Le député Claude Goasguen, désormais convoqué en justice pour ses propos stigmatisant les musulmans lancés début février, est sorti de son silence, lundi 17 février, pour tenter de freiner la polémique. Mais c’est peine perdue. Explications.
Claude Goasguen ne réussit pas à convaincre, et ce à plusieurs titres. Que ses propos soient tenus en « privé » ou en public, ils restent tout aussi graves. Par ailleurs, il s’est tout de même exprimé lors d’une conférence qui a rassemblé environ 1 500 personnes, chiffre déclaré par le KKL sur sa page Facebook.Plus fort encore, le député ne fait que remettre le choix du mot en cause, pas le fond : quelle différence sémantique entre « intoxiqués » et « drogués » ? S’il la voit, ce n’est pas le cas de ceux qui ont été visés par ses mots, les musulmans – et non « la dérive islamiste » qui reste à définir et qu’il n’a pas mentionné lors de son intervention – ainsi que les mosquées de France dans leur ensemble. Enfin, il ne revient nullement dans sa dépêche sur le fondement de sa phrase au but alarmiste, à savoir que l’enseignement de la Shoah serait aujourd’hui menacé dans les lycées, et par « des jeunes musulmans ». Il devra s’en expliquer devant les juges. En attendant, l’embarras est tel que le KKL a décidé de supprimer, dans le weekend du 15 février, la vidéo preuve qu’elle a elle-même posté après le 2 février, reprise par la suite par le site Panamza. La vidéo de ce dernier a également été supprimée par YouTube mais quelques copies circulent encore sur la Toile.
Les propos de Claude Goasguen à l’encontre des musulmans n’ont pas suscité de réactions de la classe politique à ce jour, de droite comme de gauche. Seul David Alphand, élu UMP de Paris, a condamné des propos « indignes d’un responsable républicain ».Dans un communiqué parvenu à la rédaction, le rival politique de Claude Goasguen – il brigue le poste de maire du 16e arrondissement – appelle les ténors de l’UMP, à l’instar de Jean-François Copé et Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate pour Paris, à condamner « sans ambiguïté de si graves propos », et réclame le retrait de la candidature du maire sortant. « M. Goasguen était déjà connu pour la violence et l’outrance de ses propos, mais il vient là de franchir le point de non retour », dit le conseiller.Outre les politiques, les associations antiracistes demeurent elles aussi silencieuses. SOS Racisme ou encore le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié des peuples (MRAP)… pas un communiqué n’a été lancé à ce jour pour condamner le discours de Claude Goasguen. Le silence médiatique se nourrit également de leur silence criant.
__________________________________________________________
Source(s) : Hicham Hamza / dailymotion / Saphirnews / Par Hanan Ben Rhouma, le 18.02.2014 / Réseau International