Le pape rencontre des victimes de prêtres pédophiles

Six victimes –deux d'Allemagne, deux de Grande Bretagne, deux d'Irlande, pays le plus touché par le scandale– doivent être reçues par Jorge Mario Bergoglio à la résidence Sainte-Marthe où il réside depuis son élection en 2013. Cette rencontre au format très privé, que le pape lui-même avait annoncée fin mai, est très attendue, les associations de victimes s'étonnant qu'elle n'ait pas déjà eu lieu.

Le pape a comparé tout prêtre qui abuse d'un enfant à quelqu'un qui commet le pire sacrilège religieux, "une messe noire". Il a affirmé avec force qu'"on ne joue pas avec les enfants". Cette rencontre avec les victimes, qui suit celles que Benoît XVI avait eue dans plusieurs de ses voyages, a lieu au Vatican même. Elle sera précédée d'une messe dans la chapelle du pape et aura lieu au lendemain d'une réunion de la nouvelle commission pour la protection des mineurs, constituée par le pape François en mars. 

Commission

Cette commission, destinée à éduquer, prévenir, combattre les dangers pédophiles dans les institutions de l'Église, mais non à agir directement sur les enquêtes, est composée de quatre femmes, dont Marie Collins, victime irlandaise d'un prêtre pédophile, et de quatre hommes, tous des experts de haute volée. Le cardinal capucin de Boston, Sean O'Malley, proche du pape, la dirige. En font partie aussi l'ancienne chef du gouvernement polonais Hanna Suchocka, une pédopsychiatre française, une psychiatre britannique, un avocat italien, un théologien argentin, un jésuite allemand psychothérapeute. 

Objectif

L'objectif de la session de dimanche est d'élargir cette commission à des experts du Sud, alors que la pédophilie y est largement ignorée et tabou dans les sociétés et dans l'Église. François a accentué la politique de tolérance zéro initiée par Joseph Ratzinger, en complétant le dispositif légal: il a réformé le code pénal du Vatican et du Saint-Siège, tous ses membres étant passibles de sa justice pénale. 

Premier procès

Un premier procès pourrait se tenir au tribunal du petit État contre l'ancien nonce polonais à Saint-Domingue, l'archevêque Jozef Wesolowski, réduit à l'état laïc après avoir eu des relations tarifées avec des mineurs. Une commission chargée d'examiner les recours d'ecclésiastiques mis en cause pour des délits comme la pédophilie, va être mise en place à la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF). 

Accusation

Le Vatican a été en accusation devant les comités pour les droits de l'enfant et contre la torture de l'ONU, qui, tout en reconnaissant des efforts, ont soutenu que le Vatican a continué parfois à occulter des affaires, et à muter tranquillement des prêtres pédophiles. Particulièrement mal compris est le fait que les enquêtes canoniques au Vatican restent secrètes, le Vatican refusant absolument d'en communiquer les données, même s'il encourage les diocèses à collaborer avec la justice civile. Un autre reproche est que cette collaboration ne soit pas obligatoire, dépendant des conférences épiscopales. 

Le pape demande pardon

François, après avoir été assez silencieux sur ces thèmes, a demandé solennellement pardon au nom de l'Église et promis des "sanctions très sévères". Il a aussi affirmé que l'Église est l'institution qui a réagi avec le plus de "transparence et responsabilité", et que la majeure partie des cas survenait dans les familles et le voisinage. 

Agacement

Alors que les abus pédophiles dans l'Église ont fait des dizaines de milliers de victimes, principalement dans les années 50-60, les organisations qui les défendent se sont irritées que le pape ait renvoyé la balle à la société comme un problème occulté par de nombreuses autres institutions. Il l'a encore fait samedi dernier au quotidien Il Messaggero, en racontant qu'à Buenos Aires, "on peut "voir s'arrêter des grosses cylindrées conduites par des vieux, qui font monter de petites filles". "Ce sont des pédophiles!", a martelé le pape qui ne cesse de dénoncer toute attitude qui réduit l'être humain à une marchandise.

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Source(s) : 7sur7 / AFP, le 07.07.2014

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