration de l'ultimatum, les principaux responsables de l'opposition prenaient la parole à tour de rôle devant la foule rassemblée sur le Maïdan, la place de l'Indépendance, haut lieu de la contestation depuis près de trois mois entourée de barricades.
Les affrontements ont cessé mais le calme est précaire : les redoutables unités anti-émeute Berkout contrôlaient les abords du Maïdan, appuyés en deuxième ligne par des policiers armés de fusils d'assaut kalachnikov.
"Ne tirez pas sur les Ukrainiens", proclamait l'un des orateurs, tandis qu'un des dirigeants de l'opposition, l'ancien champion de boxe Vitali Klitschko, a appelé les femmes et les enfants à évacuer la place. "Nous ne pouvons pas exclure un assaut des forces de l'ordre", a-t-il reconnu.
Ce mardi soir, les violences semblent avoir repris de plus belle. La télévision montre de nombreuses explosions sur le Maïden dans le centre de Kiev.
Sept civils et deux policiers ont été tués dans les violences mardi, a annoncé la police de Kiev confirmant un dernier bilan donné par l'agence de presse Interfax.
"Les deux policiers ainsi que trois des manifestants ont été victimes de coups de feu, deux manifestants ont succombé à une crise cardiaque, un autre dans un accident de la circulation. Le septième a été pris dans un incendie, a-t-elle précisé", selon Reuters.
L'opposition avait auparavant annoncé la mort de trois manifestants, "tués par balles". Selon le Parti des régions du président Viktor Ianoukovitch, le corps d'un des employés a été retrouvé au siège du mouvement, pris d'assaut et brièvement contrôlé par les contestataires.
Au moins 150 manifestants ont aussi été blessés mardi, dont 30 grièvement – l'un ayant eu la main arrachée en ramassant une grenade assourdissante -, selon Oleg Moussiï, chef du service médical de l'opposition.
Quarante-sept policiers ont été blessés selon une source officielle.
Balles en caoutchouc et cocktails molotov
Ces violences surviennent après plusieurs semaines d'accalmie dans la contestation, qui dure depuis près de trois mois, et alors que l'opposition avait promis une "offensive pacifique" pour mettre la pression sur les députés, rassemblant plus de 20 000 personnes pour un défilé qui a dégénéré dans la matinée.
Les forces de l'ordre postées devant les accès au parlement ont utilisé du gaz lacrymogène, jeté des grenades assourdissantes et tiré des balles de caoutchouc sur les manifestants jetant pavés et cocktails Molotov.
Il s'agit des premiers affrontements à Kiev depuis ceux de la fin janvier qui avaient fait quatre morts, dont deux tués par balles réelles et plus de 500 blessés.
Dans la matinée, plus de 200 manifestants ont brièvement pris le contrôle du siège du Parti des régions du président Viktor Ianoukovitch non loin du parlement. Les locaux ont été partiellement incendiés par des jets de cocktails molotov.
L'opposition à Kiev accuse le pouvoir ukrainien de céder aux pressions de Moscou, depuis que M. Ianoukovitch a renoncé en novembre à signer un accord d'association avec l'Union européenne.
La Russie a octroyé à Kiev en décembre un crédit de 15 milliards de dollars, dont 3 milliards ont déjà été versés, et un important rabais sur le prix du gaz. Moscou devait verser "cette semaine" une nouvelle tranche de 2 milliards à l'Ukraine, en manque de liquidités et au bord d'un défaut de paiement.
Mais l'opposition s'impatiente, alors que les négociations avec le pouvoir sont au point mort qu'il s'agisse d'un réforme constitutionnelle réduisant les pouvoirs du président ou la formation d'un nouveau gouvernement.
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Source(s) : RTBF avec AFP, le 08.02.2014