La NSA géolocalise des centaines de millions de cellulaires

De nouvelles révélations montrent que la est capable de suivre à la trace des millions de personnes dans le monde en localisant leur téléphone portable, renforçant encore la crainte d'un Big Brother tout puissant et incontrôlable.

Six mois après les premières révélations de l'ancien consultant , aujourd'hui réfugié en , l'étendue du pouvoir de l'agence américaine chargée des interceptions de communications s'apparente à un tonneau des Danaïdes: seul 1% des documents secrets fournis par Snowden à la presse ont été publiés, selon un rédacteur en chef du quotidien britannique Guardian.

Cette fois, c'est le Washington Post qui a dévoilé mercredi que l'agence interceptait les données de géolocalisation de centaines de millions de téléphones portables dans le monde.

L'agence stocke des informations sur «au moins des centaines de millions d'appareils» et enregistre «près de 5 milliards» de données de localisation par jour, affirme le quotidien sur son site internet.

«Nous obtenons de vastes volumes» de données de géolocalisation partout dans le monde, a confirmé un haut responsable de cette collecte cité par le Post.

Sollicitée par l'AFP, la n'a pas souhaité faire de commentaires.

Jusque là, les révélations de Snowden ne mentionnaient, outre l' de nombreux responsables étrangers, que l'impressionnante collecte des métadonnées téléphoniques, comprenant notamment la durée des appels et les numéros appelés.

Mais le Post révèle mercredi que l'agence parvient aussi à pister les portables en se connectant aux câbles qui relient les différents réseaux mobiles dans le monde, y compris américains et, de ce fait, collecte «incidemment» des données de localisation de citoyens américains.

Des capacités ahurissantes

Au moins deux sociétés, dont le nom n'est pas cité, collaborent avec l'agence de renseignement à cette fin, selon le Post.

Les données de localisation des téléphones appartenant à des citoyens américains en déplacement à l'étranger sont également captées.

L'intérêt de cette collecte, permise par le dialogue constant entre un téléphone et l'antenne-relais la plus proche et de puissants algorithmes mathématiques, est de «retracer les mouvements et de mettre en lumière des relations cachées entre des personnes», explique le quotidien, selon qui le programme est baptisé CO-TRAVELER.

Ce nouvel empiétement dans la sphère privée a ulcéré les associations de défense des libertés individuelles.

«Les chemins que nous empruntons chaque jour peuvent révéler beaucoup sur nos relations politiques, professionnelles et intimes. Cette surveillance à grande échelle de centaines de millions de portables bafoue nos obligations internationales de respect de la vie privée des étrangers comme des Américains», s'est insurgée dans un communiqué Catherine Crump, une avocate de l'ACLU, la puissante association des libertés civiles.

Ces révélations sont «plus que troublantes», a de son côté estimé le Centre pour la démocratie et la (CDT), selon qui «la géolocalisation des portables a de profondes implications pour la vie privée et fait froid dans le dos quant à la liberté de réunion».

Le volume de données enregistrées et stockées par la NSA atteindrait 27 térabytes, soit deux fois le volume de l'ensemble du contenu de la Bibliothèque du Congrès, la plus importante du monde.

Ce volume d'informations serait tel qu'il «surpasse notre capacité à digérer, traiter et stocker» les données, affirme le Washington Post, citant un document interne de la NSA datant de 2012.

«Les capacités de la NSA pour géolocaliser sont ahurissantes (…) et indiquent que l'agence est capable de rendre la plupart des efforts pour avoir des communications sécurisées futiles», croit encore savoir le Washington Post. Le seul moyen de s'en prémunir est de ne pas avoir de téléphone. Ou de l'éteindre.

A la suite des révélations Snowden, des sénateurs des deux camps ont commencé à plancher sur une proposition de loi, le USA Freedom Act, visant à introduire davantage de garde-fous aux activités de la NSA. Mais celle-ci se concentre sur la captation des métadonnées téléphoniques et ne fait aucune mention de la géolocalisation des téléphones portables.

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Source(s): La Presse / Par MATHIEU RABECHAULT, le 04.12.2013 / Relayé par Meta TV )

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