Mise à nue pour la visite d’Aurélie Filippetti

En visite inaugurale des nouvelles salles du Familistère de Guise (dans l'Aisne), la ministre de la Culture  Aurélie Filippetti a été accueillie, mardi, par des élus sans enthousiasme et des intermittents sans culotte.

Un tantinet pressant, son chargé de com' avait pourtant veillé à ce qu'on ne parle « que » du Familistère de Guise, ce superbe « palais des familles » imaginé par l'illustre Godin, l'inventeur du poêle et de l'utopie sociale la plus aboutie du XIXe siècle finissant. Aurélie Filippetti, au reste, n'était venue que pour ça : inaugurer les nouveaux espaces d'exposition du site, désormais ouverts au public. Mais rien n'y fit.

Face à fesses…

Avant même son arrivée, le président PS du conseil général avait battu le rappel de ses élus, gauche et droite confondues, tous remontés comme des pendules contre la réforme territoriale qui les promet à une disparition à l'horizon 2020.« Une ministre vient saluer la beauté d'un équipement en partie financé par le Département (15 millions d'euros) et on nous dit, dans six ans, vous n'existez plus ! C'est paradoxal, non ? » persifle Yves Daudigny, qui avait demandé à être reçu en délégation par Filippetti. Refus de l'intéressée, au motif que sa collègue Marylise Lebranchu, ministre de la réforme de l'Etat, viendra prochainement dans l'Aisne uniquement dans ce but.« Elle acceptait un tête-à-tête. Pas question. La concertation, ce n'est pas ça ! » n'en démord pas le président axonais qui promet, du coup, de réserver à la ministre un accueil « républicain mais à distance ». En réalité, il ne la quittera pas d'une semelle : « Mais je ne suis jamais sur les photos à côté d'elle », assurera-t-il plus tard. Admettons que les apparences sont sauves…

Banderoles et slogans au vent, la poignée de militants de la « Manif pour tous », comme relégués sur le côté, n'eut pas les honneurs de l'inauguration, elle. Filippetti les a-t-elle seulement remarqués, d'ailleurs, avant de s'engouffrer dans le pavillon central du Palais social, suivie par le gratin local : l'ancien député-maire de Vervins Jean-Pierre Balligand (président du syndicat mixte du Familistère), le sénateur-maire de Laon Antoine Lefèvre, le député ou le président du conseil régional de Picardie, Claude Gewerc. Sur trois étages, visite au pas de charge et en rangs serrés. Salles d'expositions temporaires, appartement expérimental… Sous la haute verrière du Palais, on sue à grosses gouttes. L'air extérieur est bienvenu. C'est le moment choisi par une quarantaine d'intermittents pour tomber la chemise, les pantalons et les petites culottes. Effet bœuf garanti… Ils viennent du festival Furies de Châlons, en grève, mardi.

Les yeux dans les yeux, un porte-parole réclame à Filippetti la renégociation de l'accord du 22 mars qui, selon lui, précarise les métiers de l'intermittence en prolongeant, notamment, le différé de paiement des indemnités. La ministre, plutôt d'accord, admet que vingt-sept propositions émises par un comité de suivi préalable n'ont pas été « assez entendues ».« Un médiateur a été nommé. Il a quinze jours pour rendre ses conclusions. Tout doit être réglé avant les grands festivals », répond la ministre sans se démonter. « Il le faut. Sinon, nous continuerons à mettre la pression », assène le porte-parole qui dit se sentir « mis à poil par un accord indigne ». On avait cru comprendre la portée du symbole.

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Source: L'Union L'Ardennais

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