La banque JP Morgan négocie un accord à plusieurs milliards de dollars

La banque américaine JP Morgan pourrait accepter de payer une somme record, jusqu’à 11 milliards de dollars, pour mettre un terme à toutes les procédures engagées contre elle. Récapitulatif des nombreux reproches faits à la banque.

Trois milliards de dollars, 11 milliards ou même plus ? La banque américaine JP Morgan et les autorités américaines sont en train d’essayer de trouver un terrain d’entente. Un accord financier pour effacer l’ardoise des poursuites civiles et pénales engagées contre le géant de Wall Street. Il lui est reproché, pêle-mêle, d’avoir menti aux autorités, voulu influencer des marchés et des pays ou encore d’avoir vendu des produits financiers toxiques.

Il faut dire que JP Morgan est dans le collimateur de tout le monde… ou presque. Sept agences fédérales (dont le ministère de la Justice) et plusieurs autorités américaines de régulation (dont le Security and Exchange Commission, la SEC – le gendarme de la Bourse américaine) demandent des comptes à la banque. La situation a atteint un tel point que la chaîne économique américaine Bloomberg assure que “lancer des procédures contre JP Morgan est devenu le nouveau passe-temps national aux États-Unis”.

Pour en finir avec ces poursuites, JP Morgan avait proposé lundi 23 septembre de payer 3 milliards de dollars. Mais le procureur général des États-Unis, Eric Holder, n’en a pas voulu. Il chercherait à récupérer au moins 11 milliards de dollars, d’après le “Wall Street Journal“. Quel que soit le montant final de l’accord, la banque entrera, malgré elle, dans l’histoire américaine : le précédent record était détenu par la banque HSBC qui avait accepté de verser 1,93 milliard de dollars pour mettre un terme, en décembre 2012, à des poursuites dans une affaire de blanchiment d’argent.

La situation est d’autant moins enviable pour JP Morgan que les 11 milliards de dollars évoqués par Eric Holder s’ajouteraient à ce que la banque a déjà été obligée de payer depuis le début de l’année. Elle a dû s’acquitter de 3,8 milliards de dollars en amendes et dommages et intérêts divers. Sans compter les frais de justice et d’avocats qui frôlent, depuis 2010, les 10 milliards de dollars, d’après le site d’informations Quartz. JP Morgan a donc tout intérêt à trouver un terrain d’entente.

La plupart des casseroles dont Jamie Dillon, PDG de la banque, doit encore se débarrasser tirent leur origine dans les excès de la finance qui avaient cours avant l’éclatement de la bulle des subprimes en 2008. Récapitulatif de ce qui est reproché à JP Morgan.

Subprimes toujours. C’est le plat de résistance des négociations en cours. La banque est accusée, comme d’autres institutions financières, d’avoir vendu des produits financiers en ayant menti sur la qualité de ces montages, adossés à des prêts hypothécaires qui se sont révélés toxiques.

Mais le cas de JP Morgan recèle une subtilité qui risque d’alourdir la note : la banque est également responsable des produits du même type vendus par la Washington Mutual et Bear Stearns, deux institutions qu’elle a absorbées après le début de la crise financière de 2008.

Une baleine très encombrante. JP Morgan n’en a pas encore fini avec sa “baleine de Londres”, le surnom donné au trader français Bruno Iksil, qui a fait perdre plus de 6 milliards de dollars à la banque à cause de paris financiers très risqués.

JP Morgan a certes payé (france24.com/fr/20130919-baleine-londres-920-millions-dollars-damendes-jpmorgan), début septembre, 920 millions de dollars pour des manquements aux procédures internes de contrôle, mais il reste encore une procédure pénale qui vise deux ex-dirigeants de la banque soupçonnés de fraude.

Dans la même affaire, une autre autorité américaine de régulation des marchés financiers, la Commodity Futures Trading Commission, a lancé une procédure contre JP Morgan, soupçonné d’avoir manipulé certains marchés pour couvrir les transactions boursières hasardeuses de la “baleine de Londres”.

Bons baisers de Chine. La SEC s’intéresse beaucoup aux pratiques de JP Morgan en Chine. Elle soupçonne la banque d’avoir engagé les enfants de divers responsables chinois qui, en échange, lui auraient facilité la vie pour faire ses affaires dans l’ex-Empire du milieu. Pour la SEC, ces échanges de bons procédés pourraient très bien s’analyser comme des pots-de-vin.

Un peu fort de Libor. JP Morgan est l’une des institutions financières soupçonnée d’avoir manipulé le Libor, un important taux interbancaire dont dépendent un grand nombre d’autres taux d’intérêt. Dans cette affaire, la banque est non seulement dans le viseur des autorités américaines mais aussi britanniques, de l’Union européenne et de la Suisse.

Ce scandale a déjà coûté très cher à certaines des plus grandes banques mondiales : UBS a accepté de payer plus d’un milliard de dollars et RBS doit verser de son côté 610 millions de dollars.

L’ombre de Madoff. Depuis mars 2013, une enquête fédérale cherche à établir si JP Morgan était au courant que les affaires du financier Bernard Madoff étaient frauduleuses, avant même que le scandale n’éclate en 2008.

Si tel est le cas, la banque aurait dû avertir les autorités. Le New York Times avait révélé fin mars que certains responsables de JP Morgan avaient évoqué un “schéma de Ponzi” au sujet de Bernard Madoff dans un mail antérieur aux révélations.

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Source(s): france24.com / Par Sébastian SEIBT le 27-09-2013

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