Un reportage du journal Libération, publié ce vendredi matin en Une du quotidien français, dénonce d'importants manquements dans l'accueil de personnes handicapées de nationalité française. Le Carrosse, la société spécialisée dans l'accueil de personnes déficientes mentales et dépendantes, mise en cause dans le reportage, nie les faits. Selon elle, "La description faite par Libération ne correspond aucunement à la réalité".
Le journal français a publié dans son édition de vendredi un reportage sur le foyer "Les Boutons d'or", aménagé dans un ancien couvent à Celles et accueillant des personnes présentant une déficience mentale moyenne ou sévère, dont une quarantaine de nationalité française. Photographies à l'appui, Libération évoque, dans un article intitulé "Le scandale des handicapés français exilés en Belgique", des résidents errants, "livrés à eux-mêmes", qui dorment dans des chambres glaciales dans lesquelles les fils électriques sont dénudés. Le quotidien dénonce également "le business juteux des usines à Français" alors que 6600 personnes handicapées de nationalité française sont prises en charge en Wallonie, faute de places suffisantes en France. Il s'agit principalement de personnes autistes et polyhandicapées.
Le Carrosse, qui gère 15 foyers d'accueil dont "Les Boutons d'or", dément tout encadrement insuffisant ou que le bâtiment du home soit dégradé. "Les images prises dans le foyer des Boutons d'Or ne représentent aucunement la situation réelle du foyer. L'ensemble des locaux fait continuellement l'objet de rénovations afin de réparer au plus vite les dégradations perpétrées par certains patients de par leur trouble mental, ce qui explique l'état temporaire de certaines pièces", explique la société dans un communiqué.
Le Carrosse assure en outre mettre le bien-être des résidents au cœur de sa mission et avance une série de mesures et procédures mises en place pour garantir le meilleur accompagnement possible.
"Le cœur de la mission du Carrosse est d'offrir un foyer de vie accueillant et épanouissant pour le résident et d'améliorer sa qualité de vie en tendant vers une plus grande indépendance. Son expertise et son professionnalisme sont reconnus par les autorités wallonnes et françaises, ainsi que par les familles qui lui confient leurs proches. Les foyers du Carrosse sont régulièrement audités par les autorités françaises et le Groupe accueillera favorablement toute demande supplémentaire d'audit de la part des autorités belges ou françaises", conclut la société, qui regrette qu'un article "partial et sensationnel jette injustement le discrédit sur une entreprise, sur des collaborateurs dévoués et compétents et sur un secteur, qui remplissent un rôle social important."
Nous avions également mené l'enquête il y a quelques mois. Depuis les années 2000, ce sont près de 140 institutions qui se sont créées sur notre territoire pour accueillir des personnes handicapées françaises. Le phénomène vient du fait qu’il n’y a plus de place dans les institutions françaises et il semblerait qu'il soit moins cher d’envoyer des subsides en Belgique que de créer de nouvelles structures en France. Les institutions belges pour Français reçoivent donc de l’Hexagone entre 130 et 300€ – selon le type d'handicap – par jour et par résident français.
La France envoie ses subsides vers les institutions belges mais ne contrôle pas vraiment l’utilisation de cet argent. Du coup, il arrive que certaines institutions – peu scrupuleuses – profitent du système et choisissent d'en faire plutôt un business qui va souvent de pair alors avec un accueil pas du tout adapté, comme le fait rapporté dans le journal Libération.
Les dérives viennent aussi du fait que la France vient rarement contrôler le traitement de ses citoyens sur le sol belge. L’AWIPH – l’Agence Wallonne pour l'Intégration de la Personne Handicapée – contrôle également les institutions dédiées aux Français mais ces 140 institutions pour Français sur notre territoire représentent une importante charge de travail supplémentaire pour elle. Mais l'AWIPH rassure: ces dérives restent très marginales.
Dépeinte comme un pays où la prise en charge des personnes handicapées tient du système où la loi du marché prend parfois le pas sur la santé.
Le reportage de Françoise Dubois, réalisé en mars 2013, rapporte les inquiétudes de la population à Spa, face au "commerce du handicap":
Inquiétudes de la population à Spa, face au "commerce du handicap":
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Source(s) : RTBF, le 25.04.2014