Le décès de Cynthia Thibaudeau, de Gatineau, la semaine dernière, a laissé sa famille complètement abasourdie. La femme de 39 ans semblait en bonne santé avant d’attraper la grippe qui l’a emportée en quelques jours. La grippe est-elle plus dangereuse cette année, qu’il y a 15 ans ?
« Non. » C’est ce que répondent des responsables de la santé, des deux côtés de la rivière des Outaouais.
Mais la particularité cette année, c’est que les cas de grippe sont apparus beaucoup plus tôt que prévu, soit en décembre. De plus, la saison, qui dure habituellement environ un mois, s’étire cet hiver. Par ailleurs, les cas de grippe de type B sont arrivés en premier, alors qu’ils apparaissent habituellement en fin de saison.
« Dès la mi-décembre, on a commencé à voir des cas d’influenza B », relate la Dre Carole McConnery, médecin-conseil à la Direction de la santé publique de l’Outaouais (DSPO).
« Habituellement l’influenza B arrive en deuxième : on commence avec la A et on fini avec la B. Cette année, partout au Québec, on a commencé avec la B, on a eu de la A et là c’est moitié-moitié de la A et de la B », dit la Dre McConnery.
À Ottawa, même son de cloche, mais avec des chiffres précis.
Jusqu’à présent, on a 233 cas [de grippe de type B], alors qu’on en avait à ce temps-ci 6 l’an dernier.
La SPO précise qu’il y a eu 366 cas de grippes de type A, cette année, soit un peu moins que l’an dernier, alors qu’on en a recensé 374.
Quelle est la différence entre ces deux types ? Les explications varient. Certains disent qu’il y en a pas vraiment. D’autres soutiennent que la grippe de type B touche beaucoup plus les enfants et répond mieux aux vaccins développés chaque année contre l’influenza.
« La grippe B, selon les études, semble affecter plus les enfants et c’est la principale différence », affirme la Dre Cadieux. « Mais, aussi, on a plus de difficulté à obtenir une bonne correspondance entre le vaccin et le virus de type A, qu’avec le type B. »
Le docteur Marcel Guilbault, président de l’Association des médecins omnipraticiens de l’ouest du Québec (AMOOQ) , confirme que la grippe a frappé beaucoup de jeunes.
Au sans rendez-vous, on a vu cela de tous les âges, autant des enfants avec des symtômes grippaux, malades, des jeunes adultes qui ont dit qu’ils n’avaient jamais fait ça, une grippe comme cela.
Et que dire de l’efficacité du vaccin ?
Selon la Dre Cadieux, l’efficacité du vaccin cette année, pour le type A (H3N2) est seulement de 17 %, alors qu’elle serait de 55 % pour le type B.
Le virus de la grippe semble à première vu plus virulent cette année. Or, les experts réfutent cette perception.
« Je pense que cette année, c’est le nombre de cas qui est vraiment exceptionnel. Si on suit les courbes de la grippe, on dirait qu’il n’y a pas d’accalmie, on a vraiment 2 fois, trois fois plus de cas que les années passées », soutient Dr Guilbault.
La Dre McConnery de la DSPO ajoute que ce qui n’aide pas non plus, c’est la présence d’autres virus et bactéries.
« Quand il y a un décès, souvent c’est des complications, des fois c’est une surinfection, car des fois quand on est malade on peut être en contact avec une autre bactérie et il y a des décès à chaque année de l’influenza », explique-t-elle.
À Ottawa, cette année, sur les 599 cas de grippe confirmés, il y a eu 25 décès. À pareille date, l’an dernier, Santé publique Ottawa indique qu’il y avait 22 décès.
En Outaouais, le DSPO affirme qu’il y a 840 cas de grippe confirmés en date du 20 février et neuf décès liés à l’influenza. Et la saison est loin d’être terminée.
« On voit une hausse des tests positifs pour la grippe maintenant, alors qu’on pensait que la saison de la grippe était finie », soutient la Dre Cadieux.
Avec les informations de Josée Guérin
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Source : Radio Canada