Les inégalités ne cessent d’augmenter en France selon l’Insee

Le constat d'un rapport de l'Insee sur le patrimoine et les revenus des ménages est sans appel: les pauvres sont plus pauvres qu'avant, et les riches toujours plus riches.

Les pauvres sont plus pauvres qu'avant, les riches plus riches, et la pauvreté, dont il est plus difficile de sortir depuis la crise, touche non plus seulement des chômeurs mais aussi des salariés, souligne l'Insee dans une étude publiée mercredi 2 juillet.

Selon cette enquête intitulée "Les revenus et le patrimoine des ménages", qui porte sur 2011 (dernières statistiques disponibles), les inégalités en France ont continué d'augmenter cette année là.

En effet, les 40% des personnes les plus modestes ont vu leur niveau de vie diminuer entre -0,2% et -0,8%, alors qu'à l'inverse, les 40% des plus riches ont vu le leur augmenter entre +0,1% et +0,8%.

La croissance des très hauts revenus s'explique par le rebond en 2011 des revenus du patrimoine, qui avaient subi une forte baisse en 2009, souligne l'Insee.

Un taux de pauvreté à 14,3%

La proportion des personnes pauvres a, elle, "continué de s'accroître", avec un taux de pauvreté s'établissant à 14,3% (+0,3 point en un an) de la population totale, a rappelé Jérôme Accardo, chef du département des prix à la consommation de l'Insee, lors d'une conférence de presse.

Une personne est dite pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur à 60% du niveau de vie médian de l'ensemble de la population, soit 978 euros par mois en 2011.

Selon l'Institut national de la statistique, les chômeurs ont contribué pour près de la moitié à l'augmentation du taux de pauvreté cette année là.

Mais l'autre catégorie, "très touchée", a été celle des salariés, dont le taux de pauvreté a augmenté de 0,6 point, passant de 6,3% à 6,9%.

"Une telle hausse du taux de personnes pauvres parmi les salariés n'avait pas été enregistrée depuis 2007", souligne l'Insee, qui l'explique par "une quasi-stabilité des bas salaires en euros constants et même une baisse de 0,3% du Smic horaire brut en moyenne annuelle".

Cet effet de la pauvreté des personnes en emploi est observé ailleurs en Europe, notamment en Italie, en Espagne et en Grèce.

Une "forte persistance de la pauvreté"

Depuis la crise de 2008, l'Insee évoque une "forte persistance de la pauvreté". Ainsi en 2010, 34% des personnes pauvres sont sorties de la pauvreté, 66% y sont restées et 6% des personnes non pauvres y sont entrées.

Et sur deux années, 2009 et 2010, c'est en tout 18% de la population française qui a connu la pauvreté (soit sur une seule année, soit sur les deux).

"Depuis la crise, il est plus difficile qu'avant de sortir de la pauvreté", a souligné Simon Beck, chargé d'études à la division revenus et patrimoine des ménages.

En effet, selon l'Insee, si entre 2004 et 2005, 42% des personnes pauvres s'en étaient extirpées, la proportion est tombée à 35% entre 2009 et 2010.

"Au total, la hausse du taux de pauvreté observée ces dernières années apparaît donc plutôt due à un accroissement de la persistance dans la pauvreté", indique l'Institut de la statistique.

Et plus longtemps dure cet état de pauvreté, plus il est difficile d'en voir la fin, toutes catégories socioprofessionnelles confondues.

Ainsi, si les cadres et professions intermédiaires sortent plus vite de la pauvreté au bout d'un an que les ouvriers ou les inactifs, la différence a tendance à s'estomper pour ceux qui connaissent trois ans de pauvreté d'affilée.

Certains événements familiaux peuvent toutefois influencer l'entrée ou la sortie de la précarité, selon l'Insee. Par exemple, connaître une séparation augmente la probabilité de devenir pauvre. A l'inverse, une naissance au sein d'un ménage diminue, quoique plus faiblement, le risque de pauvreté. En effet, même si la naissance représente un coût, il est plus que compensé par la hausse des prestations ou la baisse des impôts qui l'accompagnent, selon l'Insee.

 
 

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Source(s) : Challenges avec AFP, le 02.07.2014

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