Grève des éboueurs à Avignon : “Si ça doit durer un mois, ça durera un mois !”

En grève depuis jeudi dernier pour réclamer le rétablissement de primes, les éboueurs CFTC promettent de bloquer la collecte des ordures tant qu’ils n’obtiendront pas satisfaction

Si ça doit durer dix jours, ça durera dix jours, si ça doit durer un mois, ça durera un mois ! Et même s’il faut manger des cailloux, on mangera des cailloux !” Autour des braseros constamment alimentés en bûches, la détermination demeure sans faille. Hier, au cinquième jour de leur grève, les agents de la collecte des ordures ménagères syndiqués à la CFTC continuaient de laisser planer la menace d’un mouvement prêt à s’inscrire dans la durée.

C’est que, devant le portail du dépôt de Fontcouverte, la solidarité marche à plein. Les plus anciens, ceux qui touchent les fameuses primes au cœur des revendications, participent à la permanence du piquet de grève. “Ce sont eux les plus assidus“, relève, en forme d’hommage, Saïd Ben Amar, secrétaire général de la CFTC des agents territoriaux. “On fait les trois-huit“, glisse l’un des soixante-dix éboueurs engagés dans la protestation (40 sont directement concernés par la problématique des primes supprimées, Ndlr.) : trois équipes de plus d’une vingtaine de grévistes se relaient jour et nuit depuis jeudi dernier.

“Nous ne demandons pas d’augmentation, nous voulons juste récupérer notre dû”

Alors que les tas d’immondices s’accumulent dans tous les quartiers de la ville, les grévistes assurent être méprisés par Jean-Marc Roubaud, le président de la communauté d’agglomération du Grand Avignon. “Nous sommes au même point qu’au premier jour, se désolait hier Saïd Ben Amar. Il n’a pas daigné nous recevoir, il ne reconnaît pas nos droits. En refusant le dialogue, c’est lui qui prend les habitants d’Avignon en otage.” Et si le président de l’agglo n’a pas la réputation de céder facilement, les ripeurs promettent de s’obstiner : “Nous sommes conscients que ça commence à devenir dur, mais s’il est têtu, nous le sommes aussi. À force de s’entêter, il va se mettre dans une impasse.”

Car les grévistes, persuadés de bénéficier du soutien d’une majorité de la population, veulent convaincre que la mauvaise volonté n’est pas de leur côté. “Nous ne demandons pas d’augmentation, nous n’avons rien à négocier, insiste Saïd Ben Amar, nous voulons juste récupérer notre dû.” Surtout, poursuit le responsable syndical, “nous sommes ouverts à la négociation, nous sommes prêts à faire un pas vers lui (Jean-Marc Roubaud, Ndlr.).”

Ce matin, les amas d’ordures au coin des rues atteindront donc des proportions préoccupantes. Pour les ripeurs en grève, “ça prouve au moins aux gens qui disent que nous ne sommes que des branleurs (sic) qu’en réalité, nous sommes plutôt productifs…

Un dialogue de sourds avec le président de l’agglo

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Dans les rues de la ville, les amas d’immondices tendent à prendre des proportions… débordantes.

Un dialogue de sourds. Entre Jean-Marc Roubaud, président du Grand Avignon, qui a pris personnellement le dossier à bras-le-corps, et Laurent Labrouve, président de la CFTC des agents de la collecte, les échanges téléphoniques n’ont pas permis la moindre avancée, hier. “M. Roubaud nous a demandés comme préalable d’enlever le piquet de grève avant de discuter, nous avons refusé“, expliquait le syndicaliste. “Je les ai eus plusieurs fois depuis 5 heures ce matin (lire hier), je leur ai fait des propositions, j’attends leur retour“, se contentait de rétorquer l’élu, pas plus disert sur le contenu desdites propositions.

Il nous a traités d’enfants gâtés“, accuse Laurent Labrouve.” “Ce sont des gens qui ont les plus gros régimes indemnitaires de la collectivité. Moi, j’ai un ensemble à gérer, et des règlements à respecter. Je le leur ai expliqué, j’espère qu’ils comprendront“, assène Jean-Marc Roubaud, droit dans ses bottes.

Avec des positions aussi tranchées, difficile d’entrevoir une sortie de crise rapide. D’autant que la menace d’une privatisation future du service n’effraie pas les grévistes. “Qu’il le fasse, défie Laurent Labrouve. Au moins, ça ferait disparaître les disparités salariales qui existent entre les agents au Grand Avignon.”

Si le conflit s’enlise et que les ordures deviennent une menace pour la salubrité publique, l’agglo se tournera-t-elle vers un opérateur privé ? “Il faudra qu’on prenne des décisions, c’est clair, concède Jean-Marc Roubaud. Il est encore trop tôt pour affirmer quoi que ce soit, mais c’est une hypothèse qui est sur la table.”

Et quid d’un éventuel recours à la contrainte judiciaire ? “J’espère qu’ils retrouveront vite la notion de service public plutôt que celle de leurs intérêts personnels“, coupe le président du Grand Avignon. Sollicitée par les grévistes pour qu’elle entende leurs revendications, Cécile Helle, maire d’Avignon, n’a pas encore donné suite.

Par Laurent Rugiero

 

Source : La Provence

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