L’argent liquide pourrait disparaître dès 2020 en Norvège

La diminution constante des paiements en espèces pourrait amener ce pays à se passer entièrement de cash. Et d’autres États sont concernés. Rêve ou cauchemar ?

 
 
 
 
 
 
 
 

D’ici 2020, la Norvège pourrait se passer entièrement d’argent liquide. C’est en tout cas l’avis de Finans Norge, une association regroupant 200 établissements financiers du pays, qui fait était de cette prédiction dans son dernier rapport. La raison? “L’argent liquide n’est plus utilisé que dans 5% des transactions, et le liquide représente désormais une part si infime des échanges que le pays pourrait facilement s’en passer”, expliquent les auteurs de l’étude, qui observent une utilisation sans cesse croissante des moyens de paiement alternatifs (les paiements par carte ont ainsi augmenté de 8,6% rien qu’au premier trimestre 2014).

De fait, les solutions permettant de payer sans espèces se multiplient. Ainsi, le mobile sera de plus en plus utilisé comme moyen de paiement en Norvège comme d’ailleurs en France. Depuis février dernier, les habitants de Strasbourg et Caen peuvent par exemple régler leurs achats quotidiens avec la solution Orange Cash, fondée sur la technologie sans contact NFC. 

Les géants Samsung et Ingenico ont signé le même mois un accord de partenariat visant à développer ce type de moyens de paiement. Ceci dit, tout n’est pas encore rose au royaume du e-paiement: après trois ans d’existence, la solution Buyster, portée par Atos, Orange, Bouygues Telecom et SFR, a fermé ses portes: “nous n’avions pu attirer que 300.000 utilisateurs, soit 1% seulement des possesseurs de mobiles, regrette un porte-parole. Quant à Square, la solution inventée par Jack Dorsey, le fondateur de Twitter, elle serait à la recherche de repreneurs après avoir perdu 100 millions de dollars en 2013.

Il n’en reste pas moins que le marché du paiement dématérialisé va connaître un boom sans précédent dans les prochaines années: ainsi, le seul marché du paiement sans contact via NFC devrait atteindre 100 milliards de dollars en 2016, selon ABI Research. Quant au bitcoin, il commence à séduire de grandes enseignes comme Monoprix, qui a annoncé qu’elle permettrait bientôt à ses clients de régler leurs achats avec cette devise virtuelle.

En Norvège, le sujet divise

Bien entendu, les promoteurs de toutes ces solutions ne se font pas prier pour mettre en avant les avantages d’une société sans cash. Finans Norge, l’association norvégienne à l’origine de l’étude sur la disparition du cash en Norvège, affirme ainsi que “les solutions de paiement sans liquide contribuent à diminuer les vols avec violence et le blanchiment d’argent”. D’autres ajoutent également que ce système permettrait de lutter efficacement contre la fraude fiscale. Mais les opposants à une société “non liquide” font également entendre leur voix. Ainsi la publication de l’étude de Norge Finans a-t-elle fait bondir Guri Melby, député du parti norvégien Venstre (centre droit): “nous pensons qu’il est naïf de croire que la crime disparaîtra en même temps que l’argent liquide, dit-il. Le crime se déplacera simplement vers de nouveaux territoires, comme par exemple les fraudes à la carte bancaire, aux paiements électroniques, et aussi le bitcoin”.

Si la disparition des espèces en Norvège n’est pour l’instant qu’une hypothèse, elle pourrait devenir une réalité légale en Israël: selon le site Taxation, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a créé le 17 septembre 2013 un comité chargé d’étudier les conditions dans lesquelles l’argent liquide pourrait être éliminé, afin de lutter contre la fraude fiscale. 

La disparition totale du cash est-elle possible en France ? D’un point de vue réglementaire, non. A la Banque de France, on explique ainsi que  =les commerçants sont tenus d’accepter les paiements en liquide, à condition que le client fasse l’appoint, et sans dépasser des limites au-delà desquelles le paiement par carte, virement ou chèque est obligatoire (pour éviter les fraudes, justement). Ainsi, on ne peut pas payer en liquide les salaires supérieurs à 1.500 euros, et les achats d’un montant supérieur à 3.000 euros. (Articles L112-6 et suivants et à l’article D112-3 du Code monétaire et financier).

Déception en revanche pour ceux qui adorent payer leurs impôts en pièces de 1 centime: impossible de régler ses impôts en pièces quand la somme atteint ou dépasse 300 euros (et quand le créancier n’est pas le Trésor Public, il est interdit de régler ses achats avec plus de 50 pièces, quelle que soit leur valeur). “Dans la mesure où les commerçants sont légalement obligés d’accepter le liquide, celui-ci ne peut pas disparaître”, indique-t-on à la Banque. 

Éclairage marché

La société d’études Xerfi a réalisé une étude (payante) sur les nouveaux moyens de paiement, ainsi qu’une vidéo (en accès gratuit) sur ce thème:

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Source : Challenges / Par Laurent Calixte, le 02.08.2014Relayé par Meta TV

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