Les djihadistes de l’État islamique ont revendiqué mardi l’exécution par décapitation d’un second journaliste américain, Steven Sotloff, dans une vidéo qui a provoqué «l’écœurement» des Occidentaux.
Dans cette nouvelle vidéo, dont la mise en scène est en tout point conforme à celle diffusée le 19 août où un insurgé à l’accent britannique décapitait le journaliste américain James Foley, un homme masqué et vêtu de noir présente Steven Sotloff, 31 ans, comme victime des frappes aériennes américaines contre l’État islamique (EI).
Il présente ensuite un autre otage, un Britannique, et menace de l’exécuter. Le premier ministre britannique David Cameron l’a qualifié d’«absolument écœurante et ignoble». le premier ministre canadien s’est déclaré pour sa part horrifié,
La Maison-Blanche a précisé qu’elle devait encore confirmer l’authenticité de cette vidéo, repérée par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE.
«Si (elle est) avérée, nous sommes consternés par le meurtre brutal d’un journaliste américain innocent et nous présentons à sa famille et à ses amis nos plus sincères condoléances», a indiqué Bernadette Meehan, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.
Si la «vidéo (de ce meurtre) est authentique, nous en serions écœurés», a ajouté son homologue du département d’État, Jennifer Psaki, lors de son point de presse quotidien, deux semaines après le meurtre par l’EI du reporter américain James Foley qui a fait l’effet d’un électrochoc aux États-Unis.
Porté disparu depuis douze mois, Sotloff aurait été kidnappé le 4 août 2013 à Alep, en Syrie, près de la frontière avec la Turquie. Ce fin connaisseur du Moyen-Orient couvrait depuis plusieurs années le monde musulman.
Natif de Miami, en Floride, diplômé en journalisme de l’Université de Central Florida, a travaillé à la pige pour le magazine Time, l’hebdomadaire américain Christian Science Monitor, la publicationForeign Policy et plus récemment pour le journal World Affairs.
Sur le terrain, les forces irakiennes ont remporté mardi une nouvelle victoire face à l’EI en s’emparant de portions d’une autoroute stratégique.
Mais, à Bagdad, des proches de soldats disparus ont exprimé leur colère en envahissant le Parlement.
Après avoir déjà reconquis mi-août le barrage de Mossoul (nord), l’armée, les combattants kurdes et les miliciens chiites ont remporté ces derniers jours de nouveaux succès, d’ampleur cependant limitée, face aux extrémistes sunnites de l’EI.
Ils ont brisé dimanche le siège imposé par les djihadistes à la ville turcomane chiite d’Amerli, puis repris lundi la petite cité de Souleimane Bek, à 175 km au nord de Bagdad, et le village proche de Yankaja.
Mardi, ils ont poursuivi leur contre-offensive, reprenant le contrôle de certains secteurs d’une autoroute stratégique qui relie le nord du pays à Bagdad et qui était fermée depuis trois mois, selon le général Abdelamir al-Zaidi.
À Amerli, où les habitants ont résisté dans le sang pendant onze semaines au siège de l’EI, souffrant de la faim et de la soif, l’aide a commencé à arriver, acheminée à la fois par des combattants et par l’ONU.
Les Nations unies ont indiqué avoir déjà livré «45 tonnes de produits de première nécessité».
«Tueries de masse»
Le début de l’offensive des djihadistes, le 9 juin, avait été marqué par la déroute des forces de sécurité.
Quelque 1700 soldats s’étaient alors rendus aux insurgés, qui s’étaient emparés en quelques jours de vastes pans de territoires dans le nord du pays.
L’EI avait par la suite publié des photos semblant montrer l’exécution de dizaines d’hommes en civil dans une zone désertique, affirmant en avoir tué des centaines au total.
Exprimant leur colère, des proches de membres des forces de sécurité disparus ont pris d’assaut mardi le Parlement à Bagdad, où ils effectué un sit-in de quelques heures dans l’hémicycle, exigeant d’avoir des nouvelles de leurs proches, selon un responsable.
Le Parlement devait aborder mardi la question de ces soldats disparus, mais les manifestants ont fait irruption avant l’ouverture de la session, qui a été repoussée à mercredi.
Dans un rapport publié mardi, Amnesty International a dénoncé la «campagne systématique de nettoyage ethnique» lancée par l’EI pour «effacer toute trace des non-Arabes et des musulmans non sunnites» dans le nord de l’Irak.
Amnesty assure avoir des «preuves» que plusieurs «tueries de masse» ont eu lieu en août dans la région de Sinjar où vivaient de nombreux Yazidis, une minorité kurdophone non musulmane.
À Genève, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a décidé lundi soir d’envoyer une mission pour enquêter sur ces atrocités.
Négociateurs de l’ONU au Golan
Cette crise a poussé les États-Unis à intervenir avec des frappes aériennes depuis le 8 août, premier engagement militaire de Washington en Irak depuis le retrait de leurs troupes fin 2011.
Des parlementaires ont réclamé mardi au président Barack Obama la mise en place urgente d’un plan pour vaincre l’EI.
Face à la menace représentée par ce groupe, le premier ministre australien Tony Abbott a estimé mardi que l’usage de la «force extrême» était justifié.
L’EI, qui a proclamé fin juin un califat à cheval sur l’Irak et la Syrie, est également impliqué dans le très complexe conflit syrien, où il affronte à la fois les rebelles et les forces de Bachar al-Assad.
Le Front al-Nosra, branche syrienne d’al-Qaïda, a demandé à sortir de la liste noire des organisations terroristes établie par l’ONU en échange de la libération de plus de 40 Casques bleus fidjiens qu’il a enlevés jeudi sur le plateau du Golan, a révélé mardi l’armée fidjienne.
Une équipe de négociateurs de l’ONU est arrivée au Golan en provenance de New York, selon la même source.
Le Congrès attend une réaction d’Obama
Des parlementaires américains ont réclamé mardi au président Barack Obama la mise en place urgente d’un plan pour vaincre l’État islamique (EI) en Syrie et en Irak, après la décapitation présumée d’un second journaliste américain, Steven Sotloff.
Le secrétaire d’État John Kerry sera ainsi convoqué prochainement à la Chambre des représentants pour une audition, a annoncé mardi le président de la commission des Affaires étrangères, Ed Royce.
«Tout le monde estime que l’administration a besoin d’une stratégie, que le président doit expliquer aux Américains et au Congrès comment nous allons lutter contre cette menace», a-t-il déclaré par téléphone à des journalistes.
«Le leadership américain est essentiel. Ça ne veut pas dire l’envoi de soldats sur le terrain, mais des frappes aériennes et par drones, et beaucoup de diplomatie, ce qui continue à manquer», a dit le républicain.
«Nous ne pouvons pas tergiverser», a ajouté le démocrate Eliot Engel. «Nous devons agir, et nous devons agir vite.»
Barack Obama est critiqué à la fois par des membres de son camp démocrate et par des républicains pour avoir dit la semaine dernière que les États-Unis n’avaient «pas encore de stratégie» contre l’EI.
La démocrate Dianne Feinstein, présidente de la commission du Renseignement au Sénat, a ainsi estimé dimanche que Barack Obama était «peut-être trop prudent» face à la menace posée par l’EI, une opinion partagée par nombre de ses collègues à Washington, qu’ils soient interventionnistes ou pas.
«La question-clé est: allons-nous endiguer l’EI, ou écraser l’EI ?», a lancé le représentant républicain Adam Kinzinger mardi sur Twitter.
__________________________________________________________
Source(s) : 45enord.ca / AFP, le 02.08.2014