Depuis le début de l’année, le Venezuela est en proie à de violents troubles opposant le gouvernement “socialiste” de Nicolás Maduro et ses partisans à ceux de son opposition de droite et du centre (Leopoldo López, Henrique Capriles etc.) ; troubles qui ont fait plus de 30 morts et 500 blessés. Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer brièvement ces événements, derrière lesquels se profile le même affrontement mondial entre blocs impérialistes euro-US et russo-chinois qui met à feu et à sang la Syrie et l’Ukraine, dans notre revue régulière d’actualité ; et de rappeler notre position de principe sur ces pays “bolivariens” : 1/ défense inconditionnelle du fait populaire bolivarien (mobilisation de masse et rapport de force instauré par celle-ci) face aux offensives réactionnaires terroristes de l’impérialisme et de l’oligarchie, 2/ défense tout aussi inconditionnelle du même fait populaire contre les trahisons et autres agissements contre-révolutionnaires et antipopulaires du réformisme bourgeois. De fait, nous avons là la (vieille et connue) contradiction entre ce qui est (nationalisme et réformisme bourgeois) et ce que croient les masses (“révolution”, “marche au socialisme”) ; ce que croient les masses étant tout à fait susceptible (à tout moment) de devenir force matérielle, ce pourquoi les réformistes “bolivariens” (“bolibourgeoisie”) et leurs soutiens impérialistes et expansionnistes (russes, chinois, européens, iraniens, brésiliens, argentins etc.) tentent à tout prix de le garder sous contrôle, et la droite oligarchique et ses soutiens impérialistes (US ou européens) de l’écraser : ce sont les deux types de menées contre-révolutionnaires que les communistes révolutionnaires combattent.
Il semble toutefois que nous soyons dans une situation fort différente de celle de 2002 et du milieu des années 2005, lorsque Chávez avait ouvertement violé le “pacte” qu’il avait forcément (comme Lula, Kirchner et tous les autres) passé avec l’oligarchie pour être élu en 1998 et que celle-ci tentait à tout prix de le renverser avec la pire violence, la mobilisation des masses lui sauvant la mise et le coiffant, si l’on peut dire, d’une “couronne de pavés”. Les révisionnistes et autres fantasmateurs sur le “socialisme du 21e siècle” bolivarien nous raconteront avec une lueur de fierté dans les yeux que “le processus révolutionnaire a vaillamment résisté à la contre-révolution impérialiste”… Mais la réalité est, apparemment, que nous nous acheminerions encore un peu plus vers un nouveau Punto Fijo ; accélération d’un processus déjà commencé depuis la fin des années 2000 (en fait depuis la crise consécutive au crash des cours du pétrole fin 2008, de 136 à environ 50$ le baril).
De fait, il n’y a donc aucun “renversement” du gouvernement “socialiste” bolivarien à l’ordre du jour : celui-ci est tout simplement en train de se “renverser” tout seul, pour ramener le pays à la situation antérieure à 1998. Un processus entamé, comme on l’a dit, dès les années 2008-2009 avec l’effondrement des cours du brut, puisqu’en fait de “révolution” il n’y avait rien de plus qu’un réformisme redistributif basé sur la rente pétrolière ; poursuivi ensuite avec la baisse électorale constante de Chávez puis l’élection de justesse de Maduro en 2013 ; pour déboucher enfin sur la situation actuelle de négociation et de partage du pouvoir avec la droite et le patronat “d’ancien type”, la mobilisation de droite et du centre dans la rue (et les violences qui l’accompagnent) n’étant là que pour faire pression sur les pourparlers. Au niveau inter-impérialiste, il est probable que les Russes considèrent (comme ils l’ont toujours fait quelque part) qu’après tout, l’Amérique latine n’est pas vraiment “leur” hémisphère et qu’ils ont des intérêts stratégiques beaucoup plus vitaux à défendre en Ukraine, en Syrie, dans le Caucase et en Asie centrale ; tandis que les Chinois sont (comme toujours) prêts au compromis du moment que leurs intérêts sont un minimum garantis (ils n’ont pas encore besoin d’une mainmise totale et ouverte sur des dizaines de pays)…
Ainsi devrait s’achever, dans les mois et les années qui viennent, l’expérience de la “révolution bolivarienne” au Venezuela. À moins que, s’appuyant justement sur le refus populaire de cela, un VÉRITABLE (cette fois-ci) processus révolutionnaire ne se mette en marche avec, comme disent les camarades du MGR dont nous vous offrons ci-dessous un nouveau texte traduit (suivi d’une déclaration de la Coordination Simón Bolívar), “toutes les forces de l’Histoire” !
Pour la révolution, nous enverrons balader qui il faudra !
Ces derniers jours, le camarade et révolutionnaire conséquent Roland Denis a formulé une question brûlante qui en a apparemment fait frissonner plus d’un : “Qui serait prêt à envoyer balader le président Maduro, au vu de la tournure prise par le processus bolivarien ?”.
Nombreuses ont été les déclarations qui ont suivi, et le débat ne fait apparemment que commencer dans le camp des révolutionnaires ainsi que dans une gauche déjà résignée à son incapacité de poser réellement la question du Pouvoir.
Nous nous souviendrons ici que “gauche” et révolutionnaires sont deux choses bien différentes, voire opposées pourrait-on dire ; les seconds luttant pour changer à la racine l’actuel système capitaliste d’exploitation à travers une révolution socialiste pulvérisant l’État bourgeois [bureaucratique-compradore semi-colonial semi-féodal NDLR] pourri tandis que les premiers, en revanche, cherchent désespérément à se raccrocher à n’importe quelle réformette, n’importe quelle mesurette populiste, n’importe quelque discours redondant et sans contenu réel, n’importe quel scénario électoraliste pour le présenter comme “socialiste” et, de cette manière, s’assurer que l’État capitaliste [semi-colonial semi-féodal NDLR] pourri continue à fonctionner et (ainsi) garder une chance de ramasser les quelques miettes semées par le pouvoir réel pour soutenir tout son édifice d’exploitation.
Afin d’apporter notre contribution au débat et sans esquiver l’énorme responsabilité qui nous incombe dans ce scénario complexe que nous traversons, nous livrerons ici notre réponse à la question formulée par le camarade Roland Denis.
Nous commencerons par la proposition même que fait le camarade. Selon nous, ce n’est pas seulement Nicolás Maduro qu’il faut envoyer péter. Maduro n’est selon nous que la pointe émergée de tout un iceberg qu’il faut dévoiler. Au Venezuela, comme nous le répétons depuis 7 ans, une petite bourgeoisie bureaucratisée s’est installée à la tête du processus bolivarien et grâce aux ressources illimitées de l’État, au moyen de toute une série d’arguties, de subterfuges, de fraudes, de détournements et d’escroqueries, de créations de sociétés écrans ou de “coopératives” étant en réalité des entreprises privées, a obtenu de l’État des contrats multimillionnaires lui permettant de faire main basse sur une grande partie des dépenses publiques et de se transformer ainsi en un nouveau segment bourgeois, s’éloignant de sa condition première de bureaucratie petite-bourgeoise.
Nous avons également expliqué en temps voulu que le “socialisme du 21e siècle” n’était rien de plus qu’un succédané de socialisme et qu’il n’existait pas de révolutions à moitié, comme l’ont dramatiquement démontré les cas du Chili, du Nicaragua et d’autres pays encore.
Prétendre qu’il existe une révolution socialiste alors que la bourgeoisie conserve le pouvoir réel sur l’économie est non seulement une escroquerie intellectuelle, mais plus grave encore : cela finit par être un CRIME contre la classe ouvrière et tous les secteurs exploités des villes et des campagnes, qui luttent pour leur libération du joug exploiteur du capitalisme.
Tout comme nous avons expliqué que le Pouvoir populaire ne consiste pas à coller cette appellation sur les institutions de l’État bourgeois, mais à le construire réellement et depuis l’EXTÉRIEUR de cet État que l’on prétend détruire.
Nous ne nous sommes pas trompés lorsque nous disions que le socialisme ne S’ACHÈTE PAS grâce à des cours du pétrole élevés, en indemnisant la bourgeoisie pour chaque nouvelle expropriation réalisée par le vieil État, à des prix très au-dessus de la valeur réelle et de l’investissement dans le capital réalisé par la bourgeoisie qu’elle soit nationale ou internationale (voir les cas Sidor, Banco Santander etc.).
Nous avons dit et répété que c’était une erreur de parler d’un monde bipolaire [NDLR : entendu au sens d’un “camp impérialiste” dirigé par les États-Unis et d’un “camp anti-impérialiste” avec la Russie, la Chine etc.] alors que nous vivons en réalité dans un monde capitaliste globalisé où n’existe rien d’autre que la concurrence entre impérialistes pour conquérir des marchés, celle-ci incluant simplement de nouveaux acteurs tant au niveau mondial (Chine) que régional (Brésil).
Notre voix était forte et claire lorsque nous disions qu’un parti de composition interclassiste, avec une direction bureaucratisée à l’extrême, sans théorie révolutionnaire et ne s’exprimant que comme machinerie électorale de temps à autres ne pouvait être qu’un appareil social-démocrate, incapable de réaliser des changements révolutionnaires et à vrai dire incapable même d’exprimer la voix de sa militance. Chaque fois que sa direction réelle émanait de son dernier congrès, elle ne s’exprimait ni même n’agissait comme telle mais par l’intermédiaire de “porte-paroles”.
Que n’avons-nous pas été critiqués lorsque nous disions que le Grand Pôle Patriotique (GPP) n’était qu’une illusion stérile et plus encore qu’une alliance politique, une réunion de vieilles références cherchant quelque petit espace vital dans l’appareil d’État et à bénéficier de temps en temps d’une alliance avec le parti au pouvoir.
Sur ce point, et sauf honorables exceptions sur lesquelles nous reviendrons avec noms et prénoms plus avant, nous aimerions poser la question : quand est-ce que le GPP a appuyé pour la dernière fois publiquement et activement une grève de travailleurs pour leurs justes revendications ? Ou fait pression depuis la rue pour la libération d’authentiques révolutionnaires internationalistes emprisonnés au Venezuela ? Ou exigé en mobilisant ses militants et autres partisans l’éclaircissement urgent de la mort de presque 400 dirigeants et militants paysans et ouvriers, tous leaders populaires, assassinés pour la majorité par des hommes de main des grands propriétaires ? Ceci pour ne citer que quelques-uns des cas dans lesquels il aurait pu intervenir et a préféré ne pas le faire. Pourquoi ?
Il est bon de se remémorer lorsque nous alertions sur le clientélisme de beaucoup d’organisations, et la manière dont était captée la jeunesse pour la soumettre aux institutions bureaucratiques, l’éloigner du militantisme réel la rallier au maintien de ce même système contre lequel on prétendait lutter.
Combien d’escrocs ont-ils fait leur beurre sur les immenses efforts de la classe ouvrière et du Peuple bolivarien pendant toutes ces années ? Faut-il rafraîchir la mémoire sur la position de Miquilena [Ministre de la Justice et de l’Intérieur 2001-2002] et autres escrocs de cette époque ? L’action du ministre Riveros à la tête du ministère du Travail serait-elle un mystère ? Et de tant de ministres qui ont accompagné le “processus”, ainsi que de maires, gouverneurs et autres transfuges qui sont aujourd’hui de flamboyants entrepreneurs.
Il ne s’agit pas seulement d’Isea [gouverneur PSUV de l’État d’Aragua 2008-2012 puis directeur de la Banque de l’ALBA en 2013, tombé pour détournement de dizaines de millions de dollars] et de sa bande, ou aurions-nous déjà oublié Andrade et toute la pourriture corrompue de la BANDES (Banque de Développement économique et social) ? Nous ne cherchons pas à occulter des noms ni quoi que ce soit mais nous ne voulons pas que ce texte devienne une liste de corrompus, escrocs et transfuges, car taper chaque nom, décrire chaque situation nous fait mal dans le plus profond, le plus humain et le plus guévariste de notre raison d’être et d’exister comme force politique.
Mais se souvenir et dire la vérité est un exercice sain. Il y a encore peu, beaucoup à gauche nous disaient qu’il “ne faut rien dire, car la droite va en tirer profit”. Mais de quoi la droite peut-elle encore tirer profit dans ce “processus” ? N’a-t-elle pas suffisamment profité de la fuite des capitaux en plein contrôle des changes ? D’acheter pendant des années le dollar à prix offert et de le revendre au marché noir ? Ou encore de l’amnistie qui lui a permis de se réarmer pour attaquer à nouveau la classe ouvrière et le Peuple pauvre et exploité de la ville comme des champs ?
Le manque de mémoire de cette gauche est décidément maladif. Tout le monde a déjà oublié l’achat des banques “bolivariennes” et leur mise en cause postérieure pour fraude. Et le frère de Jesse Chacón ? Ils diront bien sûr que son frère ne savait rien car ils ne se parlaient et ne se voyaient pas, et que l’actuel et alors ministre ne possédait aucune information sur ces opérations obscures que Chávez lui-même dénonçait publiquement.
La liste serait longue, mais la tentation est grande et l’indignation plus encore à nous remémorer tout cela, qui nous semble un très bon condensé des “après” que mentionne le camarade Roland Denis dans son texte. Nous divergeons simplement de lui dans la mesure où il personnalise le problème. Le problème selon nous ne se résume pas à Maduro.
C’est en réalité tout un système mensonger et pervers qui nous trompe et nous ment de manière habituelle et même avec notre complaisance. Ce n’est pas seulement aujourd’hui que la bourgeoisie attaque et tente de détruire le processus bolivarien, et ce n’est pas seulement un segment de celle-ci catalogué comme “bourgeoisie traditionnelle”.
Le nouveau segment bourgeois enkysté dans le gouvernement défend sa nouvelle condition et tente de nous convaincre qu’il existe une “bonne” bourgeoisie, la nouvelle, et ceci sous les applaudissements nourris de tous ceux qui font du marxisme une lettre morte et jaunie et nous vendent leur discours qui ne leur sert qu’à s’auto-justifier comme nouveau segment bourgeois, se présentant comme la solution alors que pour eux il est fondamental de maintenir le capitalisme.
Le gouvernement nous parle de bourgeoisie patriote, honnête, qui veut produire… Quelle est alors la bourgeoisie “mauvaise” et conspiratrice ? La bourgeoisie “bonne, honnête et patriote” ne se chargerait-elle pas d’occuper le marché laissé libre par la bourgeoisie “apatride, traître et malhonnête”, pour accaparer ou diminuer la production ? Vu le caractère importateur de celle-ci, cela ne devrait pas être un grand problème comparé à celui de l’industrialisation. Mensonges et justifications du capitalisme…
Ainsi la nouvelle bourgeoisie, depuis le cœur même du gouvernement, attaque-t-elle la classe ouvrière et le Peuple bolivarien sur le plan de la confusion théorique et idéologique ; mais elle ne se limite pas à cela, elle le fait aussi de manière pratique et publique.
Sur le site Aporrea est paru un article reflétant bien toute cette situation, où l’auteur Deivis Battes se pose lui aussi cette question lorsqu’il dit : “Dans le processus d’importation de dollars interviennent principalement les banques publiques et privées, le gouvernement et la bourgeoisie (comme donnée additionnelle, il faut mentionner que les importations publiques ont représenté en 2012 environ 44% du total). On a signalé en 2012 la perte de 20 millions de dollars. Qui a conspiré ? Comment peut-on “conspirer” sans la complicité de toutes les entités, parmi lesquelles se trouvent des agents et des institutions du secteur public ? Comment se peut-il que jusqu’à ce jour, on ne dispose pas de la liste de ces entreprises ou des principaux responsables en plein système de contrôle des changes ? Serait-ce que cela n’influe pas sur la pauvreté et les terribles niveaux d’inflation de l’année 2013 au point d’être considéré comme faisant partie de la guerre économique ? La fuite de capitaux par des moyens frauduleux, constante depuis 2003 et atteignant pour 2012 les 110 milliards de dollars (on ignore combien ont atterri dans les paradis fiscaux) serait-elle aussi une guerre économique “conspirative” ? Si cela dure depuis 2003, pourquoi cela devient-il seulement aujourd’hui une “guerre économique” ? Ne s’agit-il pas simplement d’une accumulation de capital dans les conditions particulières où s’effectuent les transferts de devises au Venezuela ?”…
C’est ainsi, camarade Roland Denis, que nous comprenons que le problème cesse d’être Maduro : c’est tout le système soutenant le vieil État capitaliste pourri qu’il faut envoyer promener, pour employer vos propres termes, afin de défaire une par une tous ces entraves à la réelle nécessité du Peuple d’avancer dans sa propre révolution, sans tuteur ni médiateur de service.
Nous ne voulons en aucune manière éluder le problème posé. Nous sommes en présence d’une situation nouvelle et inédite dans le processus, qui n’est autre que la LIQUIDATION de celui-ci par la mise en scène d’un nouveau pacte de Punto Fijo, aujourd’hui appelé “Pacte de Miraflores”. Lorsque nous faisons référence à ce pacte, nous ne faisons pas seulement référence au spectacle grotesque et vulgaire de voir assis à Miraflores [le palais présidentiel] les mêmes assassins et putschistes du 11 Avril [2002] désormais qualifiés par euphémisme d'”opposition démocratique”. Non. Nous nous référons au véritable, à l’authentique pacte qui n’a pas commencé le 12 février mais depuis bien avant. Ou alors, oublierions-nous les réunions de Merentes [Ministre des Finances 2001-2002 et 2004-2007 puis président de la Banque centrale du Venezuela 2009-2013 et à nouveau depuis janvier] et de l’équipe économique avec un parterre de 6.000 entrepreneurs lors de la précédente crise des prix, culminant avec la réception de M. Lorenzo Mendoza [dirigeant de la plus grande entreprise agroalimentaire du pays] à Miraflores ? Aurions-nous oublié les revendications de la bourgeoisie alors ? Ou serait-ce que l’actuelle “Table ronde pour la Paix économique” est autre chose que le reflet et l’aboutissement ces des premiers rapprochements ? Avons-nous déjà oublié la fermeture des émissions politiques de tout un ensemble de camarades qui se montraient critiques envers le cours actuel des choses, et la véritable offensive lancée par le gouvernement contre quiconque refuse de se plier totalement à la nouvelle orientation centriste et d’abandonner la ligne du “changement de cap” défini par le président Chávez [en octobre 2012, appelant à un bilan critique du travail accompli depuis alors 13 ans et au développement de “l’État communal”] ?
Le véritable Pacte de Miraflores commence à être mis en œuvre en ce moment même, et à se matérialiser à travers quelques 56 accords avec des chefs d’entreprise que le gouvernement s’acharne à garder secrets dans le dos du peuple. Mais on a beau les annoncer séparément et espacés dans le temps pour éviter l’impact de les rendre brutalement publics et visibles, ils se font déjà sentir dans le portefeuille des plus pauvres. Et ce ne sont pas seulement 56 accords en matière économique. Le même gouvernement a annoncé qu’il espérait parvenir à plus de 2.000 accords de ce type autour des différentes tables de négociation au niveau central et régional. Déjà sont en train d’être finalisés les 600 premiers accords régionaux et bien que le gouvernement s’échine à les garder secrets, la réalité têtue montre bien quel est le chemin suivi lorsque le président de la Fedecamaras [MEDEF vénézuélien], Jorge Roig, dit que “le gouvernement commence à prendre la bonne voie”.
Nous sommes en présence du démontage total de l’essence du processus bolivarien qui, bien qu’on ne puisse le qualifier de socialiste, représentait une avancée par rapport à la situation antérieur de la classe ouvrière et du Peuple pauvre et exploité de la ville et de la campagne.
La table politique de négociation installée avec la MUD (Table de l’Unité démocratique, opposition “modérée” au PSUV) ces derniers jours n’est que le reflet tardif de la situation précédemment décrite avec les entrepreneurs. La bourgeoisie économique se représentait elle-même dans ces discussions, tandis que la droite politique faisait pression dans la rue pour rendre plus profonde encore la reddition du processus bolivarien.
Il s’agit en définitive d’une nouvelle répartition de la rente entre les deux différents secteurs de la bourgeoisie (bolibourgeoisie et bourgeoisie traditionnelle), dans un contexte de crise systémique du capitalisme rentier.
La crise actuelle est le produit du fait que le fonctionnement “relativement normal” de l’économie dépende de la rentre pétrolière. Étant donné que le prix du baril a chuté de 34% en valeur annuelle moyenne en 2009, pour remonter ensuite jusqu’en 2011 lorsque le baril valait environ 100$, mais stagner ensuite à ce prix en 2012, 2013 et 2014, ajouté au fait que la consommation interne d’essence continue à augmenter et que la production de pétrole n’augmente pas, nous nous retrouvons avec une stagnation voire une réduction des revenus pétroliers également appelés pétrodollars.
En d’autres termes : il n’y a pas de rentrées de dollars suffisantes pour maintenir le rythme d’accumulation du capital ou, ce qui revient au même, il n’y a pas suffisamment de dollars pour maintenir la croissance des gains capitalistes sans frapper de manière plus aiguë et marquée le pouvoir d’achat de la classe ouvrière et du peuple pauvre et exploité. Il n’y a là aucune “guerre économique” : il s’agit simplement de la crise systémique du capitalisme en général et du capitalisme rentier en particulier.
Comme peut le voir le camarade Denis, il ne s’agit donc pas d’envoyer Maduro et même un certain nombre de ses ministres et collaborateurs se faire voir mais d’en finir pour toujours avec le maudit capitalisme et son unique bénéficiaire, la bourgeoisie.
Nous comprenons bien sûr que les pactes et les acteurs sont passés par des personnes concrètes dans des situations concrètes. Mais nous avertissions déjà en avril 2009 : “Nous ne parlerons pas ici de néolibéralisme, pour diverses raisons sur lesquelles ne nous étendrons pas. Lorsque l’on parle de néolibéralisme, l’on tend à séparer ce concept du capitalisme, comme s’il existait un bon capitalisme (keynésien) et un mauvais (néolibéral), alors qu’en réalité ce sont les deux faces d’une même pièce. Mais il y a en outre un autre détail de grande importance.
Jamais le capitalisme n’applique des modèles “purs”, et jamais ceux-ci ne sont exclusivement une seule chose. Habituellement, il y a des combinaisons de mesures en mettant l’accent sur l’une ou l’autre, mais les deux recettes représentent la continuité du Capital et l’application de l’une d’elle à un moment donné ne fait que préparer l’étape suivante, où s’exprimera principalement l’autre. Une fois épuisée la voie keynésienne (plus de dépenses sociales, appuyées dans le cas du Venezuela sur les cours élevés du pétrole), l’on passera nécessairement à appliquer la voie libérale et nous serons alors en présence de la liquidation d’une bonne partie du processus bolivarien reposant sur la rente pétrolière et ses hauts revenus en dollars. Il ne s’agit donc pas de changer les personnes, mais d’en finir une bonne fois pour toutes avec le système capitaliste avant qu’il ne soit trop tard, car la période d’aubaine des pétrodollars est déjà terminée…”.
Nous ne cherchons pas à nier, par-là, toutes les grandes avancées sociales obtenues pendant toutes ces années dans le feu des luttes populaires, et la nécessaire défense de celles-ci. Bien au contraire. Nous affirmons que la seule issue révolutionnaire à la crise actuelle est l’approfondissement de la rupture avec la bourgeoisie parasite, totalement incapable de répondre aux nécessités du Peuple vénézuélien. Nous insistons bien sur le fait qu’il ne s’agit pas de personnes mais du MODÈLE de société ; il s’agit de tout le système dans son ensemble.
Pour revenir à notre sujet principal, l’invitation faite par Roland Denis, nous devons préciser que sans ignorer les immenses progrès qu’a signifiés le processus bolivarien, nous pouvons trouver dans son essence même les causes de la situation actuelle, causes qui échappent totalement à la responsabilité d’un personnage mineur comme Nicolás Maduro.
L’absence d’une organisation révolutionnaire mature, armée théoriquement d’un projet de pulvérisation de l’État bourgeois et de construction d’une nouvelle société socialiste, est une des causes structurelles de cette situation. Nous ne pouvons passer à la trappe les premières définitions théoriques du président Chávez, proches de la “troisième voie” proposée par le criminel de guerre Tony Blair, et sur ce point Maduro n’a guère de responsabilité au-delà de sa propre formation théorique et de son parcours ultérieur.
À un tel niveau du parti chaviste, nier que le projet bolivarien n’était pas et ne pouvait pas être socialiste, au vu des forces le composant notamment (et surtout) dans ses structures dirigeantes, équivaudrait à ne pas voir le soleil en plein jour clair et dégagé, et nous engagerait dans un débat sans fin. Il nous semble plus utile de signaler une autre cause structurelle qui nous a conduit à la situation actuelle : l’immense capacité, économique et par tout type de moyens, d’une cupule dirigeante centriste pour domestiquer et paralyser l’immense mouvement social qui s’était développé bien avant l’apparition de Chávez sur le devant de la scène, et que celui-ci allait canaliser en déployant une activité acharnée. Lorsque nous parlons de centrisme, nous ne faisons que reprendre les propres mots de José Vicente Rangel, à peine nommé ministre par Chávez après son élection, affirmant que l’objectif du gouvernement était d’appliquer une politique centriste de réforme et de perfectionnement de l’État. Comme vous pouvez le voir, ce n’est pas nous qui inventons quoi que ce soit.
Nous n’ignorons pas que la lutte des classes a par la suite aiguisé les contradictions et que le président a évolué à mesure qu’avançait le processus et que s’approfondissait sa propre étude et compréhension des réalités politiques ; il s’agit simplement ici d’analyser les causes qui nous ont conduits là où nous sommes. L’existence d’une direction éloignée de la théorie révolutionnaire a rendu possible qu’à chaque fois qu’existaient les conditions pour réellement achever d’approfondir le processus, en avril 2002 et en janvier 2003 et par la suite, cette possibilité a été écartée et l’on a recherché le pacte, même minime, sous le prétexte de construire de nouvelles et meilleures conditions, dans l’arène internationale surtout, par la construction d’instruments politico-juridiques permettant l’intégration économique régionale [continentale] et la modification des rapports de forces au niveau mondial.
La seule évocation d’une époque où toute l’Assemblée nationale était “chaviste” suffit à démontrer que la stratégie d’alors n’était pas d’approfondir la “révolution”. C’était l’époque de l’apparition des nouveaux riches, enfants légitimes du processus, et de tout un incroyable écheveau de bonnes affaires et de corruption effrénée.
Si la “révolution” n’a pas été approfondie alors, en temps de prospérité économique, cela ne se fera pas plus aujourd’hui à l’heure de la crise économique, politique et sociale généralisée. Tout le reste n’est qu’illusions, vœux pieux et belles paroles sans contenu destinées à l’auditoire captif disposé à les applaudir.
Le rapport de force actuel diffère totalement de celui de 2002, lorsque le Peuple mobilisé en une fulminante offensive avait envoyé balader la bourgeoisie putschiste et repris le pouvoir sans même y avoir été appelée. Nous étions alors en présence d’un coup d’État, avec la participation d’un secteur important des forces armées, le fascisme à Miraflores et de toutes parts, et pourtant le Peuple les a tous remis à leur place et a réinstallé Hugo Chávez à Miraflores.
Aujourd’hui ont surgi quelques barricades, quelques faits de violence fasciste perpétrés par des paramilitaires avec la nécessaire complicité de la droite économique comme politique, mais aussi avec celle de groupes à l’intérieur du gouvernement et des forces armées et de sécurité. Et que fait-on contre cela ? Convoque-t-on le Peuple pour défendre le processus dans la rue ? Non. On appelle à la paix et à la négociation, on signe des accords secrets et on installe à Miraflores les assassins du Peuple que nous connaissons tous dans un grand show médiatique, et tout cela est présenté aux masses comme un grand succès.
Pour le 1er Mai a été annoncé en grande pompe une augmentation ridicule des salaires, bien au-dessous de l’inflation réelle accumulée et les écrivaillons de service s’écrieront de joie “oui, c’est ainsi que l’on gouverne !”. Hypocrites justificateurs de l’exploitation capitaliste.
Il y a des “camarades” qui avec une bassesse incroyable assument le discours de la droite et justifient cette sinistre mascarade sous l’excuse puérile qu’il “ne faut pas dresser le peuple contre le peuple, puisque le pays est coupé en deux parts égales”. Nous avons beaucoup entendu cet argument au nom du “réalisme politique”, et beaucoup d’autres encore tout aussi vides de contenu, utilisant le même langage que la droite et la plus servile social-démocratie bourgeoise.
Les dirigeants du processus, se basant sur un message mystique, se présentent comme les uniques dépositaires de la figure et de la pensée de Chávez et se prétendent ses héritiers politiques, dans une tentative de capter le leadership du président défunt vers eux-mêmes et affirmer ainsi le leur pour justifier leurs pactes avec la bourgeoisie, l’entrée du processus dans une phase d’établissement d’un nouveau pacte inter-bourgeois.
Ils falsifient de cette manière le véritable héritage du président Chávez, qui malgré toutes ses erreurs et lacunes théoriques initiales avait su comprendre à la fin de sa vie qu’il s’était trompé, et tentait de réorienter et d’approfondir le processus pour le transformer en une véritable révolution socialiste. Il ne ressortait pas autre chose du “Changement de Cap” annoncé par lui [en octobre 2012], et qu’il n’a pu mettre en œuvre car surpris par une mort prématurée et au demeurant fort suspecte.
Au vu de tout ce qui précède, la question surgit comme la formulait déjà le grand Lénine en son temps : QUE FAIRE ? Et la réponse du guévarisme militant et révolutionnaire est :
Ne pas mentir à la classe ouvrière et au Peuple pauvre et exploité de la ville et des campagnes.
Ne pas l’illusionner avec une sortie de crise négociée avec la droite économique et politique.
Démasquer le caractère bourgeois de la nouvelle direction qui assume le désarmement du processus bolivarien.
Organiser pour le combat de classe la classe ouvrière, les pauvres et les exploités.
Construire ensemble avec d’autres forces révolutionnaires le nouveau sujet politique et social de la révolution socialiste véritable.
Organiser le Pouvoir populaire réel depuis la base, depuis l’extérieur de l’État bourgeois pourri et en lutte permanente contre lui.
Éduquer théoriquement l’avant-garde qui partagera et combinera les trois principes de base : indépendance de classe, lutte pour le pouvoir réel et combinaison de toutes les formes de lutte.
Nous immerger dans les classes populaires, construire des organisations sociales militantes et combattives.
Nous opposer par tous les moyens à la reddition du processus bolivarien, dénoncer les pactes et développer une nouvelle culture révolutionnaire.
Combattre le fascisme dans toutes ses expressions, ne pas perdre de vue l’ennemi principal qui est la BOURGEOISIE, représentante locale de l’impérialisme.
Innonder les espaces publics et sociaux de la voix des exploités, de la classe ouvrière en lutte.
Construire de nouvelles organisations ouvrières à l’abri du clientélisme, des mafias syndicales, des coteries de pouvoir, des compromis avec les patrons.
Livrer la bataille théorique contre la bourgeoisie, la traditionnelle comme celle surgie ces dernières années sous la protection du gouvernement.
Préparer stratégiquement nos forces, contrôler les espaces et les territoires par le Pouvoir populaire construit sur la base de la lutte et de l’autonomie.
Construire un nouveau sujet médiatique populaire avec des milliers de têtes, d’yeux et de bouches de toutes parts, défendant les intérêts de la classe ouvrière et des pauvres et exploités de la ville et des campagnes.
Ne renoncer à aucune forme de lutte mais au contraire les intégrer toutes dans un même plan stratégique d’accumulation de forces.
Impulser la mobilisation de la classe ouvrière et des secteurs populaires pour leurs droits, la défense de leurs conquêtes et l’obtention de nouvelles, et autres buts ambitieux qui nous rapprochent de l’objectif stratégique de la révolution socialiste.
Briser le nouveau pacte social que prétendent construire les segments de la bourgeoisie au sein du gouvernement et dans l’opposition, faire irruption dans ce scénario bien huilé avec le nouveau sujet politique et social de la révolution.
Enterrer pour toujours la vieille gauche capitaliste, capable de justifier de tous les pactes avec la bourgeoisie pour garder sa petite place dans les sphères du pouvoir.
Comme on peut le voir, pour les guévaristes ce n’est pas seulement Nicolás Maduro qu’il faut envoyer balader. Celui-ci a déjà choisi de quel côté de l’histoire il voulait être et de quelle manière il voulait y entrer.
Nous, guévaristes révolutionnaires, membres d’une force politique encore petite mais en développement, assumons sans complexe le défi et enverrons promener qui il faudra, Nicolás Maduro inclus, pour la révolution et le socialisme.
L’Histoire nous appartient et ce sont les Peuples qui la font, les millions de femmes et d’hommes qui lèvent haut le drapeau de leurs rêves avec audace et valeur, marchant vers l’avenir sans se soucier des obstacles et des défis qu’ils devront affronter dans cette lutte contre la mort et l’esclavage du capitalisme. Rien ni personne ne pourra jamais les arrêter, car ils sont le meilleur de l’humanité et finiront par conquérir leur liberté par la révolution socialiste.
Que résonne de toutes parts notre cri d’amour et de combat :
À bas le fascisme et la capitulation réformiste, tout le Pouvoir au Peuple !
Non au Pacte bourgeois de Miraflores pour une nouvelle répartition de la rente !
Que les bourgeois et les traîtres ne s’y trompent pas : tant que la classe ouvrière et le Peuple vivent, la continue jusqu’au socialisme !
Ni oubli ni pardon pour les assassins et les traîtres à la classe ouvrière et au Peuple pauvre et exploité !
Gloire et honneur à ceux et celles qui luttent et résistent contre l’offensive du Capital et de la bourgeoisie !
Pas une minute de repos, toute une vie de combat pour la Révolution et le Socialisme !
Nous avons encore une Patrie et un Peuple rebelle pour longtemps !
En avant, en avant avec toutes les forces de l’Histoire !!!
Direction nationale,
Mouvement Guévariste Révolutionnaire
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De quelle paix parle-t-on, s’ils veulent laisser le monde tel qu’il est ?
Au Peuple du Venezuela,
Au Gouvernement bolivarien du Venezuela,
Aux Peuples et aux gouvernements du monde,
Aux médias de communication nationaux et internationaux,
À l’opinion publique nationale et internationale,
Au monde entier,
Frères et sœurs : de quelle paix parle-t-on ?
Dans une guerre de classe comme celle que livre le Peuple pauvre contre la bourgeoisie tout autour de la planète, la paix n’est pas négociable. Elle se conquiert à travers une lutte basée sur de fermes convictions de justice sociale et d’égalité.
Au Venezuela, tant que nous aurons des ressources naturelles, biologiques et énergétiques intéressant l’impérialisme global et tant que ce même impérialisme colonisateur et pillard existera, le Peuple restera un objectif à détruire pour ces forces du mal. Pour cela elles utilisent et utiliseront toutes les stratégies et les méthodes possibles et imaginables, depuis le bombardement culturel aliénant en passant par la manipulation médiatique, jusqu’au bombardement physique de notre territoire et au génocide subséquent de notre population, où la tendance politique des assassinés n’aura pas d’importance dans ce qu’ils appellent “dommages collatéraux”.
Le Peuple doit définir quelle est la paix qu’il désire : celle d’avoir conquis un cadre social de justice, ou celle de la soumission à ses exploiteurs.
La paix silencieuse des morts, celle qui plane au-dessus des cimetières et des fosses communes, la paix des invisibilisés, des ignorés, des méprisés, des utilisés de toujours. La paix de la reddition, de la soumission, du pacte-trahison contre le Peuple, bourgeoise et immorale, ne peut être considérée dans notre Processus révolutionnaire bolivarien comme la paix désirée. Nous ne voulons pas de cette paix-là !
Les fils et filles de Bolívar, dans lesquel-le-s coule le sang guerrier de nos résistances indigènes et qu’illumine la valeur et la morale de nos libérateurs, n’ont pas même le choix entre vaincre et mourir. Il faut vaincre ! ; avec l’obstination du Commandant Suprême qui a lutté jusqu’au dernier souffle de sa vie.
Notre paix doit être le fruit d’un combat digne, d’un processus d’éducation et de transmission, de la compréhension et du respect mutuel, de la conscientisation des êtres humains, de la fraternité entre les citoyens, de l’égalité sociale et politique, de l’amour entre frères, fils et filles d’une même mère : la Terre. Jamais la paix du silence ni de céder un pouce sur nos droits humains !
Pacte et trahison de caractère bourgeois
De manière éhontée, antipopulaire et contre-révolutionnaire, la bolibourgeoisie a signé un pacte de trahison avec la bourgeoisie traditionnelle pour la répartition de la rentre pétrolière, pacte dont le Peuple paiera la facture. Le caractère antipopulaire de la bourgeoisie traditionnelle et exploiteuse et l’immoralité de la parasitaire et corrompue bolibourgeoisie se traduisent dans les politiques appliquées par le gouvernement actuel de Nicolás Maduro et de ses “conseillers”, où nul sans doute ne décide moins que lui, et a fortiori que le Peuple. Les licenciements massifs exécutés par les entreprises privées et couverts par le gouvernement, les “ajustements” de prix au bénéfice des entreprises et au détriment des plus pauvres, la protection offerte aux mafias qui ont pillé notre Nation au travers de la CADIVI [Commission d’Administration des Devises règlementant les changes NDLR] et aux fonctionnaires corrompus qui se succèdent aux plus hautes charges gouvernementales, ajouté aux assassinats sélectifs de leaders sociaux révolutionnaires qui s’élèvent à 400 morts ces 15 dernières années, font partie des “politiques” que la bourgeoisie réserve à nous le Peuple, nous qui encore et toujours pleurons les morts et demeurons les exploités, les vilipendés, ceux dont on dénature ce qui a été obtenu par notre travail honnête : les pauvres couillons de toujours !
Le Peuple pauvre a toujours offert son sang en défense du Gouvernement bolivarien, et aujourd’hui Maduro et son cabinet s’assoient pour pactiser avec les éternels ennemis de ce Peuple souffrant, avec les maîtres d’œuvre des actes terroristes appelés “guarimbas” [occupations fascisantes des rues par des groupes de droite radicale, façon Ukraine] : Venamcham, Fedecámaras, Consecomercio, Conindustria, Fedeagro, Association Bancaire, partis de droite et d’ultra-droite regroupés dans la MUD, et y compris l’Église catholique.
Et nous autres, le Peuple ? “Bien, merci” : dehors, victimes de leurs “mesures” économiques, en attendant qu’ils nous convoquent à la prochaine marche ou élection, ou a sacrifier notre vie en défense de leurs privilèges et de leurs postes au gouvernement.
Les Guarimbas : contexte voulu et préfabriqué
C’est à cette réalité préfabriquée par ces deux classes bourgeoises, la traditionnelle et la gouvernementale, que les “guarimbas” ont offert le contexte idéal servant d’excuse pour qu’une caste au sommet de l’État trahisse le Peuple pauvre au bénéfice de ses intérêts élitistes, immoraux et contre-révolutionnaires, dans une diabolique alliance avec ceux qui depuis l’époque de l’indépendance de notre Patrie on réduit le Peuple en esclavage, comme c’est le cas de la bourgeoisie traditionnelle. La Cosiata [rébellion militaire ayant amené à la séparation de la Colombie et du Venezuela NDLR] et le Pacte de Punto Fijo nouvelle édition, réédités et raffinés.
Les Guarimbas ont été la concrétisation tactique d’une stratégie visant à démonter toutes les avancées du processus révolutionnaire que le Peuple, avec Chávez et le Gouvernement bolivarien, avait pu arracher. Contrairement à ce que le Peuple a pu initialement penser que visaient ces actes terroristes (une guerre civile à l’initiative de l’ultra-droite, ou assassiner sélectivement des personnes de toutes tendances politiques entre les mains des propres fonctionnaires de la police politique du gouvernement comme dans le cas de Bassil et “Juancho”), ils n’avaient en réalité (et les ont atteint) que deux objectifs : d’un côté, neutraliser l’activité révolutionnaire du mouvement populaire et obtenir l’appui de celui-ci au gouvernement ; et de l’autre, donner un sentiment de victoire à la classe moyenne d’opposition lorsque lui seront appliquées les mesures économiques qui même à elle sont préjudiciables. Le plan parfait au bénéfice des ennemis du Peuple…
Chávez est mort… ou ils l’ont assassiné ?
En réalité, la question exacte que nous devrions poser serait : qui l’a assassiné ? Avec certitude, cela doit être des personnes très proches de lui, ayant sa confiance ou, du moins, à qui il était obligé de faire confiance. Le but ? S’emparer du pouvoir politique sur le 5e producteur mondial de pétrole et la première réserve hydrocarbure de la planète : une paille !
Les pistes sont à chercher parmi ceux qui s’assoient à cette “Table de Discussion” actuelle ou qui composent la “Commission pour la Vérité”, au sein des mafias qui se partagent les charges stratégiques au sommet de l’État et des Forces Armées, et surtout parmi ceux qui dictent leurs “conseils” en matière économique, contraires à la vision révolutionnaire et populaire du Comandante, et qui appliquent les dernières mesures politiques antipopulaires en faveur de nos ennemis de classe, ce qu’est la bourgeoisie.
Ceux-là, les assassins de Chávez, sont les mêmes qui ont assassiné des centaines de dirigeants populaires révolutionnaires, exécutés sélectivement au cours des 15 années du Gouvernement bolivarien, et que protège aujourd’hui ce gouvernement maduriste (soi-disant chaviste et révolutionnaire) sous la tutelle de l’impunité et l’ombre de la trahison. Ce sont les mêmes pour qui les cadres moraux, éthiques, efficaces dans leur gestion publique et surtout loyaux aux principes révolutionnaires sont gênants, qui s’échinent à les disqualifier et à les étiqueter de “radicaux”, “ultras”, “politiquement inconvenants”… jusqu’à ce qu’ils meurent au final dans d’étrange circonstances, comme récemment le camarade Eliécer Otaiza [compagnon de la première heure de Chávez depuis la tentative de “révolution militaire” de 1992, ex-chef de la police d’investigation et retrouvé assassiné fin avril NDLR].
La Révolte populaire doit reprendre
Le mouvement populaire doit être vigilant devant cette réalité peu enthousiasmante. Le gouvernement, qui sous Chávez était un allié dans le processus révolutionnaire (impulsé depuis bien avant la victoire présidentielle de 1998), s’est retourné avec Maduro en faveur des intérêts de la bourgeoisie. Le “Changement de Cap”, ils l’ont effectué mais vers la droite, et dans le dos du Peuple.
Le drapeau de la morale révolutionnaire, populaire et anti-bourgeoise a été abaissée par le gouvernement. Ils nous ont vendu pour maintenir leurs privilèges, leur nouveau mode de vie bourgeois, fondé sur la corruption et l’extorsion des richesses du Peuple.
Puissants et sans scrupules sont les ennemis du Peuple, et ils sont autant à l’extérieur qu’à l’intérieur du gouvernement actuel :
À l’intérieur du gouvernement, tous ceux qui ont adopté la culture de la bourgeoisie et partagent ses privilèges, qui se sont enrichis par la corruption ou qui ont utilisé leur influence au bénéfice de la bourgeoisie et contre les intérêts du Peuple, sont tout simplement des traîtres envers le Peuple et nos ennemis de classe. On les reconnaît à leur nouveau style de vie opulent. Il suffit de savoir d’où ils viennent pour mesurer tout ce qu’ils ont obtenu en volant.
Et puis, dans nos traditionnels ennemis hors du gouvernement nous avons : les mercenaires étrangers, certains secteurs des polices métropolitaines [les flics dépendent généralement des pouvoirs municipaux au Venezuela NDLR], du CICPC [police d’investigation criminelle] et du Sebin [Servicio Bolivariano de Inteligencia Nacional – contre-espionnage] recrutés par la contre-révolution, les militaires golpistes et corrompus, la délinquance en col blanc, la hiérarchie catholique et ses appareils de reproduction idéologique (écoles, universités, fondations, Conférence épiscopale et partis comme le Copei et Primero Justicia), les universités privées de droite, les think thanks contre-révolutionnaires parmi lesquels le Cedice, le Cipe, la NED, l’Usaid, le Faes espagnol, la Fondation Internationale pour la Liberté, l’Institut Cato et la Fondation Friedrich Neuman, l’ILDIS, le Cendes de l’UCV, le Groupe La Colina de Teodoro Petkoff et compagnie, l’appareil économique bourgeois regroupé dans Venamcham, Fedecámaras, Consecomercio, Conindustria, Fedeagro, l’Association Bancaire, les médias de communication diffusant la culture capitaliste et impérialiste (Venevisión, Globovisión, Televen et les chaînes de Radio associées, entre autres), les ONG contre-révolutionnaires dirigées et financées par les États-Unis ainsi que les groupes d’investigation contre-révolutionnaires comme les Mormons et les Témoins de Jéhovah.
Un nouveau et difficile défi se présente à nous : briser le silence, en finir avec cette attitude soumise aux “directives” du gouvernement et retrouver notre caractère belligérant, rebelle, radicalement révolutionnaire et populaire.
Pour cela nous devons unir le Peuple, unir tous les éléments politiques, idéologiques, économiques, sociaux, moraux, militaires et culturels de caractère authentiquement révolutionnaire, et nous préparer pour la lutte éminemment nécessaire dans tous les domaines : politique, économique et militaire. Ainsi, oui nous sommes convaincus de suivre la voie de Guaicaipuro et de nos frères indigènes en résistance, de Bolívar et de nos libérateurs, et de Chávez dans la construction du Pouvoir populaire.
Comment cela ? Au moyen de l’articulation organisative, de la formation de cadres révolutionnaires, de la diffusion massive des valeurs révolutionnaires ; en créant des unités économiques autonomes pour la production de ressources et l’autosuffisance ; et en parvenant à construire une véritable ARMÉE DU PEUPLE en armes qui soit en capacité de mener une guerre de basse intensité et non-conventionnelle en défense de notre souveraineté [!!!].
Les choses sont simples : tout ce qui bénéficie à la bourgeoisie nous préjudicie à nous le Peuple. Et tout ce qui bénéficie à nous le Peuple leur préjudicie à eux, la bourgeoisie.
Pour la défense du Peuple et de Notre Processus Bolivarien.
Avec Bolívar et Chávez : en avant !
Du Venezuela, Terre de Libérateurs, à 522 ans du début de la Résistance anti-impérialiste en Amérique et à 204 ans du début de Notre Indépendance,
Coordinadora Simón Bolívar – Révolutionnaire, Solidaire, Internationaliste, Indigéniste, Populaire et Socialiste.
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Nous avons là sous les yeux exactement ce que nous avons (pré)dit et répété depuis les tous premiers débuts de Servir le Peuple, après notre rupture avec une certaine “action” “antifasciste” précisément sur ce thème des régimes “bolivariens” d’Amérique latine : pourrissement “centriste” du “processus” et rupture avec ses élites réformistes des forces révolutionnaires authentique, reprenant le sentier de la lutte… Nous continuerons à suivre les évolutions de tout cela de très près, dans ses développements positifs et ses échecs que nous ne souhaitons pas mais qui sont inévitables. Pendant ce temps-là, une poignée de sectouilles ultra-gauchistes aura préféré faire du maoïsme sur la Lune, s’égosillant après le “fascisme de Chávez” et en incantations à une “Guerre populaire jusqu’au communisme” dont n’existait pas l’ombre d’une condition concrète ni d’un Parti maoïste pour la diriger, s’épargnant ainsi de déplorer quelque échec… et de célébrer quelque succès que ce soit ; le Peuple vénézuélien (ou bolivien, hondurien etc.) n’ayant rien d’autre à faire qu’attendre que l’Esprit Saint maoïste descende sur sa tête, et en attendant, “qu’il crève” sous son “fascisme” bolivarien ou “mieux” encore, sous les balles d’un “soulèvement” (“antifasciste”, si l’on va au bout du raisonnement) contre celui-ci.
Le premier texte (celui du MGR), dans le continuité de celui que nous avions déjà traduit il y a quelques mois, tout en “préservant” la figure de Chávez peut-être un peu trop au goût de certain-e-s, analyse correctement le “processus bolivarien” et son caractère ni révolutionnaire ni socialiste dès le départ, débutant comme une sorte de social-libéralisme à la Blair ou Lula puis se radicalisant à la fois sous la pression populaire et en réaction à la résistance de la vieille oligarchie, mais retombant (et ne pouvant QUE retomber) comme un soufflé à partir de la fin des années 2000, du fait de n’être en fin de compte qu’un keynésianisme de rente pétrolière, jusqu’à sa liquidation à l’ordre du jour aujourd’hui : tout cela est exactement l’analyse que nous avons pu avoir jusqu’à présent.
Le deuxième texte personnalise beaucoup plus la question et fait clairement de la mort de Chávez (probablement criminelle selon eux) une césure politique. Mais là encore : il faut comprendre la situation particulière du Venezuela avant de déblatérer. Si l’on prend le Brésil ou l’Argentine, par exemple, il est très clair que dans ces pays depuis 2003 “tout a changé pour que rien ne change”, si l’on fait abstraction de l’amélioration aussi “normale” qu’inégalitaire du niveau de vie permise par la croissance capitaliste (très forte dans les années 2000). Au Venezuela, en revanche, la sensation de changement a été bien réelle, immédiate et concrète dans les années 2000, sur le plan 1°/ des conditions de vie des masses et 2°/ (surtout) du sentiment de PROTAGONISME populaire (sentiment d’avoir “voix au chapitre” dans l’ordre social existant et les décisions qui le gèrent). C’est cela que le gouvernement Maduro est en train de démanteler aujourd’hui, autour d’une table avec le patronat et la droite “modérée” et sous la pression de la droite “ultra” dans la rue… et c’est là-dessus qu’il est possible et qu’il FAUT mobiliser les masses du Peuple pour la lutte révolutionnaire.
Chávez gît aujourd’hui six pieds sous terre. Le bilan de ses 14 années de pouvoir est fait de positif et de négatif, d’ombres et de lumière ; mais le principal reproche qu’on peut lui faire est d’avoir été un facteur de confusion dans le camp populaire : il n’était clairement pas communiste, pas marxiste au sens que nous donnons à ce terme ; il est difficile de dire s’il était réellement et sincèrement révolutionnaire… mais ce qui est certain, c’est qu’il était le seul dirigeant “bolivarien” à pouvoir sérieusement le faire croire aux masses. Pas un seul autre n’avait même le semblant de sa crédibilité comme “révolutionnaire”. Et donc, sa “révolution” reposant sur des conceptions erronées (peu importe la force avec laquelle il y croyait lui-même), il contribuait à semer la confusion dans les esprits populaires sur ce qu’est réellement une révolution et le socialisme. Mais à présent qu’il n’est plus, ce pouvoir de nuisance confusionniste l’a suivi dans la tombe. Quel problème y aurait-il, dès lors, à ce que les masses vénézuéliennes militantes avancées en fassent leur “Commandant éternel du Peuple” (ignoblement trahi par ses successeurs qui d’ailleurs l’ont certainement assassiné) sur de grandes peintures murales, du moment que cela sert une mobilisation dont les agissements et les conceptions peuvent évoluer et s’agencer petit à petit pour, si les “dieux” matérialistes dialectiques le veulent bien et (surtout) si un Parti au minimum marxiste-léniniste agit en ce sens, devenir une Guerre populaire et une Révolution démocratique anti-impérialiste puis socialiste ? Peut-être que certaines personnes, basant leur “matérialisme” sur les écrits du sioniste Sternhell, nous rétorquerons que “c’est du mythe mobilisateur à la Sorel” ; nous répondrons comme à l’accoutumée que nous n’en avons cure, vu ce que l’avis de “communistes” soutenant hier Sarkozy et aujourd’hui Manuel Valls nous importe…
Nous avons parlé du Brésil et à ce sujet il faut dire les choses clairement : vu les conditions concrètes et vu l’existence et l’importance d’un mouvement maoïste dans ce pays (Cebraspo, Mouvement étudiant populaire-révolutionnaire MEPR, Ligue Ouvrière et Ligue des Paysans pauvres, journal A Nova Democracia, Front révolutionnaire de Défense des Droits du Peuple FRDDP etc. etc.), il est impossible qu’une Guerre populaire prolongée n’y éclate pas avant la fin de la décennie ; pas besoin de s’appeler Mme Irma. Contrairement, en effet, à ce que croient les maîtres bourgeois de ce monde, ce n’est pas une simple question de renseignement et de basse police pour débusquer et éliminer les “groupes radicaux”, mais une question que là où il y a oppression il y a tôt ou tard résistance et que là où il y a résistance, il y a tôt ou tard une avant-garde organisée qui en prend la tête et il y a révolution. Cette Guerre populaire irradiera bien sûr comme un “phare” sur tout le grand continent américain en lutte, pouvant et DEVANT devenir le point de ralliement de toutes les luttes et guérillas révolutionnaires d’ores et déjà existantes (mais de niveau politique évidemment moindre) : EPP du Paraguay et EPR du Mexique, Mapuches du Chili et mineurs boliviens, résidus des grandes guérillas révolutionnaires passées en Colombie et au Pérou, etc. La résistance populaire vénézuélienne contre la liquidation des conquêtes du “processus” aurait naturellement toute sa place dans cette nouvelle coordination révolutionnaire continentale.
De tout cela découle pour le MGR comme pour la Coordination Simón Bolívar une nécessaire conclusion :
– Étudier et analyser EN PROFONDEUR l’histoire et la réalité actuelle de la construction sociale Venezuela (les travaux du grand communiste péruvien Mariátegui peuvent être un bon point de départ, bien qu’il faille nécessairement les adapter à la différence de pays et d’époque) ;
– Développer le terreau socio-politique (sympathie dans les masses) et forger l’avant-garde révolutionnaire, le PARTI ;
– Établir un PLAN GÉNÉRAL DE TRAVAIL pour l’actuelle étape de défensive stratégique révolutionnaire (les deux textes l’évoquent déjà rapidement dans les derniers paragraphes) ;
– Lancer, enfin, la GUERRE RÉVOLUTIONNAIRE DU PEUPLE ; le moment propice pouvant être celui (inéluctable) du retour effectif de la droite “néolibérale” au pouvoir [ceux qui délirent sur la Guerre populaire au Pérou se gardent bien de dire que le Parti communiste de Gonzalo a attendu, pour la déclencher, le triomphe du “néolibéralisme” avec la Constitution de 1979 et le retour au pouvoir de Belaúnde Terry, sachant pertinemment que sous le régime militaire réformiste de Velasco Alvarado (1968-75) les conditions n’étaient pas favorables] ; à moins que la liquidation maduriste du “processus” ne revienne strictement au même d’ici quelques années.
En avant avec toutes les forces de l’Histoire !
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Source(s) : Servir le Peuple, le 21.05.2014