M. Villepin défend un nouvel ordre économique mondial… pour le compte d’une agence chinoise

On le savait homme politique, diplomate, poète, historien, et avocat d’affaires. Dominique de Villepin s’est presenté, à Hongkong, en tant qu’économiste… et révolutionnaire. 

Jeudi 10 octobre, devant un parterre de banquiers et de journalistes réunis au Foreign Correspondent Club de Hong Kong, l’ancien premier ministre français a appelé à créer un monde juste, “équilibré”, “où il y a de la place pour la prospérité de tous”. Avant d’arriver à cette conclusion, M. Villepin a réclamé l’abolition des privilèges dont jouissent les pays occidentaux, manière à peine voilée de viser les Etats-Unis et leur planche à billets verts, imprimés pour éponger une dette sans cesse croissante.

Selon M. Villepin, il y a trois raisons à l’instabilité mondiale. Trois privilèges. En premier lieu, le contrôle de la monnaie, et le dollar, qui régit l’essentiel des échanges mondiaux. “L’Amérique est devenue le grand débiteur du monde, sauf qu’à la différence des ménages, elle n’a pas à rembourser.” Ensuite, le contrôle des règles du jeu. Et comme le rappelle Dominique de Villepin, “c’est plus facile de gagner quand vous décidez des règles et que vous les changez au gré des besoins”. Le troisième privilège est le contrôle des risques. “Décider de ce qui est risqué ou ne l’est pas, c’est décider de là où va l’argent ou non.” Et Dominique de Villepin de rappeler que le marché des agences de notation est à 96 % contrôlé par les Etats-Unis avec le quasi-triopole Moody’s, Standard and Poor’s et Fitch. 

“LE DÉBUT D’UNE RÉVOLUTION MONDIALE”

Selon M. Villepin, le ménage n’a pas été fait après la crise de 2008. Et la nouvelle crise qui s’annonce, “un camion bourré de dynamite qui arrive à pleine vitesse”, n’est autre que “le début d’une révolution mondiale”. Le monde ne va plus pouvoir continuer de vivre à crédit. La dette globale – incluant dette privée, dette des entreprises et dette des États – atteint 200 000 milliards de dollars (un peu moins de 150 000 milliards d’euros), “trois fois la production annuelle mondiale”. Il faut donc créer un nouvel ordre économique mondial avec de nouvelles institutions, un panier de monnaie et des nouvelles agences de notation. “Nouvelles”, sous-entendu “honnêtes”.

L’homme a l’air tellement sincère dans sa noble colère qu’on en oublierait presque qu’il est en fait là pour faire la promotion de ses nouveaux employeurs, UCRG (Universal Credit Rating Group), une agence de crédit “universelle”, dépendant de la première agence de notation chinoise, Dagong Global Credit rating, autorisée en Europe depuis juin. Dagong s’était fait remarquer à sa création en 2010 en osant donner une assez mauvaise note à la dette américaine, qu’elle évalue actuellement au même niveau que la dette espagnole. Dominique de Villepin vient d’être nommé, “il y a 24 heures”, président du comité de conseil international de UCRG.

Bien que l’un de ses enfants vive et travaille à Hong Kong, le “sans-culottes” Dominique de Villepin affirme ne pas avoir l’intention de s’y installer. Il y viendra simplement “une fois par mois”. Pour suivre et soutenir la révolution, du haut de sa tour, en plein centre, entre l’ancien et le nouvel immeuble de la Banque de Chine.

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Source: LeMonde.fr (Florence de Changy)

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