Le FMI a ramené à 0,7% sa prévision de croissance pour la France en 2014, dans un rapport publié ce jeudi. Le gouvernement français table toujours sur 1%. Le déficit resterait à 4% du PIB en fin d'année. En cause: le matraquage fiscal.
Le Fonds monétaire international a revu lui aussi à la baisse les prévisions de croissance économique de la France. Au lieu d'une progression de 1% attendue jusqu'à présent cette année, le PIB ne devrait croître que de 0,7%. De même la prévision pour 2015 a été ramenée de 1,5% à 1,4%. Ces nouveaux chiffres ont été établis à l'issue de la mission annuelle effectuée par le FMI à Paris courant mai et dont le rapport détaillé a été publié ce jeudi.
Les derniers indicateurs économiques «volatils et inégaux signalent un risque de reprise (économique) qui ne décolle pas. Une stagnation continue rendrait en retour plus difficile la réalisation des objectifs budgétaires», estime le rapport. Toutefois le chef de la mission du FMI, Edward Gardner, explique au Figaro, que «la reprise est là et le risque d'un recul du niveau de l'activité ne paraît pas énorme». Il cite «parmi les éléments fondamentaux de soutien une amélioration attendue des marges des entreprises».
Le FMI juge approprié «le rythme d'ajustement budgétaire choisi par le gouvernement qui est actuellement de 0,5 point de PIB par an» pour la réduction du déficit. Néanmoins celui-ci devrait encore représenter 4% du PIB en 2014 et 3,4% en 2015. Ces résultats sont d'autant plus décevants, notamment pour l'opinion publique française, que le pays a consenti des efforts considérables sur les trois dernières années. Entre 2011-2013 la réduction du «déficit structurel» (hausses d'impôt principalement) a représenté 3% du PIB alors que le déficit n'a réellement diminué qu'à hauteur de 1,2%. Comment expliquer de telles pertes en ligne?
Le FMI met en avant trois phénomènes: tout d'abord un «effet multiplicateur» plus important que prévu, les hausses d'impôts entraînant une réduction de l'activité inattendue; ensuite le contexte international, européen surtout, qui a été peu porteur; et enfin un rendement des impôts inférieurs à ce qui était escompté.
Euro surévalué de 5% à 10%
Par ailleurs le FMI estime que «les conditions monétaires ont apporté un soutien insuffisant à l'assainissement budgétaire et à la restructuration de l'économie». Deux phénomènes ont joué défavorablement, «la hausse du taux de change d'un côté, et la baisse de l'inflation de l'autre qui ont conduit à accroître d'un point de pourcentage les taux d'intérêt réel», explique Edward Gardner. Par ailleurs, le FMI estime que l'euro est surévalué de 5 à 10%, pour la France s'entend, car tout dépend bien sûr de la compétitivité de chaque pays et notamment de ses comptes extérieurs. Autrement dit, pour rééquilibrer sa balance des paiements extérieurs, en déficit de 1,3% du PIB en 2013, il faudrait que l'euro soit inférieur de 5% à 10% à son niveau actuel.
C'est impossible estiment les experts de Washington. Faute de pouvoir jouer sur le taux de change, ils considèrent que la France pourra totalement supprimer son déficit à l'horizon 2019, à la fois par une modération salariale et par l'assainissement des finances publiques. Les deux déficits, extérieur et interne (État, Sécurité sociale et collectivités territoriales) évolueront donc de façon parallèle.
À ce jour la mission du FMI n'est pas parvenue à savoir précisément la nature exacte des économies de 50 milliards dans les dépenses publiques annoncées pour les trois prochaines années 2015-2017. Tout en préconisant des «mesures structurelles», dont l'impact est définitif, ils notent que nombre de décisions prises, tel le gel sur les traitements de la fonction publique ou les retraites, n'auront que des effets temporaires. Ils attendent donc la publication de la loi de Finances 2015 pour se faire une religion à cet égard.
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Source : Le Figaro / Par Jean-Pierre Robin, le 03.07.2014