En renonçant à un accord d’association avec l’UE au profit de la coopération avec Moscou, Kiev épargne son économie fragile dans l’immédiat, au détriment des perspectives de développement qu’offrait l’option européenne.
Le choix est assumé et “purement économique”, selon les propos tenus par le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, ce vendredi 22 novembre. Kiev a décidé de tourner le dos à la signature d’un accord de libre échange avec Bruxelles lors du sommet de Vilnius. L’ex-république soviétique traverse une période particulièrement difficile : le pays est en récession avec désormais cinq trimestres d’affilées de contraction de son produit intérieur brut (-0,4% au troisième trimestre par rapport au deuxième).
Son endettement a explosé ces dernières années et dépasse désormais 30% de son PIB, contre moins de 10% avant la crise de 2008-2009, et le déficit budgétaire pourrait dépasser 8% cette année. Les grandes agences de notation, qui ont récemment abaissé sa note à un niveau comparable à celui de la Grèce, s’alarment de l’effondrement de ses réserves de devises étrangères, qui ne couvrent plus que trois mois d’importations.
Sous la pression de Moscou
Les agences mettent clairement en doute la capacité du pays à rembourser ses dettes, d’autant que le Fonds monétaire international refuse de lui verser toute aide faute de mesures impopulaires, comme une augmentation du prix du gaz. “L’économie ukrainienne est dans un état terrible”, constate Liza Ermolenko, de Capital Economics.
Pour cette économiste, les autorités ukrainiennes ont conclu que “le coût économique était trop élevé pour en prendre le risque” lors d’un rapprochement avec l’UE. “A long terme, c’est une très mauvaise nouvelle : (…) l’Europe constitue une base pour les réformes économiques et politiques”, poursuit-elle.
La Russie, destination du quart des exportations ukrainienne, avait clairement prévenu Kiev des conséquences commerciales d’un accord avec Bruxelles,pressant son voisin de rejoindre son union douanière de pays de l’ex-URSS. Elle n’a cessé de le marteler : en cas de création d’une zone de libre échange Ukraine-UE, elle aurait dû renforcer ses contrôles à la frontière pour les marchandises. En août, les douanes avaient “testé” un nouveau régime de contrôles plus stricts, perturbant les importations et causant un préjudice représentant potentiellement près de deux milliards d’euros sur six mois.
Moscou a en outre rappelé à son voisin indiscipliné sa dépendance en matière de gaz. Gazprom a menacé en octobre de couper ses livraisons alors que l’Ukraine n’était pas en mesure de payer ses factures, n’accordant un nouveau délai que lorsque la perspective d’un rapprochement avec l’UE commençait à s’éloigner.
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Source(s): RTL avec AFP, le 23.11.2013 / Relayé par Meta TV )