Entre Le Canard enchaîné et Patrick Balkany, député-maire UMP de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), c’est une longue histoire. On a recensé pas moins de sept articles de l’hebdomadaire mettant en cause ce proche de Nicolas Sarkozy au cours des trois dernières années. Et la série continue : d’après un article publié dans l’édition du 16 octobre 2013 du Canard enchaîné, le couple Balkany échappe à l’ISF alors qu’il vivrait régulièrement dans trois propriétés à Marrakech, aux Antilles et à Giverny. Pour deux d’entre elles, l’hebdomadaire a tenté de démêler le complexe montage financier qui permet à Balkany de ne pas payer l’ISF.
Patrick Balkany est un bon client pour Le Canard enchaîné. Au cours des trois dernières années, le député UMP a fait l’objet de sept articles aux titres évocateurs :
– “Les fantômes des HLM reviennent hanter les Balkany” (09.10.2013)
– “Les flics visitent le palace des Balkany” (27.03.2013)
– “Le jackpot caché du fils Balkany” (23.05.2012)
– “Les Balkany, élus modèles”, à propos du cumul des indemnités (06.04.2011)
– “Le nouveau filon en or de Balkany” sur le financement de son journal (15.12.2010)
– “Le monde merveilleux de Balkany” à propos du financement d’une association (11.08.2010)
– “Balkany joue les bienfaiteurs du Tchad” (05.05.2010)
Dans certains cas, le bras de fer se finit au tribunal. En avril 2012, le député-maire a porté plainte contre Le Canard pour atteinte à la vie privée. Une procédure judiciaire qui n’empêche pas l’hebdomadaire d’en remettre une louche dans son édition du 16 octobre 2013. En cause cette fois-ci : la déclaration de patrimoine de Balkany.
En 2008, dans une interview au Point, Patrick Balkany expliquait ne pas payer l’Impôt sur la Fortune (ISF). Logique : interrogé par Le Canard, le député UMP a précisé ne pas détenir“d’avoirs à l’étranger” et n’être “propriétaire de rien”. Seul revenu déclaré : les indemnités d’élus du couple, qui s’élèvent à 12 500 euros brut par mois. Et pourtant, le couple Balkany entretiendrait trois propriétés qualifiées de “palais” par Le Canard enchaîné. Des propriétés dont les Balkany ne sont pas officiellement propriétaires. Pour l’une d’entre elle, le montage financier est clair : le domaine de 4 hectares de Giverny, acheté dans les années 1980, a été offert en nue-propriété aux enfants du couple Balkany, qui en reste l’usufruitier. Pas d’ISF à l’horizon donc. En revanche, Le Canard n’a pas retrouvé les propriétaires officiels de deux résidences occupées régulièrement par les Balkany.
D’après l’hebdomadaire, “depuis quelques années, le couple Balkany passe une partie de ses loisirs dans le palais Dar Guycy de Marrakech où il reçoit, à l’occasion, son grand ami Sarkozy. Située dans le triangle d’or de la palmeraie de la ville, cette masure d’environ 1200 m² habitables est agrémentée de près de 2 hectares de parc et d’une vaste piscine”. Et qui est le propriétaire de cette magnifique demeure ? C’est là que ça se corse : la propriété a été mise en vente en 2008 pour un montant de 5 millions d’euros. Interrogé par Le Canard, Balkany assure que c’est son demi-frère, résident fiscal aux États-Unis, qui en est le propriétaire. Sauf que ce n’est pas si simple : “Le cadastre marocain indique le nom d’une société locale, Dar Guycy, elle-même contrôlée par une deuxième société, panaméenne celle-là : Hayridge Investments Group Corporation, au capital de 10 000 dollars. [Une société] qui n’est que l’émanation de deux autres sociétés de Panama dont les actionnaires se perdent dans la brume des tropiques”, explique Le Canard enchaîné.
Le montage financier de la deuxième résidence des Balkany est tout aussi complexe. Le couple dispose d’une résidence de 500 m² sur l’île de Saint-Martin aux Antilles. Qui en est le propriétaire ? Balkany assure que ce n’est pas lui. Le Canard, explique quant à lui, qu’un rapport de police datant de juin 2001, s’interrogeait déjà sur l’identité de l’acquéreur officiel. La demeure appartiendrait “à Real Estate French West Indies Establishment, une officine domiciliée au Liechstenstein dont le capital semble aussi transparent qu’un compte numéroté”, indique l’hebdomadaire.
En résumé, entre la villa de Marrakech, celle de Saint-Martin et les montages financiers du Panama et du Liechstentein, Patrick Balkany voyage, à défaut d’être propriétaire.
*** Sources
– “Les Balkany attaquent Le Canard”, AFP, 20.04.2012
– Hervé Liffran, “Les ficelles en or du couple Balkany pour échapper à l’ISF”, Le Canard enchaîné n°4851, 16.10.2013
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>> Enquête sur la fortune de Jean-Marie Le Pen : comment le leader du FN contournait l’ISF
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Source(s): radiortl / YouTube / politique.net / Le Canard enchaîné, le 22.10.2013 / Relayé par Meta TV-Meta TV)