L’homme de Neandertal enterrait bel et bien ses morts

Avant l’arrivée de l’homme moderne en Europe, son cousin l’homme de Neandertal enterrait déjà ses morts. Tel est le résultat d’une analyse menée sur des ossements néandertaliens vieux de 50 000 ans.

En Europe, avant l’arrivée de Homo sapiens, l’homme de Neandertal enterrait déjà ses morts. Telle est la conclusion d’une étude publiée le 16 décembre 2013 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.

Ce résultat provient d’une longue étude menée durant 12 années sur un squelette néandertalien vieux de 50 000 ans, bien connu des paléoanthropologues. Et pour cause, puisqu’il s’agit de l’Homme de la Chapelle-aux-Saints, un homme de Neandertal dont les ossements ont été découverts en 1908 par des prêtres dans la grotte de La Bouffia Bonneval, située sur la commune de la Chapelle-aux-Saints (Corrèze, France).

Âgé de 50 à 60 ans environ, ce néandertalien était un véritable vieillard au regard de l’espérance de vie moyenne qui était probablement celle de ses congénères. Un vieillard qui, selon les analyses menées au cours des dernières décennies, ne se déplaçait probablement que très difficilement, et n’avait pu vraisemblablement survivre jusqu’à cet âge avancé que grâce à la solidarité de ses pairs.

En effet, l’Homme de la Chapelle-aux-Saints souffrait d’une arthrite au niveau des vertèbres cervicales, d’une déformation à la hanche gauche, et d’un genou fortement endommagé. De surcroît, il était totalement édenté et ce depuis longtemps, suggérant qu’il ne parvenait à se nourrir que grâce à ses congénères qui lui mâchaient préalablement sa nourriture.

Pour parvenir à ce résultat, les auteurs de l’étude ont minutieusement étudié la fosse dans laquelle a été retrouvé l’Homme de la Chapelle-aux-Saints. Après de longs et patients travaux, ils sont arrivés à la conclusion que l’ensevelissement du squelette ne pouvait pas résulter d’un phénomène naturel, mais bien plutôt d’un acte intentionnel. Dans ce travail, les scientifiques se sont notamment intéressés à la structure géologique du lieu dans lequel a été retrouvé le squelette, notamment constituée de calcaire mou et d’argile. Selon les chercheurs, la conformation de ces couches de calcaire et d’argile suggère une origine non naturelle.

En réalité, les paléoanthropologues supposaient depuis longtemps que l’Homme de la Chapelle-aux-Saints avait été intentionnellement enterré par ses pairs. Mais jusqu’ici, les preuves manquaient encore pour confirmer cette hypothèse. Cette nouvelle étude vient donc confirmer que ce néandertalien a bel et bien été inhumé.

Ce résultat est-il si surprenant que cela ? En réalité, pas tant que cela. En effet, de précédentes découvertes réalisées au Proche-Orient et au Moyen-Orient au cours de ces dernières décennies avaient déjà montré que Neandertal enterrait très probablement ses morts.

On se souvient ainsi des ossements de ces neuf néandertaliens découverts dans la grotte de Shanidar (Irak), datés de 44 000 à 60 000 ans. L’un d’entre eux, appelé Shanidar IV par les paléoanthropologues, était vraisemblablement un personnage important qui avait été enterré avec tous les égards dus à son rang. Découvert allongé en position fléchie, les pollens de huit fleurs différentes avaient été retrouvés à ses côtés, montrant que des fleurs avaient été disposées à côté de son corps.

Un autre néandertalien retrouvé dans cette même grotte de Shanidar, surnommé Nandy, présentait quant à lui de nombreuses fractures consolidées, suggérant qu’il avait bénéficié de la solidarité de ses semblables durant sa convalescence. Ce dernier résultat n’est pas une preuve directe de son inhumation volontaire, mais il suggère en revanche que les néandertaliens de l’époque disposaient des facultés cognitives suffisantes pour se préoccuper du bien-être de leurs pairs.

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Source(s): Journal de La Science / Par Nicolas Revoy, le 17.12.2013

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