Une grande parade militaire a eu lieu sur la place de l'Indépendance à Kiev, la première depuis 2009, destinée à regonfler le moral des troupes, en plein conflit meurtrier dans l'Est qui a coûté la vie à plus de 2200 personnes, dont 722 soldats.
S'adressant à une foule de plusieurs milliers de personnes sur le Maïdan, le président ukrainien Petro Porochenko a dénoncé une «agression» de la Russie avant de se rendre à Odessa, port du sud du pays qui accueille la flotte ukrainienne transférée depuis l'annexion la Crimée par la Russie en mars pour y assister à une parade de la marine.
«Humiliant et dégradant»
Donetsk, bastion des rebelles prorusses, a célébré la fête nationale à sa manière. Entre 40 et 50 soldats ukrainiens capturés au cours des combats ont défilé sur la place Lénine dans le centre-ville sous les huées de plusieurs centaines de personnes qui s'y sont rassemblées aux cris de « fascistes, fascistes ! ».
«Vous tuez nos enfants!», lançait la foule aux hommes qui marchaient la tête baissée et les mains derrière le dos, avant d'être emmenés dans deux bus vers une destination inconnue, tandis que les rebelles qui les accompagnaient ont été acclamés par la foule.
Ce défilé est largement inspiré de la «parade des vaincus» organisée le 17 juillet 1944 dans le centre de Moscou lorsque le pouvoir soviétique avait fait défiler plus de 50 000 prisonniers de guerre allemands devant les habitants.
La directrice adjointe de l'ONG Human Rights Watch Rachel Denber a décrit sur Twitter l'événement comme «humiliant et dégradant» et contraire aux conventions de Genève.
À l'occasion de la fête nationale, le président Porochenko s'est engagé à allouer plus de 2,2 milliards d'euros au cours des trois prochaines années pour réarmer les forces ukrainiennes en promettant que ce ne serait qu'«un début modeste» de la renaissance de l'armée ukrainienne, selon lui.
«La guerre est venue à nous du côté où on ne l'attendait pas», a-t-il lancé à la foule et aux soldats, dans une allusion non voilée à la Russie, que Kiev accuse d'armer et de financer la rébellion dans l'Est.
«Ne pas froisser» la Russie
Plusieurs dirigeants occidentaux, dont le président américain Barack Obama, ont félicité l'Ukraine à l'occasion de la fête de son indépendance.
Le pape François a adressé un message de paix, appelant à prier pour «les fils et filles (de l'Ukraine), leurs aspirations de paix et de sérénité, menacées par une situation de tension et de conflit qui ne tend pas à s'apaiser, générant tant de souffrances dans les populations civiles».
La chancelière allemande Angela Merkel, en visite à Kiev la veille, a pour sa part prôné dimanche une solution au conflit ukrainien qui «ne froisse pas» la Russie, mais qu'il incombera au «peuple ukrainien» de déterminer.
Sur le terrain, les combats se sont poursuivis dimanche et une série de fortes explosions a ébranlé Donetsk, place forte des rebelles.
Les rebelles ont affirmé avoir lancé une contre-offensive dans le sud de la ville ainsi que dans les villes de Severodonetsk et Debaltseve ce que l'armée ukrainienne a démenti.
Dans la matinée, un hôpital situé à proximité d'une caserne des rebelles à Donetsk a été touché par les tirs sans faire de victimes.
Cinq personnes ont été tuées après le bombardement samedi d'une église et d'un hôpital dans le village de Kirovske, dans la région de Donetsk.
Le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko a pour sa part annoncé cinq morts dans les rangs des forces gouvernementales en 24 heures.
À Lougansk, autre bastion des rebelles prorusses, l'aide humanitaire livrée par la Russie ce week-end a commencé à être distribuée par les autorités locales à la population, qui vit privée d'eau et d'électricité depuis plus de trois semaines.
Kiev a dénoncé plus tôt cette semaine une «invasion directe» de la Russie, après la décision de Moscou de faire entrer sans l'aval de Kiev son convoi chargé, selon la Russie, d'aide humanitaire sur le territoire ukrainien. Les observateurs internationaux ont indiqué samedi que tous les camions étaient rentrés en Russie.
M. Porochenko s'est toutefois engagé à «parler de paix» avec son homologue russe Vladimir Poutine au cours d'un sommet régional à Minsk mardi, espérant le «convaincre de retirer» les rebelles de l'est du pays.
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Source(s) : La Presse.ca, le 24.08.2014
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