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Tsipras, ce Grec qui veut secouer l’Europe sans quitter l’euro

Pour Alexis Tsipras, candidat du Parti de la gauche européenne au poste de Président de la Commission européenne, "l'euro c'est comme une prison. Il est facile d'y entrer, difficile d'en sortir".

C'est un véritable tribun qui est en train de faire un road show en . Paris hier et aujourd'hui, les 3 et 4 février, Rome en fin de semaine. Alexis Tsipras, le patron de l'extrême gauche grecque (Syrisa), désigné candidat du Parti de la gauche européenne (PGE) au poste de Président de la Commission européenne. Car, de l'aveu même de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et président du PGE, "c'est le plus connu d'entre nous".

Beau gosse, jeune, -il aura 40 ans cet été-, charismatique, un brin démago, toujours enflammé, ce Mélenchon grec était hier soir à la Mutualité, et ce matin devant l'association de journalistes Europresse. Chemise mauve ouverte sur un pull gris en V, Tsipras  a déroulé sa conception de l', son attachement aux valeurs du Vieux Continent, avec une conviction qu'il n'a pas toujours eue pendant les campagnes électorales dans son pays…

Mais, depuis la fin 2012, il affiche un discours sans ambiguïté, au moins à l'étranger. Dans un anglais parfait, il explique qu'il veut ancrer la Grèce dans l'Euroland. Qu'il n'est pas question d'abandonner la monnaie unique. Il le martèle à l'envi. Il l'a assuré en –à l'hebdomadaire de centre gauche, die Zeit, comme au ministre des finances conservateur Wolfgang Schäuble. Il l'a dit aussi à Washington, dans les salles de conférences de think tank, au et dans les facs new-yorkaises.   Il y a mis tant de conviction que le PCF l'a épinglé l'an dernier sur son site dans un article intitulé "Tsipras et Syriza font allégeance à l'impérialisme US".

Son rêve : une grande relance

Aujourd'hui, l'heure est à l'union sacrée. Et à la campagne européenne! Le PGE valorise son candidat qui plaide pour une "Europe solidaire", et fustige les "choix sociaux-démocrates" d'un François Hollande ou d'un Martin Schulz. "La gauche doit garder ses valeurs et proposer une alternative crédible, plaide-t-il. L'Europe traverse une crise structurelle. Il faut trouver des solutions européennes, pas quitter l'euro".

Il veut "rompre avec l'Europe de l'austérité" et "se tourner vers l'Europe des peuples et de la croissance". Il rêve d'une grande relance, cite l'exemple des États-Unis aujourd'hui, avec la Fed qui, contrairement à la BCE, fait tourner la planche à billet. Il cite aussi l'Amérique de Roosevelt, celle du New deal, avec, en contrepoint, l' de Weimar "que des mesures d'austérité drastiques ont conduite à la guerre".

Pour son pays, il le répète encore et encore :

"assez de nouveaux prêts et de nouvelles dettes. Il y en a eu suffisamment et ça n'a servi à rien. C'est comme verser de l'eau dans un tonneau percé".

S'il arrive au pouvoir, le leader de gauche demandera une restructuration de la dette. "La situation n'est pas viable. Il faut faire passer la dette de 175% du PIB aujourd'hui, à la moyenne européenne de 110%. C'est comme cela seulement que l'économie repartira vraiment". Et le politicien de préciser, d'un air entendu, "cette idée n'est pas révolutionnaire, même le l'a proposée!"

3 raisons de ne pas sortir de la zone euro

S'il était aux manettes à Athènes, il annonce "un changement radical". Il entend lutter "contre la , l'oligarchie monétaire, les dessous de tables". Et aussi "les politiques corrompus, la presse corrompue et les entrepreneurs corrompus". Il veut "imposer les riches et les armateurs", "baisser les impôts des plus pauvres et des retraités", "utiliser certaines richesses de l'église pour le bien des citoyens".

Pour convaincre son auditoire, Tsipras a des ficelles gagnantes. "Je vais vous expliquer des choses que vous ne savez pas". Ainsi, quitte à en rajouter ou à simplifier à l'extrême, il affirme :

"je veux dire aux contribuables européens que l'argent qu'ils ont donné à la Grèce n'est pas allé au peuple grec. 98% des sommes versées dans le cadre de l'assistance internationale ont été utilisées soit pour rembourser de veilles dettes, soit pour financer les . Seuls 2% sont allés à l'économie réelle. C'est un mythe de dire que cet argent a aidé le peuple grec!". Autre affirmation, elle, corroborée par des instituts économiques outre-Rhin, "grâce à ses taux d'intérêts bas, l'Allemagne a gagné 40 milliards d'euros".

Lorsqu'il explique pourquoi il "ne veut pas que la Grèce sorte de la zone euro", il avance trois raisons, une , -l'attachement à l'idée européenne-, une économique, -le risque de contagion d'un pays à l'autre "à cause de la spéculation"-, et une pratique : il est très compliqué de quitter la monnaie unique. "L'euro c'est comme une prison. Il est facile d'y entrer, difficile d'en sortir", dit celui qui a l'habitude des tribunes et des estrades, et pour qui Chavez est un modèle.

"Les élections prochaines en Grèce vont être une surprise pour tout le monde", prophétise le leader de gauche. Car en plus des européennes, il y aura des municipales au printemps. Les sondages annoncent une percée des extrêmes. Syrisa est donné grande gagnante, tandis que le parti socialiste, le Pasok, en chute vertigineuse depuis son entrée dans le gouvernement de coalition, joue sa survie. Alexis Tsipras est donc un interlocuteur de plus en plus écouté dans les pays créanciers. Il le sait, il en joue. Et même si son discours n'est pas toujours extrêmement précis, si ses raisonnements sont parfois spécieux, il est en passe de devenir une figure clé de la scène européenne.

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Source(s):  Union Populaire Républicaine – UPR – Officiel / YouTube / ​Challenges / Par Sabine Syfuss-Arnaud, le 04.02.2014 / Relayé par Meta TV )

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