Les deux dirigeants pourraient se rencontrer en tête-à-tête dans la soirée en marge du sommet de Minsk pour chercher une sortie diplomatique à la crise ukrainienne.
«Ils vont sûrement se rencontrer», a déclaré à l'AFP le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov sans préciser quand ce tête-à-tête aura lieu.
«C'est le sort de l'Europe et du monde qui se décide au cours de cette rencontre», a déclaré le président ukrainien au début de ce sommet inédit qui réunit les pays de l'Union douanière (Russie, Biélorussie, Kazakhstan) menée par Moscou et des dirigeants de l'Union européenne.
Sur le terrain, des combats faisaient rage mardi sur un «nouveau front» près de la frontière russe dans la ville côtière de Novoazovsk (sud-est) où les autorités ukrainiennes ont déjà affirmé la veille avoir stoppé une colonne de blindés venue de Russie.
Des journalistes de l'AFP réfugiés dans la cave de la mairie de cette ville, située à 100 km au sud du bastion prorusse de Donetsk, ont pu entendre des bombardements tous azimuts en début d'après-midi.
Le président Porochenko a néanmoins déclaré que l'Ukraine «cherchait la paix dans le Donbass» région minière de l'est où les combats ont fait plus de 2200 morts en quatre mois et où les forces ukrainiennes ont capturé lundi pour la première fois dix parachutistes russes.
La clé du succès de l'opération militaire est selon lui le contrôle de la frontière russo-ukrainienne: «Il faut tout faire pour arrêter les livraisons d'armes aux séparatistes», a-t-il déclaré lors de ce sommet inédit à Minsk.
Quelques heures avant la rencontre, Kiev a diffusé des interrogatoires filmés de soldats russes, largement repris par les télévisions comme la première preuve matérielle de l'implication des forces régulières russes dans le conflit.
Dix parachutistes russes du 331e régiment de la 98e division aéroportée basée en Russie centrale ont été arrêtés lundi soir près du village ukrainien de Dzerkalné, à une vingtaine de kilomètres de la frontière.
Une source militaire russe a confirmé l'arrestation tout en déclarant qu'ils avaient franchi la frontière «par accident».
«Nous avancions en colonnes dans des champs, pas sur la route. J'ai deviné (que j'étais en Ukraine, NDLR) quand on a commencé à nous bombarder», déclare le caporal Ivan Miltchakov, «citoyen russe né en 1995», selon une vidéo largement reprise par les médias.
«C'est la guerre entre l'Ukraine et la Russie»
Un autre parachutiste, Ivan Romantsev, a de son côté expliqué qu'il pensait dans un premier temps participer à des «manœuvres» pour lesquelles on leur avait demandé de couvrir de peinture blanche les numéros de leurs véhicules.
«Quand on a fait exploser mon blindé, j'ai commencé à avoir peur. J'ai compris que ce n'était pas des manœuvres», dit-il.
«Je me suis rendu compte qu'ici c'est la guerre entre l'Ukraine et la Russie», a-t-il poursuivi.
Kiev n'a de cesse d'accuser la Russie d'envoyer des militaires ou des blindés en territoire ukrainien, de tirer sur le territoire ukrainien à l'aide de son artillerie, et de fournir armes et combattants aux insurgés, ce que Moscou a toujours démenti.
La Maison-Blanche a dénoncé lundi les «incursions militaires» de la Russie en Ukraine jugeant qu'elles constituaient une «escalade significative» à la veille de la rencontre de Minsk.
Les rebelles prorusses ont de leur côté annoncé la veille avoir lancé une contre-offensive au sud de leur bastion de Donetsk dans ce qui semble être une tentative de prendre l'armée ukrainienne en tenaille, mais Kiev a affirmé avoir repoussé ces attaques.
Des combats se déroulaient mardi près de Novoazovsk, à 12 km à l'ouest de la frontière russe. Une épaisse fumée était visible au-dessus du secteur de cette ville côtière de 11 000 habitants sous contrôle loyaliste située au bord de la mer d'Azov. L'armée ukrainienne a annoncé 12 morts dans ses rangs en 24 heures.
Les rebelles avaient déjà choqué l'opinion en faisant défiler dimanche des prisonniers de guerre ukrainiens devant la foule dans le centre de leur bastion de Donetsk, sans que Moscou n'y voit «rien d'humiliant».
Moscou a placé lundi Kiev devant la perspective d'une nouvelle démonstration de force en annonçant l'envoi «dès cette semaine» d'un nouveau convoi humanitaire, quelques jours après l'entrée en territoire ukrainien d'un premier convoi sans l'autorisation de Kiev.
«Prix trop élevé»
Au cours d'un entretien avec le chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, M. Porochenko a déclaré que l'Ukraine payait «un prix trop élevé pour son indépendance».
Après avoir convoqué lundi soir des législatives anticipées le 26 octobre, M. Porochenko l'a assurée que l'Assemblée sortante ratifierait en septembre l'accord d'association signé avec l'Union européenne.
La décision du précédent gouvernement ukrainien prorusse de suspendre cet accord a déclenché une vague de contestation pro-européenne sans précédent qui s'est soldée dans un bain de sang à Kiev et a provoqué la pire crise entre la Russie et l'Occident depuis la fin de la Guerre froide.
Ont suivi l'annexion de la Crimée par la Russie en mars et une insurrection armée prorusse dans l'est inspirée et armée selon l'Ukraine, par Moscou.
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Source : La Presse.ca, le 26.08.2014