“On en a ras-le-bol” : au bord de la crise de nerfs, des agriculteurs témoignent

Charge de travail très importante, revenus en berne… De nombreux agriculteurs n’arrivent plus à s’en sortir. Franceinfo leur donne la parole.

“Tout le monde est un peu dégoûté, on en a ras-le-bol…” Pierre Olivier, éleveur dans le département de l’Allier, tire la sonnette d’alarme : de nombreux agriculteurs, comme lui, doivent faire face à de grandes difficultés. Alors que le Salon de l’agriculture débute, samedi 24 février, franceinfo leur a donné la parole.

“Le quotidien, c’est qu’on se surcharge un peu de travail pour produire plus, pour essayer de s’en sortir avec un prix du lait qui peine à grimper, raconte Xavier Aubinais, producteur laitier en Loire-Atlantique. Le système d’impayés, on le voit. Les personnes qui sont surmenées et qui ont tendance à péter un plomb, débordées de travail, j’en vois.” Depuis 2014 et la rupture avec son associé, son exploitation est déficitaire, malgré une charge de travail considérable.

“J’ai besoin d’argent pour remplir mon frigo”

D’autres agriculteurs alertent aussi le gouvernement sur des changements dans le système de subventions. “Je me suis installé le 1er janvier 2017 et j’ai appris il y a un mois, après ma déclaration PAC, que les surfaces en landes à bruyères n’étaient pas éligibles à la PAC, explique Lise Rolland, éleveuse en Corrèze. Ça remet en question la globalité de mon activité. Si le ministère ne fait pas quelque chose pour ramener ces surfaces éligibles à la PAC, on devra, je pense, d’ici au 15 mai 2018, arrêter l’activité d’élevage de brebis.”

Je ne peux plus considérer l’avenir. Je ne vois pas trop où est-ce que je peux aller. C’est pour ça que je pense peut-être arrêter l’activité.

Lise Rolland, éleveuse en Corrèze

à franceinfo

Même son de cloche du côté de Denis Campmas. “Du jour au lendemain, on a rayé de la carte un tiers de ma ferme, explique l’éleveur, installé depuis dix ans à Peyrelevade (Corrèze). Je ne comprends pas comment on peut vivre sans gagner sa vie. Moi, j’ai besoin d’argent pour remplir mon frigo. Si, demain, on me retire mon revenu, je suis obligé de partir. Ce n’est pas un choix.”

“Le bien-être de l’agriculteur, on n’en parle pas”

Bilan : les quatre agriculteurs ont l’impression d’être oubliés. “Le bien-être de l’agriculteur, on n’en parle pas. On s’en fiche un peu. Un salarié, c’est vrai que c’est 35 heures, c’est très bien. Mais l’agriculteur, on ne sait pas qu’il fait 70 heures par semaine ou 75, qu’il n’arrive pas tirer un salaire… On s’en moque aussi un petit peu”, constate, amer, Xavier Aubinais.

 

Source : francetvinfo

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