Le scandale sexuel de Rotherham qui a secoué le Royaume-Uni fin août n'est pas le dernier : d'autres ne vont pas tarder à éclater, prévoit un policier Anglais, qui dénonce le manque d'engagement de la société à éradiquer le problème.
"Le scandale d’abus sexuels de Rotherham est juste la partie visible de l’iceberg, selon le chef de la police", titre The Guardian. Dans une interview au journal britannique, Simon Bailey, policier en charge de la lutte contre les abus sexuels de mineurs dans le comté de Norfolk, a annoncé la révélation à venir d’autres scandales du type de celui de Rotherham, qui a éclaté fin août.
Dans cette ville du nord-est de l’Angleterre, pendant 16 ans, au moins 1 400 mineurs, pour la plupart des jeunes filles placées en foyers d'accueil, avaient été victimes d’un réseau d’agresseurs sexuels principalement d'origine asiatique. La police, la municipalité ainsi que les services sociaux avaient été vivement critiqués pour n'avoir pas réagi de manière adéquate aux plaintes des victimes.
Baily estime que "l’exploitation sexuelle d’enfants est un crime caché depuis trop longtemps". Le journal rappelle que cette semaine encore, des policiers ont accusé la police de Manchester d’avoir essayé d’étouffer ses échecs dans sa lutte contre des gangs asiatiques responsables d'abus sexuels.
"90% des abus sexuels ont lieu à la maison"
Le danger est cependant que les médias se focalisent sur ce type d’abus sexuel, tandis que "90% des cas d'abus sexuel ont lieu à la maison, avec des victimes abusées par des personnes qu'elles connaissent", rappelle M. Bailey.
Dans le budget de la police de Norfolk, M. Bailey a pris l’initiative de récupérer un million de livres (1,24 million d'euros) initialement destinés à la lutte contre les cambriolages, pour les consacrer aux enquêtes sur les abus sexuels d’enfants. "Sur la population de 850 000 personnes à Norfolk, on a affaire à moins de cinq cambriolages par jour. La communauté veut-elle que je ramène ce nombre à quatre par jour ? Ou bien préfère-t-elle que je protège des enfants ?"
Absences répétées à l'école
Bailey a également fait appel aux écoles et aux médecins pour qu'ils s'engagent davantage afin de détecter des signes d’abus sexuels potentiels – comme les absences répétées à l'école, les maladies sexuellement transmissibles et les avortements – et de les partager avec la police pour faciliter sa tâche. Son appel a été mal reçu par l’Union nationale des enseignants, qui lui a rétorqué que "les écoles ne sont pas des services sociaux ni des commissariats de police".
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Source : Courrier International / Par Judith Sinnige, le 16.10.2014