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« Vous n’avez pas le choix » : ce n’est pas un canular, c’est bien le clip de campagne de LREM pour les Européennes

«Pour une renaissance européenne» : le clip de la République en marche (LREM) pour les élections européennes de mai, a été mis en ligne le 6 mars. Le clip de campagne, censé promouvoir le projet de la majorité présente l' dans une vision apocalyptique avec en voix off disant aux Européens « Vous n'avez pas le choix ».

Au début l'on croit à un canular. Puis on comprend qu'il s'agit bien du clip de campagne de LREM pour les Européennes de mai. Raccourcis, caricatures, ton et anxiogènes, la vision manichéenne du parti de la majorité laisse peu de place à un avenir meilleur.

« Renaissance, c'est une initiative de refondation de l', c'est la volonté de rassembler tous les progressistes européens face aux nationalistes. » peut-on dans la description du clip faite par LREM.

La République en Marche et le gouvernement Macron se veulent en effet les leaders du progressisme en France et en Europe.

Dans la , on entend la voix prophétique d' du début à la fin : « Regardez notre époque, regardez-la en face et vous verrez que vous n'avez pas le choix. » Des mots prononcés en septembre 2017, lors de son discours de la Sorbonne sur l'Europe.

Hervé Gattegno, directeur de la rédaction du Journal du dimanche, commentait le clip sur Europe 1 : «Il m'a laissé pantois, ce clip de campagne. C'est une série d'images choc […] une vision de cauchemar. Et puis en fond sonore, la voix d'Emmanuel Macron qui s'adresse aux électeurs sur un ton presque menaçant pour leur dire : « Vous n'avez pas le choix. » Je comprends que pour un clip de campagne, il faut un propos un peu réducteur ; mais il me semble que là, on est dans la caricature.»

Pour Charlotte d'Ornellas , éditorialiste à Valeurs Actuelles, le clip est tout simple surréaliste : « Avec Emmanuel Macron, il n'y a pas ceux qui veulent « plus d' » contre ceux qui « n'en veulent plus » ou qui « ne veulent plus de cette là ». Il y a tout simplement Emmanuel Macron lui-même ou « ceux qui détestent l'Europe ». On repassera pour la « pensée complexe ». »

Sur , le média Polony TV créé par Natacha Polony, s'est exclamé : «Une propagande absolument délirante !»

Voulant soit-disant opposer les gentils progressistes et les méchants nationalistes, le clip de campagne joue au maximum sur la carte de la peur pour trouver de nouveaux électeurs… la corde est définitivement trop grosse.

Les progressistes contre les nationalistes

La République en Marche et le gouvernement Macron se veulent les leaders du progressisme en France et en Europe. L'idée centrale du progressisme est la conviction que tout changement moralement significatif par rapport au statu quo est nécessairement un progrès. Si vous n'êtes pas d'accord avec le changement, vous êtes moralement « rétrograde ».

Le progressisme se base sur un relativisme absolu (toutes les civilisations, les cultures et les œuvres se valent) et considère l'égalitarisme comme l'aboutissement unique de l'histoire morale humaine. Et tous ceux qui s'opposent à cette vision manichéenne sont alors considérés comme les « méchants », moralement méprisables.

Les nationalistes de droite (aux rangs desquels on retrouve Trump, Orban Salvini, , etc ) défendent quant à eux la liberté des peuples souverains à choisir eux-mêmes leur avenir. Ils défendent ainsi la culture et l'histoire propres à chaque pays, s'opposent à un État trop fort imposant trop de taxes et sont politiquement les garants de la liberté et la responsabilité individuelles.

Plusieurs considèrent le mondialisme (alias le globalisme, le multiculturalisme, le multilatéralisme, le progressisme, etc.) comme un des nouveaux visages du communisme – dont on connaît les résultats catastrophiques au XXe siècle.

Les élections européennes auront lieu le 26 mai. Selon un sondage récent, LREM est en première place avec 25 % des intentions de vote suivi du Rassemblement National (RN) avec 21,5% des votes.

Source : Epoch Times

Chaque dimanche, Hervé Gattegno, directeur de la rédaction du “Journal du dimanche”, livre son édito sur Europe 1.

Bonjour Hervé Gattegno. Ce matin vous voulez nous parler du lancement par Emmanuel Macron, cette semaine, de la campagne pour les élections européennes – avec cette tribune publiée mardi et un drôle de clip de campagne de son parti, la République en marche, qui vous a laissé perplexe. Pourquoi ?

Je dirais même qu'il m'a laissé pantois, ce clip de campagne. C'est une série d'images choc, avec un montage saccadé, où on voit des rivières en crue, des manifestations violentes, des défilés de militants avec des drapeaux noirs, la surface de la mer polluée – donc pour être clair, une vision de cauchemar. Et puis en fond sonore, la voix d'Emmanuel Macron qui s'adresse aux électeurs sur un ton presque menaçant pour leur dire : “Vous n'avez pas le choix.” Pour qu'il n'y ait aucun doute, on voit aussi des leaders d'extrême-droite (, Matteo Salvini, ) et puis la signature du traité de Rome, la chute du mur de Berlin, Mitterrand et Helmut Kohl main dans la main.

Sans être un grand sémiologue, on comprend que le message d'Emmanuel Macron, c'est : il faut voter contre les nationalistes, c'est-à-dire pour moi. Alors je comprends que pour un clip de campagne, il faut un propos un peu réducteur ; mais il me semble que là, on est dans la caricature.

Cette traduction en vidéo du “Moi ou le chaos”, vous y voyez un dérapage ou une stratégie de campagne de la part d'Emmanuel Macron ?

Si c'est un excès de zèle des communicants de son parti, c'est regrettable – il faudrait plutôt qu'ils aillent tourner des films d'horreurs. Mais le plus probable, c'est ce clip a été approuvé par l'Elysée parce que ça correspond tout à fait au discours que tient Emmanuel Macron depuis des mois. Qu'il veuille s'opposer aux populistes – et qu'il préfère d'ailleurs les appeler des nationalistes ou des extrémistes, ce n'est pas moi qui le lui reprocherai. Mais là où il y a quelque chose de discutable, d'un peu malsain même, c'est de réduire le débat des européennes à une opposition binaire entre lui, Emmanuel Macron, et ceux qui veulent déconstruire l'Europe.

C'est son intérêt électoral, on peut le comprendre, mais c'est un pari dangereux parce qu'il revient à nier les différentes visions de l'Europe qui peuvent exister – et qui existent – entre les partisans de la construction européenne. Je ne crois pas qu'on puisse enrôler de force les électeurs en leur faisant peur.

C'est peut-être vrai mais Emmanuel Macron n'oublie pas que c'est cette configuration qui l'a conduit au pouvoir, après son deuxième tour face à Marine Le Pen. Comment lui reprocher de vouloir recommencer ?

Sauf qu'en 2017, Emmanuel Macron n'a pas choisi cette situation – ce sont les électeurs qui l'ont provoquée. Ensuite, c'est vrai que le combat a été déséquilibré parce que la grande majorité des partis et des électeurs s'est ralliée à Emmanuel Macron pour faire barrage à Marine Le Pen. Maintenant, tout a changé : Emmanuel Macron est au pouvoir, il a sa propre majorité, il a une (qu'on peut approuver ou pas) – et il y aurait une forme d'esquive à se présenter à nouveau comme le rempart face à l'extrême-droite. Ce qu'on attend de lui, c'est qu'il formule des propositions pour changer l'Europe, qu'il explique quelles sont les solutions européennes aux problèmes des Français et qu'on puisse comparer ses solutions avec celles des autres – parce qu'il n'est pas le seul à vouloir changer l'Europe sans la faire reculer.

Il a commencé dans sa lettre qui a été publiée dans toute l'Europe – et dont le texte était moins grandiloquent que d'habitude. Espérons que c'est un début. En tout cas, si, on compare le texte et le clip, on peut dire qu'Emmanuel Macron est meilleur à l'écrit qu'en image.

Source : Europe 1

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