Attention, le grand méchant genre est de retour pour manger vos petites têtes blondes innocentes. «Lycées: l’académie de Nantes demande aux garçons de se mettre en jupe le 16 mai», titre le Figaro ce mercredi matin (EDIT 17 heures: le titre a été modifié depuis mais l'url reste le même). Le journal a même placé l’article en tête de home de son site internet et a lancé une alerte «push» sur les téléphones portables, preuve de l’importance et de l’urgence du sujet.
Et le Figaro de nous expliquer que cette initiative de lycéens pour lutter contre le sexisme, «qui ne fait pas l’unanimité», «est soutenue par l’académie, et donc de facto par le ministère de l’Éducation nationale». On connaît la suite, pratiquement déjà écrite : une partie de la blogosphère et des personnalités politiques de droite vont s’emparer du sujet, criant au scandale, les chaînes de télévision en continu vont entrer dans la danse, et Benoît Hamon sera sommé de s’excuser pour ce projet gouvernemental hors de propos. Et on ne sera pas surpris si Farida Belghoul appelle à une journée spéciale de retrait pour vendredi.
«UNE ACTION RÉSULTANT ENTIÈREMENT D’UN ENGAGEMENT LYCÉEN»
Sauf que, comme souvent, c’est une polémique montée de toutes pièces. L’article du Figaro, au contraire du titre, le dit entre les lignes. En aucun cas, l’académie ne«demande» aux élèves de venir en jupe, ce qui semble indiquer que ce serait une obligation scolaire de se travestir.
«Ce que soulève la jupe», le nom de la journée spéciale, est une «action imaginée et organisée par les élus lycéens du Conseil académique à la vie lycéenne [CAVL, une instance élue par les lycéens, ndlr] avec l’appui des équipes éducatives», explique l’académie de Nantes dans un communiqué. «Il s’agit bien d’une action résultant entièrement d’un engagement lycéen», continue-t-elle. L’idée, au départ, est «d’inviter filles et garçons, élèves et adultes, le temps d’une journée événement, à porter une jupe ou un autocollant "je lutte contre le sexisme, et vous ?"». Cela ne s’arrête pas là, les élèves veulent également organiser des cafés citoyens et des débats pour réfléchir sur les stéréotypes et les situations récurrentes de sexisme.
«JE N’AI EU AUCUN RETOUR NÉGATIF»
Ce n’est donc absolument pas une obligation pour les élèves ou les professeurs, libre à eux de soutenir le projet ou pas. Surtout, l’initiative n’est pas nouvelle. Elle a déjà été organisée en 2013 dans 20 lycées de la même académie. Cette année, ce sont 27 établissements qui y participent, ce qui reste marginal.
Mais, à l’époque, on vivait encore dans un pays où les projets locaux d’organisations lycéennes ne faisaient pas les gros titres de la presse nationale. Personne n’en avait parlé ni polémiqué. «Je n’ai eu aucun retour négatif, à l’inverse, des éléments positifs sont remontés, des élèves racontant que même certains professeurs masculins s’étaient prêtés au jeu l’année dernière en venant en jupe» explique ainsi Elisabeth Costagliola, responsable de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement (PEEP), au Figaro.
«Maintenant, on généralise ces mesures gadgets», s’inquiète de son côté Olivier Vial, président de l’UNI, toujours dans le Figaro, sans être contredit. Il est certain que le passage de 20 à 27 établissements sur les 142 de l’académie au total est une généralisation.
Malheureusement, il est sans doute déjà trop tard. Le climat est tellement délétère sur cette thématique que personne ne s’intéressera au fond. Ce qui devrait être perçu comme une idée ludique et intelligente − amener à s’interroger sur les questions de sexisme et de discrimination à travers le jeu du déguisement − va être vendu comme une atteinte à l’intégrité sexuelle de nos enfants.
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ben pourquoi pas tous porter un pantalon?