Venus assister au meeting du PS organisé le 15 mai à Lille en vue des Européennes, sept militants et sympathisants socialistes douaisiens – six d’origine étrangère et un handicapé – se sont vu refuser l’accès au Palais Saint-Sauveur par le service d’ordre. L’incident, pris très au sérieux par les responsables du PS douaisien, les a conduits à écrire au premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis pour réclamer excuses et sanctions.
Cosigné par Frédéric Chéreau, en tant que membre du conseil national du parti, Jean-Marc Veron, secrétaire de section socialiste à Douai, et Maxime Decupper, du MJS du Douaisis, le courrier adressé à Solférino n’y va pas par quatre chemins. Pour ses auteurs, leurs camarades envoyés sur les roses – un militant d’origine africaine, cinq d’origine maghrébine et un handicapé, parmi lesquels un conseiller municipal et un adjoint au maire – ont été purement et simplement victimes de discrimination raciale. « Ces faits sont scandaleux en quelque lieu de la République. Ils le sont encore bien plus au sein de notre parti, peut-on ainsi lire noir sur blanc. Sans que cela ajoute au scandale, il se trouve qu’ils concernent des militants engagés qui ont pris une part importante dans la récente campagne victorieuse des municipales à Douai et participaient de même à celle des Européennes. »
« Viré comme des chiens »
Isham (prénom d’emprunt) est de ceux-là. « Meutri » par l’entêtement narquois du service d’ordre qui est allé, si l’on en croit le courrier, jusqu’à « repousser brutalement un participant, l’obligeant à une consultation à l’hôpital », le militant de la résidence Gayant carté depuis un an raconte la scène avec fébrilité :
« On a un peu tardé à sortir du bus car on parlait foot, et dès qu’on est arrivé à l’entrée, le type de la sécurité nous a refoulés sous prétexte qu’il n’y avait plus de place. Ça ne tenait pas debout, des gens passaient à côté. On a été viré comme des chiens. On a été victime d’un délit de faciès alors qu’on est Français ! Nos cœurs saignent… S’il n’y a pas de sanctions, je n’irai pas voter. »
La présentation de cartes du parti et de tracts n’y changera rien. Pas plus que les interventions indignées d’Érick Charton, conseiller général de Douai-Nord-Est, Marie-Christine Staniec-Wavrant, adjointe au maire de Lille, et Philippe Kemel, député-maire de Carvin, qui ne parviendront pas à convaincre le service d’ordre de laisser passer les Douaisiens. « Il y avait de la tension à cause de la présence de Manuel Valls, se souvient Érick Charton. Mais comme aucune justification à ce refus n’était apportée, j’ai choisi de boycotter le meeting. J’étais outré. Le service de sécurité a dysfonctionné. Je ne peux pas croire que mon parti cautionne ça… »
Isham, qui attend désormais des excuses, se refuse lui aussi à jeter la pierre au parti. « On a surtout eu affaire à un type mal luné, soupire-t-il. C’est lui qui nous a discriminés, pas le PS. » Il n’empêche. Frédéric Chéreau et ses camarades ne se contenteront pas de salamalecs. Mais attendent de Jean-Christophe Cambadélis qu’il établisse des responsabilités afin «qu’une sanction à la hauteur du scandale soit prise ».
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Source(s) : La Voix du Nord / Par ARNAUD DÉTHÉE, le 21.05.2014